Sur le Glacis, Alice Hartmann fait la fête

La fête des Vins et Crémants a débuté vendredi soir, sur le Glacis. Parmi les 46 producteurs réunis sous la grande tente du Glacis, le domaine Alice Hartmann propose un coffret exceptionnel.

Elle avait pas mal voyagé les années précédant la pandémie (halle Victor-Hugo, Tramschapp, la Coque, chapiteau du Cirque de l’avent), mais elle semble désormais avoir trouvé sa place. Comme l’an passé, la fête des Vins et Crémants s’est installée sous les grandes tentes qui étaient occupées jusqu’au week-end dernier par la Luxembourg Art Week et tout le monde a l’air de s’y plaire.

Les visiteurs, en tout cas, avaient plébiscité l’évènement en 2021 : les grands espaces chauffés avaient accueilli 3 000 visiteurs. Comme aux meilleures années, ils étaient venus nombreux faire le déplacement pour profiter de la présence des vignerons mosellans au cœur de la capitale. Ils avaient raison, il n’y a finalement pas de meilleure occasion pour retrouver autant de producteurs au mètre carré !

Et puis, rien n’empêche d’aller rendre visite un peu plus tard à ses vignerons favoris directement chez eux, au cœur du vignoble. C’est tout de même là que l’on profite le mieux de ses explications.

Parmi la presque cinquantaine de vignerons présents ce week-end, arrêtons sur l’un de ses plus illustres : le domaine Alice Hartmann, à Wormeldange. Exceptionnellement, il offrira à la dégustation six fantastiques rieslings de l’extraordinaire millésime 2018 servis en magnums. Cette année avait été aussi chaude et ensoleillée que 2022, mais avec un peu plus de précipitations, tout ce qu’il faut pour obtenir le cocktail magique qui permet de créer les plus grands vins.

Ces six rieslings proviennent tous de vignes luxembourgeoises plantées sur les meilleurs coteaux de la Moselle. On y trouve le Wintrange Felsberg, le Ahn Palmberg, le Grevenmacher Fels et, bien sûr, l’âme du domaine : la Wormeldange Koeppchen représentée par trois bouteilles, les Terrasses de la Koeppchen, la Sélection du Château et le Cœur de la Koeppchen.

Arrêtons-nous sur cette dernière bouteille qui est une vraie rareté. «Nous ne la produisons que les meilleures années, explique le directeur commercial du domaine, André Klein. Nous n’en avons pas refait depuis 2018.» La qualité de ce vin très haut de gamme vient d’abord et avant tout de la qualité du travail réalisé dans les vignes.

Tous les raisins proviennent des meilleures parcelles de la Koeppchen, qui ont été vendangées plus tardivement. «Ce n’est pas pour autant un vin sucré, ce n’est pas une vendange tardive mais un vin d’une grande profondeur et d’une grande complexité», explique André Klein.

Laisser du temps au temps

Son originalité tient aussi de sa méthode de vinification. Ce riesling a réalisé sa fermentation spontanée en barrique (sans apport de levures, seules celles contenues sur les raisins et dans l’atmosphère lancent le processus), avant de vieillir en cuve inox. L’inverse de ce qui se pratique habituellement.

«Le vin fermente dans des barriques anciennes et on ne soupçonne même pas la présence du bois, avance le directeur commercial. Avec le maître de chai Hans-Jörg Beffort, nous avons eu cette idée il y a longtemps et les premiers essais s’étaient montrés très concluants. Nous avons décidé de la mettre en pratique uniquement pour ce vin extraordinaire.»

Puisque la fermentation est spontanée, elle n’est techniquement pas contrôlable. La qualité des raisins doit donc être parfaite pour qu’il conserve une pureté absolue, sans aucune déviance.

