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[C’était mieux avant] Justin Gloden : «Je rêvais de courir à Rio de Janeiro…»


Justin Gloden : "J’ai eu trois entraîneurs qui ont compté. Je les tiens tous les trois en haute estime.". Photo : Julien Garroy

S’il n’était pas blessé, il se serait fait un devoir de courir samedi la Sylvesterlaf. Au lieu de quoi, l’ancien champion ira encourager sa fille Jenny et son fils Jeff.

Votre plus grand exploit ?

C’est ma longévité dans le sport, je suis longtemps resté le meilleur Luxembourgeois en fond et demi-fond et c’était mon plus grand exploit. J’ai participé à trois championnats d’Europe, trois championnats du monde, deux Jeux olympiques.

Bon, je suis content de mon temps de 2 h 14’03«  sur le marathon. C’était ma première sortie sur cette distance et j’ai amélioré le record national de quatre minutes. Mais je ne l’ai plus jamais amélioré et c’est une autre histoire.

Votre plus grand regret ?

Deux fois, en 1980 (Moscou) et en 1984, je n’ai pas été sélectionné pour les Jeux olympiques. Le comité olympique m’a laissé de côté. En 1980, j’ai raté d’un rien et une semaine après les Jeux, j’ai fait mieux, mais c’était une semaine après les JO. Quatre ans après, c’était encore pire.

On demandait sur 5 000 m de faire 13’38« . J’avais réalisé un an avant 13’38« 51. Pour même pas une seconde, on ne me retient pas. Je me souviens avoir téléphoné à Gérard Rasquin, alors président du COSL, pour me plaindre.

Cela me fait toujours mal d’évoquer ce souvenir. Je pense toujours qu’on aurait pu me repêcher. J’aurais dû être sélectionné pour deux autres Jeux olympiques…

Le jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière à haut niveau ?

En même temps que la dernière histoire avec le comité olympique. Bon, j’avais 40 ans. La dernière fois que j’avais été champion national de cross, Jenny allait naître. J’ai arrêté ma carrière en 1993, mais en 1992, il y avait les JO de Barcelone que j’avais en tête de faire. Mais la norme sur marathon en 1988 (Séoul, ses seuls Jeux olympiques) était de 2 h 16’00« .

Pour 1992, le COSL l’a passé à 2 h 14’00« . Trois secondes de mieux que mon record datant de 1985. J’ai téléphoné au COSL pour leur demander de me sortir de leur cadre. J’avais le sentiment d’avoir reçu une gifle dans le visage ! À l’époque, on courait encore sans chaussures en carbone (il rit). Je me suis toujours efforcé de rester positif, mais ce ne fut pas toujours simple.

Sur simple blessure, on me rayait des cadres, mais je l’ai toujours réintégré avec mes résultats. On m’a joué ce sale tour, cinq, six fois… En 1980, lorsque j’ai été élu meilleur sportif luxembourgeois par les journalistes, je n’étais pas dans le cadre! J’ai été réintégré. Je n’ai d’ailleurs jamais perdu un seul sou. Mais je n’aimais pas ce jeu.

J’ai prévu d’aller voir au printemps prochain Rosa Mota à Porto (…) C’était une merveilleuse dame du grand fond

Le plus grand fou rire ?

Cela fait une vingtaine de ça. Je courais dans le bois, chez moi à Mersch et je croise une famille en promenade avec des enfants en bas âge. Un des enfants se met à courir.

Les parents ont alors crié : « arrête, avec toi, on aura un deuxième Justin Gloden!«  Ils ne m’avaient pas reconnu… Et ils ne voulaient pas me croire lorsque je me suis présenté! Quelle rigolade…

Votre plus grosse fête ?

Lorsque je suis parti à la retraite avec 80 invités. Cela avait duré toute la nuit. La seule grande fête de ma vie.

L’entraîneur qui vous a le plus marqué ?

J’ai eu trois entraîneurs qui ont compté. Je les tiens tous les trois en haute estime. Le premier, Antoine Prott. C’est lui m’a convaincu d’arrêter le foot pour l’athlétisme. Il m’a tout donné, je n’y connaissais rien. Après, j’ai eu André Schepens, un Belge aujourd’hui décédé.

Le dernier, un Allemand, Wilfried Raatz. Tous les trois m’ont donné beaucoup de choses. J’ai appris beaucoup et j’ai pu redonner ça à des athlètes que j’entraîne. J’en ai encore deux, dont l’ancien cycliste Mike Diener.

L’athlète perdue de vue que vous aimeriez revoir ?

La Portugaise Rosa Mota, ancienne championne d’Europe, du monde et lauréate des JO en marathon (Séoul en 1988). J’avais une maison au Portugal et j’y allais souvent en stage. D’ailleurs, j’ai prévu d’aller la voir au printemps prochain à Porto. J’ai ses coordonnées pour la contacter. C’était une merveilleuse dame du grand fond.

En foot, Jacques Mousel m’avait balancé avec son bras sous les balustrades. Il avait été exclu et eu six matches de suspension. C’était une grosse attaque !

Le coureur le plus gentil ?

Francis Hoeser, un coureur luxembourgeois qui a toujours le record national du 3 000 m steeple. Il était plus jeune que moi et sensible. J’aimais lui donner des conseils.

Le plus méchant ?

Personne en athlétisme ne m’a fauché par derrière. Mais en foot, si, j’ai eu ça. Je me souviens que Jacques Mousel m’avait balancé avec son bras sous les balustrades. Il avait été exclu et eu six matches de suspension. C’était une grosse attaque !

Le plus fou ?

Je dirais Vincent Rousseau, le coureur belge qui a eu tous les records de Belgique, du 5 000 m au marathon. Il s’entraînait comme un fou avec trois séances par jour et il parlait aussi très vite.

C’était un type tout tendre et très performant. Un très grand champion, plus jeune que moi, mais avec qui j’allais en stage en Italie avec mon entraîneur belge.

La compétition que vous aimiez faire ?

J’ai participé trois fois au meeting de Zurich, considéré à l’époque comme le plus grand meeting du monde.

La compétition que vous n’aimiez pas faire ?

Au Luxembourg, une semaine après les championnats nationaux de cross, il y avait le cross de l’Amitié avec la Rhénanie, le Palatinat, la Lorraine, l’Alsace. J’étais treize fois champion national et souvent au départ du cross de l’Amitié.

Mais je n’aimais pas le faire, une fois la saison de cross terminée, je n’avais qu’une hâte, me concentrer sur la saison estivale. J’ai écopé une fois d’une suspension de la fédération nationale (FLA) car après mon titre, j’étais parti en stage pour préparer un marathon.

La compétition que vous auriez aimé faire ?

J’ai toujours rêvé de courir à la corrida de la Saint-Sylvestre à Rio de Janeiro…  Cela ne s’est jamais fait!

Votre pire blessure ?

Une hernie située dans le ventre en 1984, à l’approche des JO de Barcelone. Je me préparais sur 10 000 m pour les minima.

Vos meilleures chaussures ?

J’ai été sponsorisé par Nike pendant 14 ans. Je dirais les Nike Air Pegasus.

Vos pires chaussures ?

Celles que j’avais quand j’étais gosse au lycée. Tout le monde avait alors des Adidas, pas moi.

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