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[Handball] Tommy Wirtz et Daniel Scheid : la fin d’une ère


Tommy Wirtz a connu sa première sélection avec les Roud Léiwen en 2011. 

QUALIFICATIONS EURO-2024 Le capitaine et l’ailier droit des Roud Léiwen ont décidé de mettre un terme à leur carrière internationale à l’issue de ces éliminatoires.

C’est une page qui se tourne pour les Roud Léiwen! Présents en équipe nationale depuis plus de dix ans, le capitaine et ailier gauche Tommy Wirtz et l’ailier droit Daniel Scheid ne porteront plus le maillot du Luxembourg. Les deux joueurs expliquent leur choix et reviennent sur les moments forts qu’ils ont vécus durant ces nombreuses années.

Quelle analyse faites-vous du match perdu dimanche au Portugal?

Tommy Wirtz : Il faut dire que c’était un match hyper difficile. On savait que c’était le Portugal devant nous, une équipe classée 6e au rang mondial. C’était du lourd! On n’avait que des professionnels devant nous et même si c’est la deuxième équipe qui a joué, ce sont des jeunes qui veulent se montrer et qui jouent avec de l’envie du début à la fin. Je peux dire un peu en rigolant que j’aurais préféré jouer contre l’équipe première parce qu’ils auraient joué un peu plus tranquillement en deuxième mi-temps. Les jeunes, ils sont tout le temps à 100 %, ils ont une super explosivité et pour nous, c’était difficile de tenir le rythme parce que dès le début, on a eu quelques complications en attaque. Contre une pareille équipe, dès qu’on fait des petites bêtises, on est tout de suite punis et ensuite, on court après le résultat devant une salle remplie qui est derrière eux. On a bien vu qu’il y avait cette différence de niveau.

Daniel Scheid : Premièrement, c’était un plaisir, et je crois que je parle pour tout le monde, de jouer au Portugal devant 2 000 spectateurs avec une bonne ambiance. Par contre, on savait bien que le Portugal, c’est un autre niveau par rapport à nous. On savait bien qu’on avait fait un résultat pas si mal à la maison en perdant de 10 buts (NDLR : 11) contre l’équipe complète. C’était un peu le contraire là-bas parce que ce sont des jeunes qui ont joué. Je ne veux pas dire l’équipe B parce qu’il y avait un ou deux joueurs présents au Luxembourg. On savait que ça allait être un match très difficile et on n’a pas fait ce qu’il fallait. On n’a pas eu le même comportement ni le même jeu que ce qu’on avait montré mercredi à la Coque contre la Macédoine du Nord. Le langage corporel n’était pas présent non plus et c’est, à mon avis, pour cela qu’on a perdu de 18 buts. Mais il ne faut pas oublier qu’on a joué contre des professionnels et nous, nous sommes des amateurs.

À titre personnel, ce match était le dernier pour vous deux sous les couleurs du Luxembourg. Comment l’avez-vous vécu?

T. W. : Ce qui était un peu bizarre, c’est le moment où tu prends le bus, où tu vas dans la salle et que tu fais l’échauffement. Tu penses au fait que c’est la dernière fois que tu le fais, la dernière fois que tu porteras le maillot du Luxembourg. C’est quand même un peu spécial. Par contre, quand le match commence, là tu es dedans, tu es concentré, tu ne penses pas à ça. À la fin du match, même si j’aurais souhaité avoir un résultat un peu plus positif, il y a du soulagement parce que tu te dis que ça fait plus de 10 ans que tu portes ce maillot, que tu as tout donné. T’es content, mais d’un autre côté, tu te dis que c’est dommage parce que tu ne feras plus partie de l’équipe.

