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Immersion numérique : voir les œuvres sous un nouveau jour


Le Louvre, l'Institut du monde arabe et d'autres institutions culturelles ont déjà franchi le cap de l'immersion numérique dans des expositions temporaires en réalité virtuelle ou en projection. (Photo : afp)

La réalité virtuelle et l’interaction sont au cœur d’une nouvelle manière de consommer l’art. Une offre spectaculaire censée attirer un nouveau public, et mieux s’exporter.

New York, Madrid, Bruxelles… Depuis une année, de nouveaux centres d’arts immersifs émergent dans les grandes métropoles. Dernier en date : le Grand Palais immersif à Paris, des lieux qui offrent des expositions numériques variées apportant de nouveaux points de vue sur les œuvres d’art.

En image et en musique

«On n’est pas un musée!», prévient Grégoire Monnier, directeur de Culturespaces Digital en charge notamment, en France, de l’Atelier des Lumières. Le peu d’explications sur les auteurs des toiles est un choix totalement assumé : «On veut faire appel aux émotions des visiteurs», explique-t-il. «On interprète de façon divertissante et subjective les œuvres des artistes», ajoute-t-il.

Du sol au plafond d’une ancienne fonderie parisienne ou d’une banque new-yorkaise désaffectée, une centaine de vidéoprojecteurs diffusent 150 à 300 œuvres d’un artiste comme Van Gogh, Kandinsky ou encore Klimt. Une mise en scène comprise entre 10 et 30 minutes, où le spectateur est enveloppé par un univers pictural et une bande-son originale. C’est la formule immersive proposée par Culturespaces Digital dans huit villes du monde, dont Paris, New York et Séoul.

Les tickets, calqués sur le prix d’entrée des grands musées parisiens comme Orsay ou le Louvre, ne découragent pas les visiteurs, qui sont chaque année «plus d’un million» à franchir le seuil de l’Atelier des Lumières à Paris. Culturespaces Digital veut attirer dans ses établissements un public non habitué aux lieux d’art : «Cinquante pour cent des visiteurs déclarent ne pas aller au musée», affirme Grégoire Monnier.

Démarche scientifique

De son côté, le Grand Palais Immersif, filiale du Grand Palais qui a ouvert ses portes à Paris fin septembre dans la salle modulable de l’Opéra Bastille, mise sur une offre hybride entre le divertissement et la connaissance. En plus d’une immersion ludique dans la ville de Venise, les visiteurs peuvent également se renseigner sur la construction de la Cité des Doges. Des informations supervisées par un comité scientifique de la Fondazione Musei Civici de Venise, qui regroupe onze musées de la «ville flottante».

Pour reconstituer sur les murs du Grand Palais Immersif le Grand Canal de Venise et ses palais les plus somptueux, notamment le Palais des Doges, «plus de 300 000 photos» ont été prises, affirme Yves Ubelmann, le président de l’entreprise Iconem, à l’origine du projet. L’objectif du Grand Palais Immersif est d’offrir aux visiteurs «des trajectoires impossibles à suivre dans la réalité» et, par prolongement, de «traverser les murs» du Palais des Doges, explique Roei Amit, le directeur du Grand Palais Immersif.

Une piste pour les musées?

Le Louvre, l’Institut du monde arabe et d’autres institutions culturelles ont déjà franchi le cap de l’immersion numérique dans des expositions temporaires en réalité virtuelle ou en projection. En 2019, le Louvre présentait ainsi sa première expérience immersive sur la Joconde lors d’une exposition consacrée à Léonard de Vinci : sous un casque de réalité virtuelle, le visiteur pouvait admirer la Joconde sous toutes ses coutures et était transporté avec Mona Lisa au temps de Léonard de Vinci.

On veut faire appel aux émotions des visiteurs

Des modules immersifs qui répondent aux «désirs de narration et aux envies de récit» des visiteurs, explique Dominique de Font-Réaulx, la directrice de la médiation et de la programmation culturelle du Louvre. Et qui ont enrichi les façons de travailler du musée : l’immersion «nous a conduits à faire de nouvelles recherches» sur la Joconde, raconte-t-elle, notamment «sur la façon dont elle était coiffée, habillée».

La seule contrainte du musée parisien n’est pas technique, mais académique : pour maintenir son niveau de rigueur scientifique, «on ne peut le faire que sur des œuvres sur lesquelles on a beaucoup, beaucoup d’informations». Pour le Louvre, il n’y a «aucune compétition» entre les œuvres physiques et ces nouvelles expositions numériques, puisque «tous les gens qui ont vu ces projets ont envie de voir ou de revoir l’œuvre» réelle, conclut Dominique de Font-Réaulx.

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