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Differdange – Les maisons, petits trésors urbains


Depuis le 1er octobre, dans la commune, il est interdit de détruire une maison unifamiliale pour la remplacer par une résidence. C’est une première nationale, mais d’autres localités vont suivre.

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Au centre des localités qui forment la commune de Differdange, désormais, les maisons ne se transformeront plus en résidence. (Photo : Archives)

Tous les ans, la population du Grand-Duché grimpe. Et plus les années passent, plus le rythme s’accélère. Depuis le début du millénaire, le Luxembourg gagne ainsi bon an, mal an près de 10 000 habitants tous les douze mois. Cela correspond tout de même à la population d’une commune comme Bettembourg ou Bascharage. À Differdange, cette tendance est bien visible. « En neuf ans, nous avons gagné 4 200 habitants », avance le bourgmestre Robert Traversini. Cette hausse, qui a amené la commune à voir son 24 000e habitant arriver ces dernières semaines, a interpellé l’écologiste qui s’est demandé où logeaient les nouveaux arrivants. « Ils habitent pratiquement tous dans des appartements », lui a-t-on fait savoir. Or ces logements ont souvent été bâtis au sein de résidences, à des emplacements où existaient auparavant des maisons unifamiliales. «Dans l’intervalle des neuf années, 87 maisons ont été détruites et 66 résidences ont été construites à leur place. Sur ces terrains, nous sommes passés de 87 à 780 logements et de 261 habitants à 1 950 ! « Cette inflation a également touché les Baulucken, ces terrains constructibles vierges de toute habitation mais enclavés dans le tissu urbain : « Rien que sur ces terrains, 772 logements ont été créés dans ce laps de temps. »

> La solution ? Modifier le PAG

Le mouvement, jusqu’ici, semblait inarrêtable. « Depuis que je suis bourgmestre, j’ai reçu trois familles qui souhaitaient acquérir une maison et qui se sont fait doubler par des promoteurs. À chaque fois, elles offraient le prix souhaité par le vendeur, mais un promoteur venait proposer davantage et gagnait le bien. Il fallait réagir, parce qu’à terme, cela signifie la mort des maisons unifamiliales dans la commune. « Que faire contre cette tendance? Roberto Traversini a tourné le problème dans tous les sens. Il y avait la possibilité du moratoire, la plus simple à mettre en place mais pas forcément la plus juste ni la plus pratique. « Il faut le renouveler tous les deux ans et, surtout, il gèle tous les projets de transformation. Les particuliers n’auraient alors même plus le droit d’ajouter un étage pour agrandir leur maison », explique-t-il. La seconde option était une modification ponctuelle du plan d’aménagement général (PAG). Cette notification a été votée lors du conseil du 1er octobre dernier. Hormis les conseillers DP qui se sont abstenus, tous les autres représentants ont soutenu l’initiative. Ce règlement est une vraie nouveauté, puisqu’il n’existe dans aucune ville luxembourgeoise. Dans ce domaine, Differdange est une commune pionnière.

Le texte consiste à dire que «dans tous les quartiers, sauf le long des axes principaux, on ne peut plus détruire de maisons unifamiliales pour les remplacer par des résidences», explique Roberto Traversini. Tous les projets dont les autorisations ont été données avant le vote sont maintenus, mais aujourd’hui, il est trop tard pour introduire ce type de demande. « C’est sûr que cela ne plaît pas aux promoteurs, mais je ne suis pas là uniquement pour leur faire plaisir! » Techniquement, des recours existent. Toutefois, il faut en référer au ministère du Logement dans les trente jours suivant le refus, voire directement au ministre pour tenter une nouvelle fois sa chance. Effet indirect mais non moins appréciable, ce nouveau règlement permet de mieux planifier l’évolution des services publics. Celle de la voirie, la construction des maisons relais et des écoles sont des exemples parmi d’autres. « Imaginez qu’une grande résidence se construise à côté d’une école qui ne peut pas être agrandie : il y aura un problème. Avec cette modification partielle du PAG, on évitera ce genre de situation », illustre Roberto Traversini.

> Dans dix ans, 30 000 habitants

Pour autant, Differdange se garde bien de faire la chasse aux promoteurs. Après tout, la commune en a besoin pour loger ses futurs habitants. Car, selon le projet de plan sectoriel logement (certes aujourd’hui réétudié), la commune est classée « prioritaire », c’est-à-dire qu’elle doit proposer 20 % de logements en plus d’ici une décennie. « Ce que nous voulons, c’est que l’urbanisation de la commune garde la distinction entre la vieille ville et les nouveaux quartiers », précise le député-maire. Et c’est d’autant plus vrai que la densité du centre des différentes localités, qui découle de leur statut d’anciennes cités ouvrières, est déjà énorme à Differdange. » Il suffit de se promener dans la commune pour voir que les résidences en construction sont légion : au Funiculaire, au Fousbann, à Niederkorn… il y a pléthore de nouveaux logements qui se créent. « Nous atteindrons facilement les 20 % de croissance dans dix ans, soit une population totale de 30 000 habitants », pronostique Roberto Traversini. Mais ce ne sera donc pas en construisant n’importe quoi, n’importe où.

De notre journaliste Erwan Nonet

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