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Le ski en bois pour de la glisse «100 % belge»!


Pierre Gerondal et ses deux assistants se qualifient d’«artisans de haute technologie». (Photo : afp)

Dans un pays sans montagne et quasiment sans neige, Pierre Gerondal est une véritable anomalie : il est en effet le seul en Belgique à concevoir et fabriquer des skis. En bois, haut de gamme et durables.

Son atelier de Malmedy, dans l’Est du plat pays, respire ces fragrances propres aux essences ardennaises : douglas, frênes, peupliers… «La plupart des skis ont un noyau en bois, mais les grandes marques les enveloppent de plastique. Chez nous, tout ce qui peut rester en bois reste en bois», explique avec fierté Pierre Gerondal, l’un des rares en Europe à travailler selon cette approche.

«Le but, c’est de trouver dans les huit essences qu’on utilise, la plus grande proximité géographique pour qu’on puisse aller voir le bois quand il est encore sur pied. On choisit les arbres pour avoir la qualité de bois la plus parfaite pour la réalisation de nos skis», explique le quadragénaire qui se fournit dans les Ardennes belges, en Lorraine et encore en Allemagne, dans la région de l’Eifel.

«Il faut le cœur de l’arbre»

«Pour les skis, il faut le cœur de l’arbre, sans quoi les lattes n’offrent pas suffisamment de résistance», explique-t-il. L’aventure des skis Gerondal a débuté il y a quatre ans à peine. Pierre Gerondal, d’abord actif dans la publicité avant de se reconvertir dans la conception de yacht, a utilisé son expertise dans cette ébénisterie de luxe pour dériver vers sa passion : la glisse. Sur l’eau et, surtout, sur la neige.

Bricoleur à la fibre écologiste, ce skieur, passionné depuis ses premières classes de neige, a commencé par réaliser ses propres skis, épatant ses amis au point donc de lancer sa petite entreprise. Freiné par deux hivers «covidés» marqués par la fermeture des stations, le développement de la société implantée à quelques hectomètres du circuit automobile de Spa-Francorchamps va crescendo.

Un ski, c’est comme un costume, il doit être ajusté!

D’une centaine de paires de skis produites ces douze derniers mois, la production devrait passer à 300 paires à l’année. Sachant que chaque paire demande une trentaine d’heure de travail. Pierre Gerondal et ses deux assistants se qualifient d’«artisans de haute technologie». «On est des artistes parce que si l’aspect n’était pas esthétique, s’il n’y avait pas un visuel qui attire les gens, on ne l’aurait pas fait. Mais aussi de hautes technologies, parce que si le ski n’est pas au minimum aussi skiable que ce qu’on peut trouver dans le commerce, on ne l’aurait pas fait non plus.»

Pierre Gerondal, également assisté par sa compagne Justine Corman, formée au design et au graphisme, collabore avec le meilleur skieur alpin belge, Armand Marchant, et avec le snowboarder Seppe Smits, ancien champion du monde de slopestyle. Ensemble, ils ont construit un «splitboard», soit un snowboard qui peut se scinder en deux skis de randonnée, que les snowboarders utilisent pour faire du hors-piste.

Jusqu’à 3 800 euros

Que ce soit pour eux ou pour un skieur lambda, chaque pièce est unique. «Bien sûr, avant de produire un ski, nous mesurons et pesons son utilisateur mais nous essayons aussi de connaître son style, ses goûts.» «Et la connaissance du bois est un facteur crucial dans la fabrication, car chaque type de bois se « skie » différemment», raconte l’artisan. «Certains clients ont les genoux fragiles, d’autres veulent avant tout faire de la randonnée en montagne, d’autres encore préfèrent des skis ultra réactifs.»

Il faut quand même compter 2 300 euros pour une paire de la gamme existante, jusqu’à 3 800 euros pour les plus personnalisées. «Un ski, c’est comme un costume, il doit être ajusté! Nous fournissons aux clients une création à tester : ils l’essayent et reviennent avec un feed-back qui nous permettra de produire le ski qui leur conviendra le mieux», explique Pierre Gerondal. L’espérance de vie d’une paire bien entretenue est de dix ans. «Et il n’y a aucun gaspillage, car je demande à chaque acheteur de ne jamais jeter ses skis. Soit ils finissent leur vie sur un mur comme élément de décoration, soit ils reviennent ici pour être recyclés.»

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