La répétition des crises liées aux banques ces dernières années, à l’image des chutes de Credit Suisse et de SVB, et les indispensables interventions publiques qui en résultent interrogent sur le fonctionnement même de ces entreprises qui font parfois peser de graves risques sur l’économie.
Qu’il s’agisse du géant suisse ou de la banque régionale américaine Silicon Valley Bank (SVB), leur mauvaise gestion a été pointée du doigt comme un facteur aggravant leurs problèmes.
Or leur plongeon a entraîné des mouvements de panique bancaire et boursière, et la crainte que les conséquences ne se fassent ressentir sur une économie mondiale déjà aux prises avec une inflation élevée et un ralentissement de la croissance.
Deux semaines après les premières secousses, le président de la Banque centrale américaine Jerome Powell a reconnu mercredi le risque d’un « resserrement des conditions de crédit pour les ménages et les entreprises », au moment même où les taux d’intérêt sont fortement relevés pour contrer l’inflation et ralentissent déjà l’économie.
Marché du travail, inflation
Cet épisode pourrait « peser sur la demande, sur le marché du travail et sur l’inflation », a-t-il poursuivi, là où son homologue européenne Christine Lagarde a vu le même jour de « nouveaux risques à la baisse » sur une économie déjà chancelante.
La situation est en revanche encore bien loin du cataclysme entraîné il y a 15 ans par la chute du géant américain Lehman Brothers.
Il existe tout de même « un risque » que les dirigeants « ne soient pas en mesure d’enrayer les turbulences actuelles sans que cela ait des répercussions plus durables et potentiellement graves au sein et au-delà du secteur bancaire », a alerté l’agence de notation Moody’s dans une note mercredi. Son scénario de base mise tout de même sur une accalmie.
« La confiance dans le secteur bancaire dans son ensemble n’a pas été ébranlée », affirme Zsolt Darvas, économiste à l’institut bruxellois Bruegel et ancien chercheur à la Banque centrale de Hongrie, qui ne voit pas de risques majeurs.
Car les autorités ont sorti les grands moyens dès les premières secousses, en offrant côté américain une garantie implicite à l’ensemble des déposants dans les banques, et côté suisse plusieurs garanties au rachat de la banque Credit Suisse par UBS.
Sans être des sauvetages, ces interventions interrogent toutefois. « Les exigences d’intervention de la puissance publique deviennent toujours plus fortes », constate Eric Dor, directeur des études économiques à l’école de commerce IESEG, du fait de la crainte qu’une nouvelle crise bancaire ne se transforme en crise économique.
Cela pose aussi la question plus large de la légitimité de mesures de soutien publiques quand des problèmes de gestion sont la plupart du temps à l’origine des crises bancaires.
« Un peu paradoxaux et ennuyeux »
« On aimerait ne pas avoir ces objets un peu paradoxaux et ennuyeux que sont les banques, qui ne sont pas vraiment des institutions publiques et pas non plus vraiment des entreprises privées », affirme Nicolas Véron, chercheur au centre de réflexion Peterson Institute à Washington.
« La réalité, c’est que l’on n’a pas trouvé de meilleur système, on est toujours dans un entre-deux, entre la nationalisation du système bancaire et un système qui ne serait pas du tout garanti par l’Etat, dont on sait qu’il conduit à une instabilité totalement destructrice sur le plan sociétal ».
D’où de nombreux appels ces derniers jours à un renforcement de la régulation bancaire, allant de Jerome Powell au prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, ou de l’influent commentateur du Financial Times Martin Wolf, qui appelle à imaginer les banques comme « des services publics ».
« Si nous les voyons ainsi, elles n’ont pas besoin d’être largement profitables, elles doivent (…) être capitalisées d’une manière qui leur permette de survivre lors des périodes difficiles, car c’est la meilleure chose qu’elles puissent faire », a-t-il poursuivi dans un podcast du journal.
Un débat émerge en parallèle, celui où l’argent des déposants, ménages et entreprises, pourrait être directement détenu auprès des banques centrales, en utilisant comme plateforme leurs projets de monnaies numériques.
Les banques n’auraient alors plus accès aux dépôts des particuliers et des entreprises, faisant disparaître les risques de retraits massifs tels qu’observés ces derniers jours.
Une partie de la crise actuelle est le fait des banques centrales et notamment de la BCE qui a relevé ses taux, trop vite car beaucoup trop tard.
Les banques centrales ont, en partie, organisé la crise actuelle et vous voudriez leur confier l’argent des déposants?
Au fou!