Vol d’une montre et deal à la gare : toutes premières fois

Zahir et Kelvin prétendent ne jamais avoir commis de délits auparavant. Leurs situations précaires les y auraient contraints et ils ne souhaitent rien d’autre que revoir leurs familles.

«Zahir est plus un imbécile qu’un criminel»

Le 29 juin 2021, vers 14 h 50, Jean se trouvait dans l’ascenseur qui mène au parking Hamilius, à Luxembourg, quand il a été rejoint par Zahir. Entre deux étages, l’Algérien de 40 ans a dépouillé l’homme de sa montre de luxe d’une valeur de 6 500 euros et l’a blessé au poignet au passage. Il a ensuite revendu la montre pour 2 000 euros «à un ami».

Son ADN a été retrouvé sur la veste de sa victime. Ce qui a permis à la police de remonter sa trace jusqu’en Belgique, où Zahir vit avec son épouse et ses quatre enfants.

«J’étais venu au Luxembourg pour trouver du travail. C’était la première fois que je commettais un tel acte», s’est excusé le prévenu à la barre de la 16^e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

«C’était la première fois au Luxembourg, oui. En Espagne, vous avez un casier bien chargé pour des vols divers», rétorque le président d’un ton ferme. «J’ai été expulsé de mon domicile en Espagne. J’ai dû voler pour subvenir aux besoins de ma famille. Ma femme n’était pas contente», a tenté de se justifier Zahir.

«Il a des antécédents en Italie et en Grèce également», ajoute le représentant du parquet avant de requérir une peine de prison de 24 mois à l’encontre du prévenu. Le magistrat n’a pas jugé opportun de le condamner à une amende étant donné sa situation financière.

«Zahir est plus un imbécile qu’un criminel», a constaté son avocat pour sa défense. Il en veut pour preuve la difficulté avec laquelle il a réussi à voler la montre et le prix bas auquel il l’a revendue. Des indices, selon lui, suffisants pour démontrer que «le prévenu ne fait pas partie d’un réseau de voleurs professionnels». Zahir serait passé à l’acte de manière «spontanée», suivant une pulsion.

L’avocat a demandé au tribunal de limiter la peine de prison ferme à la durée de sa détention préventive et d’assortir le reste d’un sursis. Mais le tribunal l’entend d’une autre oreille. «Ce n’est pas sa première rencontre avec un tribunal européen», a noté le juge. «J’ai peur qu’après étude de ses casiers judiciaires, il n’y ait plus de mesure de sursis possible pour lui.»

Kelvin : «Please, je ne recommencerai plus»

«Please, je ne recommencerai plus, please.» Kelvin supplie le tribunal de ne pas le renvoyer en prison pour de longs mois. Le jeune homme de 29 ans d’origine nigérienne est entre autres accusé d’avoir vendu de la drogue dans le quartier de la gare, à Luxembourg, entre le mois de juin 2021 et le 21 septembre 2022.

Ce matin-là, des policiers en patrouille ont repéré Kelvin devant un café de la rue de Strasbourg alors qu’il était en contact avec un toxicomane et ont décidé de garder un œil sur lui. Ils observeront plusieurs autres contacts.

«Nous l’avons vu approcher la main de sa bouche, ce qui est un geste typique des dealers», a expliqué à la barre un policier présent le jour des faits. Les dealers récupèrent ainsi les boules de drogue qu’ils cachent dans leur bouche ou régurgitent.

«Nous avons également observé deux toxicomanes connus lui remettre de l’argent», a poursuivi le policier qui a précisé avoir à plusieurs reprises contrôlé l’identité du prévenu dans le quartier de la gare par le passé, mais jusque-là pas dans le cadre d’affaires impliquant des stupéfiants. Les policiers ont laissé plusieurs deals avoir lieu avant d’appréhender Kelvin. Il avait ingéré six boules de cocaïne.

Le procureur a requis une peine de 18 mois de prison et ne s’est pas opposé à un sursis. Kelvin a continué de jurer qu’il ne recommencerait plus. Il dit vouloir trouver un emploi et rejoindre sa famille en France. M^e Says, son avocat, a prié les juges de ne prendre en compte que la journée du 21 septembre 2022 et de ne pas considérer la période d’action estimée.

Il a également demandé que la peine de prison ferme que le jeune homme encourt n’excède pas la durée de sa détention préventive et de rester sous les 18 mois quant à la durée totale de la peine prononcée.

Les deux prononcés sont fixés au 23 mars.