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Hopwood DePree, la vie de château


Le Californien Hopwood DePree en pleins travaux de rénovation du vieux château familial : «Je n'avais aucune idée de la quantité de défis qui m’attendaient.» (Photo : AFP)

Plaquer Hollywood pour rénover le vieux château de ses ancêtres dans le nord de l’Angleterre? C’est le pari dans lequel s’est lancé un producteur californien, devenu sur place une curiosité locale et un sauveur patrimonial.

Hopwood DePree avait bien entendu, enfant, qu’un château appartenait à sa famille en Angleterre, mais ce producteur à Hollywood avait toujours cru que c’était une légende. Jusqu’au jour où il a découvert les lieux : une propriété du XVe siècle, avec 60 pièces. Depuis 2017, l’Américain a quitté la Californie pour se consacrer à la rénovation du château dans le nord de l’Angleterre, près de Manchester, et dire qu’il a beaucoup à faire relève de l’euphémisme.

L’histoire démarre un soir de 2013 : Hopwood DePree surfe sur un site de généalogie et tombe sur une vieille photo. «C’est l’endroit dont me parlait mon grand-père!», pense-t-il. La demeure s’appelle Hopwood Hall. C’est donc de là que vient son étrange prénom, transmis de génération en génération, et dont il a eu honte si longtemps! Il s’y rend peu après «juste par curiosité».

Quand il pousse la porte, une partie du toit est effondrée. Il se souvient de la boue au sol, des animaux qui rôdent… Mais aussi «venant de Los Angeles» de son «émotion» face à l’Histoire qui lui tombe dessus, et tout ce qui est encore là, «les cheminées, les portes» et la salle de naissance où ses ancêtres ont vu le jour.

Mais les locaux qui le font visiter le préviennent : «Ils m’ont dit que si rien n’était fait dans les cinq à dix ans, Hopwood Hall s’effondrerait et serait perdu à jamais.» Comme nombre de demeures aristocratiques anglaises tombées en désuétude et devenues trop chères à entretenir, le château était en effet abandonné depuis plusieurs décennies.

Trente-neuf cheminées

Les propriétaires, des parents lointains d’Hopwood DePree, l’avaient quitté, sans héritier après la mort de leurs deux fils tués dans la Première Guerre mondiale. Il a servi d’usine de fabrication d’uniformes pendant la Seconde Guerre mondiale, puis des moines l’ont investi. Et plus rien.

Voilà cinq ans qu’Hopwood DePree, aidé par des locaux, a commencé la rénovation, et on est encore très loin de Downton Abbey, le manoir anglais de la série du même nom à succès. Non sans humour, il a d’ailleurs intitulé son livre publié chez Harper Collins Downton Shabby (Downton minable). Il y décrit ses progrès laborieux et sa nouvelle vie avec enthousiasme. «Où que vous regardiez, il y a quelque chose à faire!», dit cet homme de 52 ans que l’on imagine sans mal à Hollywood avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus.

«Je savais que c’était un projet massif, mais je n’avais aucune idée de la quantité de défis qui m’attendaient.» En visitant les lieux, casque de chantier sur la tête, Hopwood DePree met en garde : un trou dans le parquet, une poutre mal placée… Des ouvriers s’affairent sur la façade.

Les 39 cheminées sont en train d’être rénovées, le toit en partie aussi. L’urgence, ce sont les fenêtres. «C’est une course contre la montre, surtout avec les grosses pluies dans la région.» Sans parler non plus des chauves-souris.

Une chaîne YouTube

Il montre les merveilles qui ont résisté au temps et aux voleurs : l’emblème familial sur les cheminées, les menuiseries sculptées centenaires, les vitres en forme de diamant… Une cheminée a été offerte par Lord Byron (1788-1824), raconte Hopwood DePree. Le poète romantique anglais aurait écrit plusieurs de ses poèmes dans le château. Le compositeur Frédéric Chopin (1810-1849) aurait joué dans la salle des banquets.

Hopwood DePree a lancé une chaîne YouTube pour partager son aventure où il ne manque pas d’autodérision sur ses talents très limités en bricolage. «J’essaie d’apprendre, mais ce n’est pas ma force. La plupart du projet, je la passe derrière mon ordinateur.» Il faut trouver des financements : le projet devrait encore coûter environ 10 millions de livres (11,6 millions d’euros). L’agence gouvernementale Historic England ou la commune de Rochdale participent.

Des habitants aident même à rénover les lieux. «Beaucoup sont attachés au château. Leurs ancêtres travaillaient ici. À son apogée, c’était un des grands employeurs de la région, qui est aujourd’hui l’une des plus pauvres d’Angleterre», raconte le néo-châtelain.

À terme, Hopwood Hall devrait accueillir des concerts, des expositions et des mariages dans les jardins. Hopwood DePree espère arriver au bout du projet dans cinq ans : «Parfois le soleil de Los Angeles me manque. Mais je n’ai pas de regret. Je me sens à la maison ici!».

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