D. S. : C’était quand même un sentiment bizarre, il faut bien le dire. Tu sais que c’est ta dernière rencontre sous le maillot que tu as porté pendant plus de 12 ans. Je suis très fier de l’avoir porté aussi longtemps! Tout le monde n’a pas l’occasion de le faire. Ce jour-là, il y avait plusieurs sentiments. La joie d’avoir joué pendant plus de 12 ans et de terminer par un match au Portugal devant autant de spectateurs, et d’un autre côté un sentiment bizarre : c’était la dernière analyse vidéo avec les copains, la dernière fois que tu prenais le bus avec eux, le dernier échauffement avec le maillot de l’équipe nationale et aussi la dernière fois que tu chantais l’hymne. Ensuite, pendant le match, je me suis concentré à 100 %, mais après, le sentiment était à nouveau bizarre.

Je ne peux plus aider comme je le voudrais. J’arrive à mes limites donc je préfère céder ma place

Pourquoi avoir décidé d’arrêter?

T. W. : Déjà, je suis revenu d’Allemagne principalement pour diminuer le handball tout doucement. À un certain âge, il y a différents projets personnels sur lesquels tu mets davantage la priorité : le travail, la famille ou la maison que je suis en train de rénover. Ça devient plus une priorité que ton sport. Il faut aussi dire que l’équipe nationale, c’est super comme expérience, mais tu fais aussi beaucoup de sacrifices. Tu pars longtemps et à l’étranger et en plus, au niveau physique, c’est super difficile : tu dois toujours être au top! Avec l’âge, le corps commence à montrer ses limites. Tout ce que j’ai fait en Allemagne, etc. ça a eu des conséquences au niveau de mes genoux, le corps ne tient pas comme tu veux. Je suis aussi d’avis que des joueurs qui suivent, comme Felix (Werdel), Pierre (Veidig) et Charel (Brittner), qui sont à mon poste, des joueurs plus jeunes, plus frais, doivent prendre ma place pour pouvoir se montrer. Je ne peux plus aider comme je le voudrais. J’arrive à mes limites donc je préfère céder ma place.

D. S. : Je me sens fatigué mentalement et physiquement de jouer ces matches-là où, pendant cette période, les autres joueurs ont normalement une pause avec leur club. Maintenant, je vais en profiter pour me régénérer un peu, me reposer, et aussi pour faire des choses avec ma famille, ma copine et mes copains que je ne pouvais pas faire avant.

Comment jugez-vous l’évolution de l’équipe nationale depuis vos débuts?

T. W. : Il y a vraiment eu des hauts et des bas! Mais on voit bien que l’importance de l’équipe nationale a beaucoup changé. Sur les 5-6 dernières années, on a vraiment eu une équipe avec beaucoup de potentiel, où on a vraiment cru pouvoir faire des choses. Il y a une évolution positive. Maintenant, c’est vrai que si on regarde par exemple d’autres pays comme le Portugal, il y a 12-10 ans, on était au même niveau et maintenant, on voit où ils en sont. En fait, on va dans la bonne direction, mais doucement. Quand je vois l’équipe avec laquelle on a joué dimanche, c’est une équipe avec beaucoup de potentiel, ça peut devenir quelque chose de super bien, mais il faut énormément travailler!

D. S. : Ce sont des hauts et des bas! J’ai vécu beaucoup de bonnes choses, mais aussi des choses un peu moins bonnes comme les fois où on a vraiment bien joué, où on avait un bon groupe, mais à la fin, on perdait parfois avec un but de différence. Je peux prendre l’exemple des Îles Féroé en 2022, on y est allé avec une « petite » équipe puisque certains joueurs étaient positifs au covid et que d’autres ne pouvaient pas venir. Je crois que personne ne croyait en nous et on a prouvé le contraire! On a gagné le premier match contre les Îles Féroé, lors du deuxième match, on a fait nul contre la Lettonie de Dainis Krištopāns qui a joué à Paris et au dernier match, on a perdu d’un but : on a terminé troisième. Ce sont les points négatifs. Pour les points positifs, c’est effectivement l’évolution de l’équipe. On voit bien qu’il y a des joueurs qui sont allés à l’étranger pour connaître une autre école du handball, comme en Allemagne ou en France. Et si, dans le futur, encore plus de jeunes le font, ces expériences leur serviront pour être capables de jouer des matches de haut niveau avec l’équipe nationale.

