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Photovoltaïque : pas assez de poseurs face à l’explosion de la demande


Si la fourniture du matériel ne pose pas problème, la pénurie de main-d’œuvre solidement formée plombe l’activité. (photo d'illustration Adobe Stock)

Alors que l’État pousse les ménages à s’équiper en panneaux solaires à grands coups de subsides, les installateurs qualifiés ne sont pas assez nombreux pour répondre à la demande qui a explosé en 2022.

L’engouement pour l’énergie solaire n’a fait que grimper ces dernières années au Grand-Duché, comme le montrent les chiffres de l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR), qui annonçaient la mise en service de 1 264 nouvelles centrales photovoltaïques au cours de 2021, et un bond de 48 % de la capacité de production en l’espace d’un an – un record.

Une croissance qui s’est poursuivie l’année dernière, à la faveur d’incitations financières, et qui va sans doute exploser en 2023 alors que la subvention pour l’installation de panneaux voltaïques est désormais 25 % plus élevée, et que la TVA passe au taux réduit de 3 %.

Concrètement, un ménage qui souhaiterait équiper sa maison individuelle en optant pour l’autoconsommation – sans injecter sa production dans le réseau – pourra bénéficier, jusqu’à la fin de l’année, d’un subside étatique allant jusqu’à 7 500 euros pour une puissance de 6kWc (soit 20 panneaux).

«Il n’y pas toujours eu de soutien au photovoltaïque, c’est plutôt récent», observe Abel Lovasz, coresponsable de la société spécialisée Ecoclima. «Les mesures étaient déjà très attractives en 2022. Ça a été une année vraiment folle : on a eu du mal à gérer. Cet automne, on comptait entre cinq et dix demandes par jour», poursuit-il, ajoutant que ses concurrents ont tous connu ce pic.

Le professionnel estime que la hausse des prix de l’énergie a beaucoup joué, mais cite aussi une conscience écologique plus forte et des prix plus abordables qu’auparavant. Avec l’entrée en vigueur des bonus supplémentaires, il se prépare de nouveau à des appels en cascade.

Au ministère de l’Énergie, on indique avoir renforcé les équipes pour anticiper une importante vague de demandes, et surtout, éviter les délais à rallonge : en 2022, les agents de l’administration de l’Environnement s’étaient retrouvés submergés, accusant un retard de près de douze mois, voire plus, dans le traitement des dossiers. Une situation qui se normalise lentement.

Mais au-delà du coup de pouce financier, l’enjeu principal du photovoltaïque est bien celui de la fourniture et de la pose de ces installations sur les toits luxembourgeois. En effet, si les stocks de matériel semblent suffisants, les artisans sont confrontés à de sérieux problèmes de recrutement qui les forcent à réduire la voilure : «On a quasiment stoppé la publicité, parce que notre planning est déjà complet jusqu’à fin juin, et nous n’avons que six ouvriers disponibles», déplore Abel Lovasz.

«Obligés de freiner en pleine expansion»

Il aimerait embaucher mais n’y parvient pas, malgré des efforts constants : «Trouver des profils qualifiés est extrêmement compliqué dans notre métier. Il faut cumuler une formation d’électricien et de l’expérience en travaux sur toiture. Sans compter que la technologie évolue sans cesse», décrit-il, précisant qu’il reçoit de nombreux CV sans dénicher la perle rare.

Alors, pour contrebalancer ce manque à gagner qui pèse sur son chiffre d’affaires, l’entrepreneur sélectionne maintenant les projets qu’il juge les plus rentables.

Si la Chambre des métiers garantit qu’elle transmet les compétences nécessaires à la fois par l’apprentissage, le brevet de maîtrise et la formation continue, le patron d’Ecoclima confie que, sur le terrain, il «ne le constate pas vraiment». Un brin amer, il salue néanmoins les mesures gouvernementales qui vont «dans le bon sens», tout en déplorant le manque de personnel : «Dommage qu’on soit obligés de freiner en pleine expansion», soupire-t-il.

La transition énergétique, côté entreprises cette fois, figure au programme de quatre ministres mardi prochain : Franz Fayot, Lex Delles, Joëlle Welfring et Claude Turmes lanceront leur «Klimapakt fir Betriber» lors d’une table ronde face aux représentants de l’artisanat. Nul doute que leurs défis actuels, dont celui du recrutement, s’inviteront dans les débats.

2 plusieurs commentaires

  1. Pas que la demande, les prix ont aussi explosé. Si on n’est pas gros consommateur, l’investissement ne se paie pas avant un horizon de 20 ans et encore. Si on est gros consommateur, mieux vaut faire des économies.

  2. Ben oui à force de dire à nos enfants depuis des décennies de choisir les métiers mieux payés et plus propre , puisque ces métiers étaient mal payés et les conditions de travail assez dur aujourd’hui ce n’est peut-être plus le cas mais les jeunes s’orientent plus vite vers des métiers de bureau et autres services et le manque se fait sentir maintenant. Il faut revaloriser et revitaliser les métiers manuels pour que demain les jeunes s’y intéresse à nouveau

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