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Comme en Ukraine

Cette guerre-là ne fait pas beaucoup de bruit. Pas de son, presque pas d’images de ce qui se passe en Éthiopie. Elle n’en demeure pas moins effroyable. Voici huit mois que nous sommes bombardés presque en temps réel de récits et de vidéos témoignant de la situation en Ukraine. Nous tous, jusqu’au 24 février, ne connaissions que sa capitale Kiev. Et Tchernobyl, forcément, pour les quadragénaires. Aujourd’hui, nous sommes tous capables de situer Marioupol, Boutcha ou Severodonetsk sur une carte, sans jamais y avoir mis les pieds. Alors même que, natifs de la Grande Région, nous découvrons encore des communes au Luxembourg, en Wallonie ou en Lorraine.

Essayez donc, dès lors, de placer le Tigré sur la mappemonde. Paumé quelque part au nord-est de l’Afrique. Cela fait pourtant deux ans qu’un conflit armé sanglant déchire cette région d’Éthiopie. Des pourparlers de paix ont été entamés cette semaine en Afrique du Sud, pays médiateur. Des pourparlers pour dire quoi, finalement? Que la situation est devenue «incontrôlable», que «la violence et la destruction atteignent des niveaux alarmants», selon les Nations unies. Rebelles et forces progouvernementales se livrent une bataille sans merci. Après cinq mois d’une trêve fragile, les combats ont repris fin août et les deux camps s’en imputent la responsabilité. Comme en Ukraine. Depuis, l’armée régulière reprend du terrain à coup d’artillerie lourde et de frappes de drone. Comme en Ukraine.

Des crimes contre l’humanité et foule d’exactions ont en outre été commis en toute «impunité», dénonce Amnesty International, qui n’exclut pas un «génocide». Comme en Ukraine. Cette guerre du Tigré a déjà décimé «jusqu’à un demi-million» de personnes, toujours d’après l’ONU. Bien plus qu’en Ukraine, même depuis 2014. Plus de deux millions d’habitants, dans cette enclave qui en recense six millions, ont également été déplacés et des centaines de milliers se retrouvent dans des conditions de famine, avec une aide humanitaire bloquée et des besoins vitaux (approvisionnements d’eau et d’électricité, réseaux de communication…) désormais rompus. Toute l’horreur éthiopienne ne suscite toutefois pas l’émotion ni la réaction de l’Occident…

Alexandra Parachini

Un commentaire

  1. A chacun sa merde. Commençons à balayer devant notre porte.

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