J’ai eu la chance de jouer contre des joueurs que je regardais à la télé d’habitude

Quels souvenirs gardez-vous de ces longues années passées en sélection nationale?

T. W. : Je l’ai aussi dit à mes coéquipiers : quand tu arrives à la fin de ta carrière internationale, peu importe contre qui tu as joué, ce sont des expériences que tu collectionnes. C’est quelque chose de super! Tu retiendras ces matches-là et tu les raconteras à tes petits-enfants en leur disant que tu as joué contre le Portugal devant 2 000 personnes, face à de grands joueurs qui évoluent dans de bons clubs. Mais si je dois choisir un ou deux souvenirs précis, je dirais que la qualification en Estonie (NDLR : en 2015), c’était vraiment génial! Le match contre la Slovaquie (NDLR : en 2018), quand on gagne à la dernière seconde à la maison, c’était super aussi! Et puis lorsqu’on a dominé le tournoi avec l’Angleterre, l’Irlande et la Bulgarie (NDLR : en 2019), où on a gagné tous les matches assez facilement de plus de 10 buts.

D. S. : De très bons souvenirs! Premièrement d’avoir trouvé des copains, deuxièmement d’avoir eu la chance d’être là pendant plus de douze années, de jouer contre des joueurs que je regardais à la télé d’habitude. Je prends l’exemple d’Andy Schmid qui a joué à Rhein-Neckar Löwen ou de Timur Dibirov qui joue en Russie et qui a gagné la Ligue des Champions avec Vardar. Les deux matches contre la Macédoine du Nord et le Portugal, en face, ce sont aussi des joueurs avec beaucoup d’expérience et que je regarde aussi à la télé. C’est une chance d’avoir eu cette opportunité. Il y a la victoire à la maison contre la Slovaquie où on a gagné d’un but. Comme je l’ai déjà dit, les Îles Féroé aussi, même si on ne s’est pas qualifiés, mais on a montré qu’on pouvait jouer au handball. Et puis, la qualification en Estonie ou encore les histoires créées lors des déplacements. Ce sont des expériences que je n’oublierai jamais!

Quelle est la suite pour vous?

T. W. : Je vais continuer avec Dudelange, ça c’est sûr ! Après, c’est vrai que j’ai aussi d’autres projets personnels pour le travail. Pour la fin de saison (NDLR : avec le HBD), rien ne changera pour nous au classement, la motivation c’est de faire de notre mieux et de gagner le plus de matches possible (NDLR : il en reste 3 en Axa League). La victoire contre Esch, ça a vraiment été un soulagement! On va encore jouer contre des équipes qui luttent pour le titre, c’est pas mal de devoir jouer contre ceux qui veulent devenir champion et d’avoir la possibilité de les faire chier, je dirais (il rit). On va donner le maximum pour finir cette saison merdique avec des résultats positifs.

D. S. : C’était le moment d’arrêter avec l’équipe nationale, mais en club, je continue (NDLR : avec les Red Boys). Dès décembre, on savait que c’était clair qu’on avait peu de chances de gagner le championnat donc on s’est focalisés sur la Coupe. Et on a réussi à la remporter! On a atteint l’objectif en se qualifiant pour la Coupe d’Europe. On a gagné 2 titres sur 3 puisqu’on a gagné la Supercoupe au début de la saison. Maintenant, on est 4e, on n’a rien à perdre : on peut encore contrarier les trois premières équipes. Surtout, il faut éviter les blessures, ça c’est très important, et se préparer un peu pour la saison prochaine.

Daniel Scheid a porté pour la première fois le maillot des Roud Léiwen en 2010. Photo : fern konnen

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