Rien ne presse pour élaborer ce riesling, le temps du vin est celui du vigneron. Le maître de chai laisse le vin faire sa fermentation aussi longtemps qu’il en a besoin. Le contact avec le bois permet une micro-oxygénation qui libère les arômes et apporte une élégante structure. Une fois que les enzymes ont fait leur travail, les vins remplissent une cuve inox à l’abri de l’air.

Là non plus, rien ne presse. «Le Cœur de Koeppchen reste plus longtemps que tous nos autres vins au contact des lies, cela renforce son identité, relève André Klein. Le millésime 2018 a été mis en bouteille en 2020.»

Alice Hartmann, pour les clients, c’est la référence, notre meilleure vente. Avec ça, ils savent qu’ils seront bien

Cette patience donne beaucoup de corps à cette bouteille qui défie littéralement le temps. Ce riesling possède toutes les caractéristiques du vin qui verra passer les décennies avec grâce : un peu de sucre, une acidité d’une noblesse folle et un équilibre parfaitement maîtrisé. Il est déjà grand aujourd’hui, mais on voudrait déjà être 2042 pour voir comment la patine des années l’aura transformé.

Si nous parlons de ce vin, et plus largement de ces rieslings, c’est parce que le domaine a eu la riche idée de les assembler ensemble, dans un coffret… uniquement en magnums! «Le magnum (NDLR : 1,5 litre, l’équivalent de deux bouteilles classiques) est le meilleur format pour conserver les vins, appuie André Klein.

Le millésime 2018 méritait que l’on créé ce coffret qui permettra aux amateurs de rieslings de se rendre compte de la fantastique qualité de nos terroirs. Généralement, nos vins sont bus trop jeunes mais là, ils sont déjà très bons à boire. Ils n’ont pas encore atteint leur apogée, mais ils sont déjà intéressants!» Évidemment, l’exception a un prix, le coffret en bois cerclé et sérigraphié avec la carte de la Moselle coûte 425 euros.

Servi au Crillon par Xavier Thuizat

André Klein a déjà fait déguster ces vins à Paris, entouré de quelques-uns des meilleurs sommeliers au monde, Philippe Faure-Brac (meilleur sommelier du monde en 1992), Olivier Poussier (meilleur sommelier du monde en 2000) ou David Biraud (meilleur sommelier de France en 2002). « Ils m’ont tous dit que cette caisse était exceptionnelle, que déguster ces magnums de vins différents provenant d’un même millésime était unique.»

Pour rester dans la capitale française, le domaine Alice Hartmann est également référencé sur la carte des vins du Crillon, concocté par le tout nouveau meilleur sommelier de France, Xavier Thuizat. Notons cette initiative aussi originale que passionnante qu’est L’Écrin, la table ultime de cette belle adresse, où l’on choisit d’abord le vin avec le sommelier avant que le chef Boris Campanella créé le meilleur accord avec la bouteille.

Un rêve d’œnophile forcément hors de prix. Si le Gault & Millau s’emballe sur la qualité d’exécution du concept, il qualifie la note d’«évidemment stratosphérique» !

Mais il n’y a pas besoin de se rendre en France pour découvrir un riesling Alice Hartmann en format magnum. La Brasserie Guillaume, sur le Knuedler (Luxembourg), sert aussi le riesling Koeppchen Les Terrasses au verre dans des magnums de 2018. Pas besoin d’acheter une caisse complète, pour 9,80 euros, on peut découvrir à table ou au comptoir un verre de ce très grand riesling.

Dans le Vinorama de l’été dernier, le patron de la Brasserie Guillaume, Sébastien Sarra, revenait sur l’incroyable popularité de cette offre :  «Le domaine Alice Hartmann, pour les clients, c’est la référence, notre meilleure vente. Comme les huîtres Gillardeau ou les carpaccios, ce sont des produits qui rassurent. Avec ça, les clients savent qu’ils seront bien.»

La fête des Vins et Crémants est aussi faite pour ça, la Moselle luxembourgeoise est pleine de surprises pour qui sait se montrer curieux.