Auteur d’une adaptation éclair au RFCU et d’une belle montée en puissance ces dernières semaines, le défenseur central formé à Marseille suscite déjà l’intérêt de clubs étrangers.
Était-ce l’imminence de cet OM – PSG, disputé dans la soirée, qui a soudain fait monter ce Marseillais pur jus dans les tours, dimanche? À vrai dire, quand, à la 78e minute de ce F91 – RFCU remporté sur le fil par les visiteurs (0-1), on a vu Joakim Kada taper un sprint de 30 mètres pour incendier le Dudelangeois Vincent Decker, qui venait de descendre Edvin Muratovic au croisement de la médiane et de la ligne de touche, on s’est demandé quelle mouche avait bien pu piquer le Racingman.
Très sobre jusque-là, chose dont on aurait parfois tendance à oublier qu’il s’agit d’une qualité chez un défenseur, le Français l’assure : il est «quelqu’un de calme. Mais si je vois qu’un adversaire veut faire mal à l’un de mes partenaires, je change de visage».
Rien à voir, donc, avec ce Classique maîtrisé par Paris (0-3) et sur lequel le joueur formé à Marseille (2016-2022) ne concèdera «aucun commentaire», pas plus que sur l’élimination olympienne en quarts de finale de la Coupe mercredi contre Annecy (2-2, 6-7 tab), modeste 10e de Ligue 2 à 6 points du Bastia de Florian Bohnert, Kevin Van den Kerkhof et Régis Brouard (8e).
12 matches, déjà des airs de taulier
Vous l’aurez compris, Joakim Kada a la cité phocéenne, son club et le Vélodrome dans le sang, et cela rend d’autant plus remarquable son adaptation express à Thionville (Moselle), une commune 20 fois moins peuplée, et au championnat grand-ducal, où il ne compte que 12 matches mais passerait presque pour un routier.
«Il est déjà dans le moule, il est déjà dedans, applaudit Ilies Haddadji. C’est pourtant très rare que les joueurs étrangers soient performants dès leurs premiers matches ici. Même un Mana Dembélé (aujourd’hui sans club), malgré sa grosse expérience en pro, il lui a fallu 6 mois. Yann Mabella (désormais à Virton) ou Davy N’Goma aussi.»
Ce qu’il voit depuis six mois conforte le directeur sportif du Racing dans ce qu’il savait, au fond, déjà, après l’avoir suivi, sur les conseils d’un «manager algérien et ami», lors du Festival international espoirs de Toulon en juin : avec tout le respect qui est dû à la BGL Ligue, Kada n’a fondamentalement rien à faire au Luxembourg.
Le défenseur central avait pourtant débarqué à Toulon à court de forme, convaincu par le sélectionneur des U23 de l’Algérie, Noureddine Ould Ali, de venir s’y changer les idées après quelques mois loin des terrains, la faute à un pied cassé puis à un problème familial. «C’est ce tournoi qui lui a redonné l’envie», rapporte Haddadji pour qui le «pari», même après «quatre-cinq mois sans foot», restait «calculé. Un joueur qui suit une formation comme ça et signe pro à l’OM…»
«J’avais aussi pris des renseignements auprès de Nasser Larguet (l’ancien directeur du centre de formation puis entraîneur intérimaire de l’OM, aujourd’hui directeur technique national de l’Arabie saoudite) et de son coach en équipe d’Algérie, poursuit le dirigeant. Tous deux étaient unanimes pour dire qu’il avait un immense potentiel, mais qu’il avait besoin d’un cadre sécurisant pour l’exprimer pleinement.»
Ce cadre, c’est donc le RFCU, où Kada est venu «retrouver du plaisir, se relancer», se «(sent) aujourd’hui très bien» et donne sa pleine mesure depuis la reprise, à présent qu’il a effectué une prépa complète et éliminé ses derniers kilos en trop. Et la BGL Ligue, un championnat «beaucoup plus physique et rude que le National 2», mais aussi beaucoup plus exposé.
Pisté en France et en D1 belge
Aussi, ses prestations récentes ne sont pas passées inaperçues. Trois clubs français, deux de Ligue 2 et un de National 1, mais aussi un club de l’élite belge, sont déjà venus aux renseignements auprès d’Ilies Haddadji, «persuadé, vu son âge, ses qualités, ses caractéristiques physiques, son poste de central gaucher et son profil de relanceur», que son joueur peut «jouer en Ligue 2 sans problème, car il est capable d’éléver son niveau de jeu».
«Ce n’est pas un garçon qui va faire des choses « wow », mais c’est un joueur sûr, étaye le dirigeant. Quand il a le ballon, il fait rarement des erreurs. Il est toujours plutôt bien placé et connaît ses qualités et ses points de développement. Si le niveau s’élève, il saura élever le sien.»
Autre argument de vente brandi par le «DS» du Racing, où l’on concède que la logique (et l’ambition) est à un départ en juin : la faculté d’adaptation de Kada. «Il a fallu partir de ce cocon marseillais, de sa région d’origine, arriver dans un endroit où la météo, le championnat et les infrastructures n’ont rien à voir et, pourtant, en termes d’adaptation, le joueur est là malgré les problématiques qu’il a connues, souligne-t-il. C’est pour ça que je pense que dans un cadre pro ++, il répondra présent.»
Sous contrat jusqu’en juin 2024, avec une option pour une année supplémentaire, le Marseillais, qui s’astreint à des séances spécifiques (musculation, travail physique ou de vivacité) supplémentaires lors des jours off, ne se prend pas la tête, lui. «Ambitieux» mais «pas stressé», le gaucher, qui vient de fêter ses 22 ans, veut «juste rester sur ce (qu’il sait) faire». Et fait de mieux en mieux, d’ailleurs.