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[Musique] Iggy Pop, «Iguane» à plusieurs peaux


Après un album «jazzy», l’«Iguane» revient aux grosses guitares, entouré de figures d'un rock alternatif américain qui lui doit tant. (Photo AFP)

À 75 ans, Iggy Pop remet de l’électricité dans son jeu. À preuve, son dix-neuvième album, Every Loser, qui sort en fin de semaine. Un disque concocté à l’ancienne et soutenu par un collectif «all stars».

De parrain du punk à crooner francophile, Iggy Pop n’est jamais là où on l’attend : après un album «jazzy», l’«Iguane» revient aux grosses guitares, entouré de figures d’un rock alternatif américain qui lui doit tant. Le nouveau disque, qui sort vendredi, s’appelle Every Loser, et a été réalisé avec un attelage gagnant. Défilent en effet, suivant les titres, le bassiste Duff McKagan (Guns N’ Roses), les guitaristes Stone Gossard (Pearl Jam), Dave Navarro (Jane’s Addiction) et les batteurs Chad Smith (Red Hot Chili Peppers), Taylor Hawkins (Foo Fighters, décédé depuis) ou encore Travis Barker (Blink 182).

La puissance de feu s’entend dès le premier titre, Frenzy. Mais l’arsenal se met également au service de morceaux mélancoliques comme New Atlantis. Tant d’électricité est-elle bien raisonnable pour un chanteur de 75 ans? Ceux qui l’ont vu sur scène au printemps savent que l’ex-leader des Stooges est toujours en forme. Son rire goguenard fuse d’ailleurs à la fin de la prise de Neo Punk, un des morceaux telluriques d’Every Loser.

«Le dernier des Mohicans»

«C’est le dernier des Mohicans depuis la disparition de David Bowie et Lou Reed», souligne ainsi Gilles Scheps, coauteur de Iggy Pop and The Stooges (éditions du Layeur) et fondateur du fan-club français de l’«Iguane» dans les années 1970. Bowie produira des albums des deux autres artistes. Une photo de ce trio en 1972 est passée à la postérité, avec un Iggy Pop aux pupilles dilatées. «Iggy Pop a arrêté les grosses conneries (NDLR : addictions en tout genre) depuis le début des années 90. Il a un mode de vie plus sain, s’autorise un petit peu de vin avec un bon repas», décrit Jean-Charles Desgroux, auteur de Iggy Pop, Shake Appeal (éditions Le Mot et le Reste).

Dire qu’on avait laissé l’Américain sur un album, Free, aux teintes jazz ou sur une participation en crooner sur le disque de standards français revisités par Thomas Dutronc (Frenchy). «Il a pris les fans à rebours avec Free et quand on ne l’attend plus dans le rock, il y revient au galop!», commente Gilles Scheps. «Dérouté» lui aussi au départ par Free, Jean-Charles Desgroux réalise avec le recul que ce disque s’inscrit dans les amours éclectiques du musicien. «Le rock garage, le rhythm and blues des origines, la musique de crooner puisque, on ne le dit jamais assez, une de ses idoles absolues, c’est Frank Sinatra!»

Le « parrain» et sa «dream team»

Pour lui, Iggy Pop «se remet constamment en question, est à l’écoute de toute proposition, n’est pas blasé… Ce n’est pas pour rien qu’il anime une émission sur BBC Radio, ouvert à toute programmation musicale».Cette fois, derrière Every Loser, on trouve Andrew Watt, producteur de 32 ans. Né donc en 1990, l’année où Iggy Pop sort Brick by Brick, pour un énième come-back. Ce guitariste a produit des stars commerciales comme Justin Bieber ou encore Miley Circus. Mais a déjà enrôlé des musiciens tels Duff McKagan et Chad Smith pour Patient Number 9, dernier album d’Ozzy Osbourne, autre légende, père du metal avec Black Sabbath.

Quand on ne l’attend plus dans le rock, il y revient au galop!

«Cette fois, cette « dream deam » vient consacrer Iggy Pop comme le « parrain », réunissant autour de lui ses enfants de la scène punk-rock», déroule Jean-Charles Desgroux. Comme pour réparer une injustice : «Iggy Pop n’a pas été reconnu dans son propre pays, les Américains sont passés à côté, ne se rendent pas compte du patrimoine qu’il représente.»

Jean-Charles Desgroux constate qu’Every Loser vient «remettre Iggy au goût du jour» et «embrasse plusieurs points clés de son répertoire rock, pop ou underground». On y capte ainsi des échos de New Values (1979), album assez méconnu d’Iggy Pop, aujourd’hui réévalué. Comme le rappelle Gilles Scheps, «après être passé sous l’aile protectrice de Bowie, il prouve à l’époque qu’il est dès lors devenu un artiste complet».

Every Loser, d’Iggy Pop. Sortie vendredi.

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