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Metz : l’hébergement d’urgence sous tension


Michel Gocel, directeur général d’Est accompagnement : «Les équipes du centre d’appels du 115 sont, une nouvelle fois, submergées, en raison du froid et de la demande d’asile qui a repris.» (Photo RL /Karim Siari)

Le service d’appel de l’hébergement d’urgence (115) est, une nouvelle fois, assailli par les sollicitations. L’activité a repris de l’ampleur après quelques mois de répit en raison de la crise sanitaire. Pour Michel Gocel, directeur de l’association Est accompagnement, les tensions dans l’hébergement sont principalement dues à des délais de procédures beaucoup trop longs.

L’association Est accompagnement gère l’appel au 115 (hébergement d’urgence). Quelle est la situation actuellement ?

Michel GOCEL, directeur général d’Est accompagnement : « Il y a, à nouveau, une grosse activité due à la demande d’asile. Elle avait chuté, avait été remplacée par les demandes de logements des Ukrainiens. Aujourd’hui, les équipes du centre d’appels du 115 sont, une nouvelle fois, submergées, en raison du froid et de la demande d’asile qui a repris. »

Avez-vous modifié la prise en charge des personnes les plus démunies ?

« Nous avons beaucoup développé l’accueil d’urgence dans des appartements. Il y a deux fois moins de monde dans les hôtels. Un souhait de l’État qui entend cesser ce type d’hébergement. Il n’était pas adapté, coûteux, et impliquait un travail de réinsertion difficile. Le logement en appartement permet de mieux sensibiliser les personnes, on a des cuisines adaptées. Aujourd’hui, nous avons encore 480 familles logées dans des hôtels, tout autant dans les appartements sur l’ensemble de la Moselle. Avant, il y en avait plus de 700 dans les hôtels. »

Le traitement des procédures est-il toujours aussi long ?

« C’est même encore plus long qu’auparavant, pour plusieurs raisons. L’augmentation des demandes d’asile ne facilite pas la réduction des procédures. L’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) est sans doute en difficulté de recrutement, ce qui ralentit encore le traitement des dossiers. Aujourd’hui, ce ne sont plus les moyens financiers qui bloquent le système, c’est le manque de personnel. Chez Est accompagnement, nous sommes 180 salariés et huit postes sont à pourvoir. On recherche essentiellement des travailleurs sociaux, deux agents techniques et un accompagnateur sur les chantiers d’insertion. À l’origine du problème : les travailleurs sociaux ont profité du Ségur, mais pas les administratifs. »

Parvenez-vous à reloger les sans-abri ?

« Nous mettons l’accent sur les personnes les plus vulnérables. On reloge les femmes seules avec enfants ou les familles. Pour les hommes isolés, c’est plus difficile. Le problème est que la majorité des personnes qui arrivent en Moselle sont des hommes isolés. Ils restent à la rue ou sont hébergés occasionnellement. Parfois, ils trouvent des solutions chez des tiers. Il existe une entraide entre les différentes nationalités. Nous nous en apercevons car ces personnes appellent deux, voire trois fois, puis nous n’avons plus de nouvelles pendant quelques mois. »

Quelles solutions seraient envisageables pour loger tout le monde ?

« Le problème de la demande d’asile, c’est la sortie. C’est compliqué d’avoir des situations claires. Il y a les personnes sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) qui restent longtemps. D’autres personnes sont en attente… Pour pouvoir activer toutes les demandes d’insertion, il faut raccourcir les délais de traitement. Pour l’heure, on arrive quand même à prendre en charge toutes les situations d’urgence qui sont signalées par les équipes mobiles. »

Incendie au Terminus : relogement pour bientôt

Le 2 novembre dernier, un incendie ravageait une chambre dans l’ancien hôtel Terminus, géré par Est accompagnement pour loger en urgence les demandeurs d’asile. Près de 400 m2 de toiture avaient pris feu. « Nous avons dû reloger 80 personnes. Nous avons trouvé des solutions de secours, en travaillant avec les foyers Amli », a détaillé Michel Gocel, le directeur d’Est accompagnement.

Dans ces hébergements d’urgence des demandeurs d’asile (Huda), les personnes n’ont pas vocation à rester. « Il y a un gros turn-over, reprend le directeur, puisqu’il y a des personnes en sortie de dispositif. » Pour l’heure, les travaux de restauration de toiture se poursuivent. « Il faut prévoir un an avant que tout soit opérationnel. » Pour autant, Michel Gocel annonce qu’une cinquantaine de personnes pourront être relogées dès le mois de mars.

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