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Moselle : le tourisme transfrontalier a besoin d’aide


Schengen est le point pivot des trois frontières, le symbole de ce dynamisme touristique autour des trois frontières. (Photo : archives lq/alain rischard)

Tous les acteurs touristiques de la Moselle, qu’ils soient luxembourgeois, allemands ou français, travaillent ensemble pour créer une offre transfrontalière cohérente. Ils demandent plus de moyens.

À l’heure où l’on se bat aux portes de l’Europe pour défendre ses frontières, il faut mesurer la chance de vivre dans une région où ces limites n’interfèrent plus dans notre vie de tous les jours. Ici, il n’est pas rare de faire ses courses dans trois pays différents au cours de la même journée, en payant toujours avec la même monnaie et sans avoir à ouvrir son coffre sur les injonctions des douaniers.

Comme l’a fait remarquer Lex Delles, le ministre du Tourisme, le 16 décembre lors d’une conférence de presse organisée par les programmes Leader Miselerland et Moselfranken à Remich : «Nous nous sommes faits très vite à cette nouvelle réalité, mais il s’agit d’un sentiment récent qu’il faut entretenir. Regardez, pendant les confinements, les réactions des habitants des trois frontières lorsqu’ils ont vu les militaires allemands sur les ponts frontaliers et les gendarmes français stationnés sur les anciens postes-frontières : tout le monde a été choqué de voir que les États ne considéraient pas ces territoires de la même manière que les habitants.»

La randonnée, point de départ de la coopération transfrontalière

Cette conférence de presse instructive avait été convoquée pour présenter les résultats d’une étude commandée par les deux groupes d’action locale (GAL) Leader Miselerland et Moselfranken. Intitulée «Coopération touristique sans frontières», elle a permis d’analyser les forces et les faiblesses de ce projet touristique commun qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

Et effectivement, tout cela est très récent. Anne Jolas, la directrice du pôle Tourisme & Nature de la communauté de communes Bouzonvillois – Trois Frontières, en France), l’illustrait par cette anecdote : «Je suis arrivée ici il y a dix ans pour développer l’offre de randonnée et de cyclotourisme. Eh bien, lorsque je regardais le site de l’IGN (NDLR : Institut géographique national), la carte devenait totalement bleue au-delà de la frontière française. C’était absurde ! C’est pour cela que je me suis rapprochée de mes collègues luxembourgeois et français. La randonnée a été le point de départ de la coopération transfrontalière.»

Treize balades proposées

Depuis, les choses ont changé. Des cartes chevauchant allègrement les frontières existent enfin. La dernière en date est la réédition de Vélo sans frontières en trois langues (français, anglais et allemand), qui propose 13 balades.

Tous les acteurs touristiques, sans exception, en sont convaincus : l’avenir du tourisme mosellan passe par la création d’une offre commune et raisonnée entre les trois pays. Mais si l’organisation de petits projets est possible et effective, il est temps de passer à la vitesse supérieure. «La question n’est pas de développer une nouvelle destination, mais de créer l’interface qui nous permettra de coordonner nos projets et nos offres», soutient Stefanie Koch, la directrice de Saar-Obermosel-Touristik.

Aux États de jouer

C’est bien là que le bât blesse, comme l’a révélé l’étude. «Aujourd’hui, la coopération transfrontalière s’ajoute à notre travail quotidien, elle n’est pas considérée comme une mission autonome, relève Nathalie Neiers, la directrice de l’ORT Visit Moselle. Nous le faisons en plus de nos actions nationales et ce n’est pas toujours simple… Heureusement, nous travaillons ensemble depuis longtemps et nous sommes tous très engagés.»

Malgré toute notre bonne volonté, nous n’avons pas les ressources nécessaires

Stefanie Koch confirme : «Malgré toute notre bonne volonté, nous n’avons pas les ressources nécessaires pour ancrer durablement une offre touristique transfrontalière. Il existe déjà une bonne base, puisque nous aimons tous travailler ensemble, mais sans une aide politique forte, nous ne pourrons pas faire beaucoup plus.»

