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M83 : masque, mystère et musique pop


Moins monstre et plus extraterrestre, M83 revient avec un album où la pop prend des allures de vaisseau spatial à la découverte d’univers inconnus. (photo Other Suns)

Après quelques années de silence, M83, toujours la tête dans les étoiles, reprend de l’altitude avec son dernier disque, Fantasy, porté par une pop haut perchée. Découverte.

Masque de monstre kitsch sur les visuels, le Français M83, auteur du tube mondial Midnight City (2011), revient avec un tout nouvel album, Fantasy, une belle embardée pop sortie vendredi. À contre-courant d’une industrie musicale avide d’artistes devenus des marques et omniprésents sur les réseaux sociaux, Anthony Gonzalez, quadragénaire derrière l’alias M83, se fait, lui, plutôt rare. Il reste d’ailleurs un secret encore bien gardé dans son propre pays, après plus de vingt ans de carrière et neuf albums au compteur.

«Beaucoup de gens ne savent pas que c’est un Français, avec une carrière qui cartonnait aux États-Unis avant Midnight City. Ce n’est qu’avec ce single utilisé par la publicité que sa musique a été largement connue en France», brosse Paul Langeois, directeur du festival français Beauregard, où il jouera en juillet. Basé à Los Angeles depuis longtemps, M83 salue en anglais quand la visioconférence commence. Tout surpris d’avoir un interlocuteur français.

Exit la triste routine, place aux rêves !

Preuve que l’artiste, nommé aux Grammy Awards en 2011, est davantage sur les radars américains et britanniques. Sa tournée mondiale commence d’ailleurs en avril par 14 dates américaines, de Phoenix à New York. Évidemment, à l’écran, M83 ne branche pas sa caméra. Logique pour celui caché sous un masque de monstre, façon série B horrifique des années 1980, pour ses visuels et clips. D’autres auraient glissé sous la lumière des projecteurs et accolé leur nom à de multiples projets après un hit planétaire (Midnight City dépasse les 850 millions d’écoute sur Spotify, leader du marché des plateformes musicales). Pas lui.

 

«Ces six dernières années, le marché de la musique a changé, les réseaux ont pris de plus en plus de place. Il faut presque ne plus avoir de pudeur, montrer sa vie quotidienne», déplore Anthony Gonzalez. En réaction, il a créé son propre label, Other Suns, tremplin pour Fantasy, son dernier disque. Une structure qui tend la main aux artistes qui laissent la musique parler à leur place, «alors qu’ailleurs, on leur demande d’être influenceurs et d’avoir d’abord des followers, comme si la musique passait au second plan», analyse-t-il.

Le nom Other Suns semble tout droit tombé d’une œuvre de science-fiction rétro, nostalgique. Un univers refuge pour lui qui aime tant «échapper à la routine du quotidien, à l’ambiance macabre de l’actualité, et laisser place à l’imaginaire, au rêve». Le premier clip sorti, Oceans Niagara, combine d’ailleurs tous ces ingrédients. L’idée de prendre la tangente s’incarne avec des postadolescents en mouvement. On voyait déjà des enfants doués de pouvoirs paranormaux s’enfuir d’une institution dans le clip de Midnight City (près de 400 millions de vues sur Youtube).

Des albums pour «crier» dans sa chambre

«Quand j’étais adolescent, j’écoutais des albums sur lesquels j’avais envie de crier dans ma chambre. J’avais envie d’aventure, de liberté. C’est ça qu’on retrouve dans ce disque, toujours cette échappatoire», décortique Anthony Gonzalez. La vidéo est signée par son frère, Yann Gonzalez, réalisateur de films comme Un couteau dans le cœur, avec notamment Vanessa Paradis. L’esthétique s’y partage entre fantastique bricolé et animation japonaise des années 1980. Une constante chez M83 : un ancien titre s’appelait Tsubasa, tiré de Captain Tsubasa, célèbre manga connu sous le nom d’Olive et Tom en France.

Musicalement, Water Deep, premier titre planant de Fantasy, est une fausse piste. Une pop grandiloquente, comme sur Amnesia ou Fantasy, défile ensuite. Une promesse de concerts tout en amplitude. «M83, c’est beaucoup de musiciens sur scène, avec des dispositifs vidéo. Je l’ai placé à Beauregard à un horaire tardif la nuit, en avant-dernier concert du vendredi, comme je l’avais fait avec MGMT (auteurs du tube Kids) il y a quelques années», précise d’ailleurs Paul Langeois. De quoi, comme M83, avoir la tête dans les étoiles.

M83 sera le 3 juillet à la Rockhal (Esch-Belval).

 

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