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Violences domestiques : «La vérité est ailleurs», pour l’avocat du prévenu


Les histoires d’amour finissent mal en général, paraît-il. (photo archives LQ/Fabrizio Pizzolante)

Paul et Beth n’étaient pas faits pour vivre ensemble, selon Me Feltgen qui a tenté de reporter une partie de la responsabilité des faits reprochés à son client sur son ancienne amie.

Bien que Paul soit un citoyen britannique, le sexagénaire n’apparaît pas comme un gentleman à la barre de la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg alors que le président détaille l’acte d’accusation. Coups et blessures volontaires, vols, injures, atteinte à la vie privée et harcèlement obsessionnel contre Beth. Paul nie tout. «Nous avons eu une relation compliquée, mais je n’ai jamais frappé ou injurié personne», se défend-il. Il présente au contraire son ancienne compagne comme une furie rongée par la jalousie.

Paul lui aurait cassé le poignet droit en lui claquant une porte au nez lors d’une dispute au domicile de Beth. À plusieurs reprises, il lui aurait violemment arraché les clés de la voiture des mains ainsi que son smartphone. Il l’aurait filmée sans son accord à son domicile et aurait commis une violation de domicile avec violence. Le prévenu serait manipulateur, colérique, jaloux et violent, surtout sous l’empire de l’alcool, selon les proches de Beth qui prétendent que la presque sexagénaire aurait vécu sous emprise et dans la peur.

La relation entre Paul et Beth a duré un peu plus d’un an entre 2018 et 2019. «J’essayais de le faire partir depuis le mois de juin 2018, mais il revenait toujours. Il me faisait des promesses qu’il ne tenait jamais ou des déclarations d’amour folles», raconte Beth. «Il me menaçait. Il m’a filmée après deux heures de dispute en disant qu’il allait me faire passer pour folle.» Pendant des mois, après leur rupture, il ne l’aurait pas laissée respirer, se montrant passif-agressif. «J’ai dû le bloquer sur mes réseaux sociaux. Il m’envoyait des lettres d’amour manuscrites, des photographies de moi à moitié nue sur mon adresse e-mail professionnelle, qui était contrôlée. Il venait aux événements organisés pour les expatriés où je me rendais. Il a amené les fameuses photographies encadrées sur mon lieu de travail…»

Toutes les nuances de gris

Paul en a, semble-t-il, fait voir de toutes les couleurs à son ancienne amie. «Une amie de la victime présumée m’a contacté pendant mon enquête pour me prévenir que Paul tentait d’intimider Beth en lui disant qu’il me connaissait et que l’enquête allait tourner en sa faveur», reconnaît l’enquêteur de la police, qui a demandé à être déchargé de l’enquête. «Il ne la lâchait pas. J’ai vu ma sœur changer. Je l’ai entendue en détresse», témoigne la sœur de Beth. «Elle me relayait tout ce qu’il lui envoyait au cas où il devait lui arriver quelque chose.» Interrogé à son tour, Paul minimise les faits, les réfute, accuse Beth. «Je ne suis pas la personne décrite ici», lance le prévenu, «triste» et dépité.

Pourtant, les déclarations des témoins des différents faits reprochés à Paul ainsi que les déclarations «précises et circonstanciées» de la victime présumée et les échanges de messages confirment les faits et ce portrait peu flatteur, selon le représentant du parquet. Les infractions sont, selon lui, données. «Il n’a pas manifesté le moindre remords et n’a rien appris de son expérience», estime le magistrat avant de requérir une peine de 24 mois de prison et une amende appropriée contre Paul. La victime présumée s’est, quant à elle, portée partie civile et demande 20 000 euros pour préjudice moral et matériel.

«Pour se disputer, il faut être deux», note Me Feltgen, l’avocat de Paul, avant de comparer leur histoire aux «opéras italiens dans lesquels les ténors mettent trois heures à mourir» et à «un sapin de Noël qui clignote» : «Certaines personnes ont besoin de plus de temps que d’autres pour digérer une rupture.» Son client n’avait peut-être pas conscience de ce qu’il a fait endurer à la victime présumée, a avancé l’homme de loi.

«Ce n’est pas noir ou blanc. On a toutes les nuances de gris dans cette affaire. Retenons qu’ils n’étaient pas faits pour être ensembles.» Et de souligner que «le seul point objectif dont nous disposons est le poignet cassé». Mais, là encore, le sort de son client dépend de la version de l’accident que le tribunal va choisir de retenir. Les vols, la violation de domicile et le harcèlement ne sont pas à retenir dans le chef de son client, plaide-t-il, avant de conclure sur une citation tirée de sa série télévisée préférée : «La vérité est ailleurs.»

Le prononcé est fixé au 23 mars.

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