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[Mondial-2022] Pour les travailleurs migrants, un Mondial « à moindre coût »


Le temps de la Coupe du monde de football, le Qatar attire un nombre inédit de travailleurs parmi les plus pauvres de l'émirat. (Photo AFP)

Le temps du Mondial, les travailleurs migrants peuvent suivre les matchs dans un quartier reculé, loin des fastes de la capitale.

Vêtu d’un maillot argentin payé moins de trois euros, Shafeeq Saqafi s’installe parmi 15 000 autres travailleurs migrants du Qatar dans un stade d’un quartier reculé de la capitale Doha pour regarder sur écran l’équipe de Lionel Messi jouer son deuxième match du Mondial-2022 samedi.

Voisin d’un centre commercial et de salles de cinéma dans un complexe de divertissement destiné aux migrants d’Asie du Sud baptisé « Asian Town », ce terrain accueille habituellement des matches de cricket.

Le temps de la Coupe du monde de football, il attire un nombre inédit de travailleurs parmi les plus pauvres de l’émirat, vivant dans des dortoirs à proximité, loin des fastes du centre de Doha. Cette fan zone, où une DJ divertit la foule majoritairement masculine avec des chansons pop hindi et des vidéos de Bollywood, est ce qui les rapprochera le plus du Mondial, à défaut d’avoir obtenu un des quelques milliers de billets de match vendus pour 40 riyals qataris (10 euros).

Venus assister à la victoire 2-0 de Messi et des siens contre le Mexique, Saqafi et ses amis supporters de l’Argentine n’apprécient guère que des médias européens les soupçonnent d’être de « faux fans » payés par le Qatar. Ils admettent, par contre, avoir acheté des maillots contrefaits, faute de pouvoir dépenser 90 euros pour les originaux.

« C’est très dur au Qatar »

« Je ne pouvais pas me permettre de faire imprimer un nom dans le dos mais ce maillot était quelque chose que je voulais vraiment », explique l’homme de 32 ans, qui gagne un peu plus de 400 euros par mois dans l’hôtellerie et en envoie plus de la moitié à sa famille au Bangladesh.

« C’est très dur au Qatar, le travail est dur. Mais mon salaire s’est amélioré et je ne rentrerai pas chez moi », raconte Yaseen Gul, employé depuis dix ans par une entreprise d’électricité et venu au stade « pour s’amuser à moindre coût ». Ici, une tasse de thé coûte moins d’un euro. C’est encore trop pour certains mais « il n’y a aucune pression pour acheter quoi que ce soit, donc j’en suis reconnaissant », commente Shaqeel Mahmoud.

Contraint de quitter les lieux avant le coup de sifflet final pour aller travailler, ce Bangladais n’avait pas les moyens d’acheter des billets de match.

2,5 millions de travailleurs étrangers

Saqafi, Gul et Mahmoud sont quelques uns des 2,5 millions de travailleurs étrangers sur lesquels repose le miracle économique qatari, pompant le pétrole et le gaz, construisant les stades et infrastructures de la Coupe du monde et faisant tourner les dizaines d’hôtels qui ont ouvert ces cinq dernières années.

Des ONG affirment que ces travailleurs sont massivement maltraités. En réponse, le Qatar souligne avoir instauré un salaire minimum d’environ 265 euros, amélioré les normes de sécurité, réduit les heures de travail pendant les très fortes chaleurs estivales et mis en place un système de compensation des salaires non versés.

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