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[Football] Quinze matches truqués au Brésil, 25 personnes inculpées pour l’instant


Quinze footballeurs, dont un évoluant en première division, et 10 parieurs sont impliqués dans la corruption. (photo AFP)

Le football brésilien est secoué par la mise au jour d’un système de matches truqués dans les championnats de première et deuxième divisions. Comment le scandale, qui concerne pour l’instant 15 rencontres et 25 personnes, a éclaté ? Quel type de tricherie et quelles mesures ont été mises en place ?

Quelle est la genèse de cette affaire ?

C’est le président d’un club de deuxième division, Vila Nova de Goias, qui en novembre a alerté la justice sur des soupçons de matches truqués. Hugo Jorge Bravo a appris qu’un de ses joueurs n’aurait pas respecté un pacte passé avec des parieurs : provoquer un penalty lors de la dernière journée du Brasileirao B en échange de 30 000 dollars. Le milieu de terrain de 20 ans avait reçu une avance d’environ 2 000 dollars, mais n’avait pas été sélectionné par son entraîneur pour ledit match. Il a été licencié et inculpé par la justice. « Tout est sorti parce que le coup n’a pas fonctionné », a déclaré le président Bravo.

Combien de matches, de joueurs, sont suspectés ?

Saisie, la justice a lancé l’opération baptisée « Maximum penalty ». Elle soupçonne qu’au moins 15 matches ont été truqués, dont huit en première division lors du championnat l’an passé. Pour l’heure, au moins 25 personnes ont été inculpées : 15 footballeurs, dont un évoluant en première division, le défenseur de Santos, Eduardo Bauermann, et 10 parieurs impliqués dans la corruption. Ce n’est peut-être que la « partie émergée de l’iceberg », a déclaré en avril le procureur en charge de l’enquête.

Six joueurs professionnels ont été mis à l’écart de leurs équipes, la plupart cette semaine, lorsque leurs noms sont apparus dans des écoutes révélées par la presse. Deux autres, le latéral brésilien Pedrinho et le milieu de terrain équatorien Bryan Garcia, ont été licenciés vendredi par l’Athletico Paranaense (1re division). Aux États-Unis, le Brésilien Max Alves a été suspendu par son club des Colorado Rapids. Les joueurs, dont certains ont reconnu leur culpabilité préalable, risquent jusqu’à six ans de prison. Aucun soupçon ne pèse pour l’heure sur le corps arbitral.

Comment s’y prenaient les tricheurs ? Pour quelles sommes ?

Les joueurs se sont vus proposer entre 10 000 et 100 000 dollars pour être avertis ou expulsés, concéder des corners ou provoquer des penalties. « Il me disait que j’allais gagner beaucoup d’argent rapidement. (…) Je l’ai fait sans savoir que c’était un crime », a déclaré le défenseur argentin du Red Bull Bragantino (1re div.), Kevin Lomonaco, qui a conclu un accord avec la justice. Les joueurs visaient 400 000 dollars de gain par week-end, selon d’autres écoutes, en pariant eux-mêmes à l’aide de tierce-personnes.

Quelles mesures ont été prises ?

Le ministre de la Justice, Flavio Dino, a confié l’enquête à la police fédérale et le Parlement a mis en place deux commissions d’enquête, dont l’une est présidée par le sénateur et ancien attaquant champion du monde 1994, Romario. La tromperie pourrait avoir des ramifications hors du Brésil, où les paris sportifs ne sont autorisés que depuis 2018.

En dépit de l’implication de joueurs brésiliens, la Confédération brésilienne de football (CBF) a indiqué mercredi ne pas avoir l’intention de suspendre le championnat et a assuré travailler avec « la FIFA et d’autres sphères internationales pour établir un modèle standard d’enquête ». « Je suis favorable à la suspension préventive (des joueurs) sur la base de soupçons concrets et même à leur expulsion définitive dans les cas avérés. Ceux qui commettent des crimes ne devraient pas faire partie du football », a déclaré le président de la CBF, Ednaldo Rodrigues.

Existe-t-il des précédents ?

Les cas de tromperies ne sont pas nouveaux dans le football brésilien, la CBF estimant qu’il s’agit d’une « épidémie mondiale ». En 2005, onze matches ont dû être rejoués après la découverte du scandale de la « Mafia du sifflet », où deux arbitres de mèche avec des parieurs influaient sur les résultats. À la suite de cette affaire, la surveillance du monde des paris avait été accrue et les sanctions durcies.

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