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France : Eric Ciotti, la droite assumée aux manettes des Républicains


Eric Ciotti est très actif sur les réseaux sociaux et parle à une frange des jeunes LR souhaitant plus de radicalité. (Photo AFP)

Eric Ciotti, élu dimanche président des Républicains, est le représentant d’une ligne dure sur la sécurité et l’immigration, qui a fait campagne à l’ombre de Laurent Wauquiez qu’il compte faire désigner candidat à la présidentielle.

Avec 53,7% des voix, le député de Alpes-Maritimes a été élu, déjouant la fatalité du « tout sauf Ciotti » qui l’avait fait échouer, il y a tout juste un an, au second tour de la primaire de LR pour la présidentielle.

Parti le premier dans la course, le patron de la puissante fédération des Alpes-Maritimes passait pour le favori du scrutin, ayant fait la preuve de son poids parmi les militants, et engrangé des soutiens de poids dans la dernière ligne droite — notamment celui de Christian Jacob, le patron de LR à qui il succède.

Sa ligne est claire: « que la France reste la France », avec des arguments très fermes sur le régalien et notamment l’immigration. Ordre, autorité et liberté: il a toujours mis en avant sa fidélité au RPR puis à LR.

« Ressusciter le RPR »

« Il représente le parti profond, ils vont être entre eux », soupirait avant le scrutin un soutien de son adversaire Bruno Retailleau. « Son but, c’est de ressusciter le RPR en virant ceux qu’il trouve trop mous », grince un centriste, même si le nouvel homme fort du parti clame sa volonté de rassemblement.

Ton posé et accent chantant, il propose un projet proche de celui de François Fillon en matière économique, avec l’idée d’un « choc fiscal » et des « économies sur l’État social ».

Son langage musclé a visiblement plu aux militants. Cet adversaire déclaré de « l’idéologie wokiste », qui a fait de Sandrine Rousseau sa bête noire, devra à présent retenir les élus LR inquiets de sa ligne radicale, et réussir à faire travailler ensemble députés et sénateurs pas toujours sur la même ligne.

Pas d’ambition pour 2027

Opposé à tout accord avec la majorité — « en 2017 ou en 2022, je n’ai jamais voté M. Macron », rappelait-il quelques jours avant le deuxième tour — il prend la tête de LR alors que des textes cruciaux (retraites, immigration) sont soumis au Parlement.

Le questeur de l’Assemblée affirme ne pas avoir d’ambition pour 2027, s’étant engagé à désigner rapidement Laurent Wauquiez candidat à la présidentielle.

Sa tâche s’annonce immense pour relever un parti tombé à 4,8% des voix à la présidentielle. « Si nous ne gagnons pas pour la troisième fois consécutive, nous disparaîtrons », affirmait-il durant sa campagne.

Celui qui n’a jamais été ministre ni maire est très actif sur les réseaux sociaux, et parle à une frange des jeunes LR souhaitant plus de radicalité. Coup sur coup, son fief du sud-est s’est retrouvé au coeur d’une enquête du parquet financier (sur des emplois de son ex-épouse) et d’un article de Libération sur des adhésions potentiellement frauduleuses à LR.

De solides inimitiés

Dans ce même sud-est où il a bâti toute sa carrière, il s’est aussi fait de solides inimitiés avec d’anciens amis LR tels Renaud Muselier ou Christian Estrosi, son ancien mentor. « Au fond, il veut la mairie de Nice. Il veut botter le cul à son ancien patron », assure un bon connaisseur de LR.

Une mère institutrice, un père agent immobilier, Eric Ciotti, physique austère, front dégarni et lunettes studieuses, est né le 28 septembre 1965. S’il a grandi à Nice, il reste un enfant de l’arrière-pays où il garde ses attaches familiales et a baigné très jeune dans le milieu politique – dans la Vésubie, où son grand-oncle l’emmenait à la chasse.

Diplômé de Sciences Po Paris en 1988, il abandonne les révisions du concours de l’ENA pour être l’attaché parlementaire de Christian Estrosi, alors jeune député.

Un rival sudiste avec lequel il finira par se brouiller, avant de gagner ses galons à l’Assemblée nationale et à la tête du département des Alpes-Maritimes, jusqu’à se hisser en finale de l’investiture LR pour la présidentielle puis à la tête du parti.

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