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Rédange : des centaines de tonnes de déchets toujours dans la nature


Plus de 200 tonnes d’ordures déversées illégalement ont été découvertes fin 2019 sur le site de l’ancien concasseur de la mine de Rédange. Trois ans plus tard, les déchets continuent de pourrir sur place. Photo RL /Philippe NEU

Depuis trois ans, plus de 200 tonnes de déchets abandonnées pourrissent en bord de chemin, à Rédange. Un vaste trafic international à l’origine de ces dépôts d’ordures a été stoppé, mais les riverains attendent toujours le nettoyage du site qui devrait être effectué par les autorités belges.

«Dans dix ans, qui saura encore ce qu’il y a là-dessous…» Face à la montagne de déchets, entassés sur un terrain privé de sa commune, où la nature commence à repousser, Daniel Cimarelli est un peu désabusé. Depuis trois ans, le maire de Rédange, soutenu par le collectif local « J’aime ma forêt », n’a eu de cesse d’alerter les autorités sur cette pollution d’ampleur, mais sans retour concret sur l’évacuation des déchets.

Trafic international

L’histoire commence à l’automne 2019, avec la découverte d’une décharge sauvage d’une dimension inédite. Plus de 200 tonnes d’ordures ménagères, détritus en tous genres, ont été déversées sur le site de l’ancien concasseur de la mine de Rédange, à proximité d’un chemin communal, mais aussi des étangs et de sources d’eau potable. Ces ordures provenant de Belgique sont en fait issues d’un vaste trafic international dont Rédange n’est que l’une des multiples victimes.

L’affaire concerne au total des milliers de tonnes de déchets déposés illégalement dans un grand quart nord-est de la France, dans les centres de tri puis dans la nature. Une enquête menée par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lille et par l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) a permis, en juillet 2021, l’identification des auteurs de ces dépôts illicites et l’ouverture d’une instruction judiciaire.

Depuis, «ça n’avance pas…», regrette Daniel Cimarelli. Si les déversements de camions de 35 tonnes ont bien été stoppés, des «petits» dépôts de particuliers ou d’artisans frontaliers alimentent encore régulièrement le site, et les ordures continuent de pourrir sur place. «Il ne s’agit pas seulement d’évacuer ces déchets, mais aussi d’assurer leur traitement.» Pour un coût estimé à 1 000 €, la tonne, ni la commune, ni le propriétaire privé du terrain, lui aussi victime, ne sont en mesure d’agir.

La Belgique priée de nettoyer

Dernière élue alertée par le maire, Christine Herzog, sénatrice de Moselle, a interpellé le gouvernement par une question écrite. Dans sa réponse (publiée le 20 octobre), la ministre déléguée en charge de la transition écologique rappelle que «le règlement relatif aux transferts transfrontaliers de déchets met à la charge de l’État d’où sont partis les transferts illégaux l’obligation de reprendre les déchets exportés illégalement […]»

Autrement dit, c’est bien à la Belgique que revient l’obligation de nettoyer le site de Rédange. L’Agence publique des déchets de Flandre a été saisie d’une demande de reprise des déchets, en cours d’instruction. Mais, pour les militants du collectif, «on a le sentiment que les autorités se renvoient une nouvelle fois la balle…» Ils promettent de ne rien lâcher pour que la loi soit appliquée.

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