Présents au premier rang, Andy Becht (le secrétaire d’État à l’Agriculture de la Rhénanie-Palatinat) et Lex Delles ont bien reçu le message et ont applaudi des deux mains l’engagement de la région à s’unir professionnellement et fraternellement. «Pour un homme politique, il est toujours enthousiasmant de voir cette dynamique bottom-up (NDLR : de la base vers le sommet). Nous voulons cultiver cette Europe commune, a apprécié Andy Becht. La région est le berceau de nos démocraties, il faut la chérir.»

Développer le vivre-ensemble

L’étude considère que deux postes seraient nécessaires pour assurer cette coopération touristique transfrontalière. Marc Weyer, le président du Leader Miselerland, a bon espoir de pouvoir en financer un grâce au renouvellement du financement du programme européen qui aura lieu dans le courant de l’année prochaine. L’existence du Leader Miselerland est une chance, car il serait sûrement compliqué de créer un poste aussi rapidement sans lui.

Il n’y a plus qu’à espérer que ce service central transfrontalier se crée rapidement et qu’il donne l’impulsion d’une politique transnationale plus ambitieuse qui permettra de mieux mettre en valeur la région. Le thème principal deviendrait alors certainement la gastronomie et le vin, que l’on produit dans les trois pays. Les trois frontières ont la chance de compter sur l’engagement sans faille de ces acteurs locaux. Dans le contexte actuel, il serait impensable de se priver de ce dynamisme qui n’a qu’une motivation : développer ce vivre-ensemble et le faire connaître au monde entier. Croyons un peu en nos rêves : c’est Noël!

Quelques exemples

Via Mosel, Vin et architecture

Un groupe de travail composé d’opérateurs touristiques, de représentants de la filière viticole et d’architectes venus de l’ensemble de la vallée de la Moselle repère les domaines et les villages viticoles dont l’architecture est digne d’intégrer une liste de lieux considérés comme des valeurs sûres pour les visiteurs. Aujourd’hui, 78 domaines viticoles (55 en Allemagne, 19 au Luxembourg et 4 en France) ainsi que 27 villages viticoles (20 en Allemagne, 3 au Luxembourg et 4 ensembles en France) sont présentés sur le site internet plurilingue www.viamosel.com et sur les cartes distribuées dans les lieux touristiques des trois frontières. Pas moins de 52 guides touristiques ont déjà été formés par Via Mosel pour renseigner les visiteurs.

Application tourisme fluvial

L’office régional du tourisme Visit Moselle a rejoint en 2021 ses partenaires touristiques français pour créer une application mobile (Android et iOS) de tourisme fluvial transfrontalier. Elle permet de faciliter les échanges entre citoyens et la mise en réseau des ports de plaisance du côté français et luxembourgeois. Cette initiative permet de stimuler le tourisme de proximité et de mettre en valeur les balades sur la Moselle, le tourisme gourmand (vins, restaurants, produits du terroir), les randonnées pédestres, le cyclotourisme et le patrimoine culturel.

Strasse der Römer

La région, jadis conquise par les Romains, garde des traces de cette culture. Tous les grands sites antiques se trouvaient à l’époque le long des routes romaines, qui formaient un réseau dense et solidement construit. La Route des Romains se présente aujourd’hui comme un réseau routier virtuel permettant d’explorer le passé antique de la région. Le groupement d’action local Leader Miselerland l’a rejoint il y a huit ans pour développer la visibilité des sites romains de notre région. Depuis 2016, l’ORT a pris le relais.

M3 Trail

Le M3-Trail est un projet transfrontalier monté par l’ORT Région Moselle luxembourgeoise, le Centre européen Schengen, la commune de Perl (Allemagne), la Maison de la nature du Pays de Sierck (France) et Trois Frontières Tourisme (France). Ce sentier balisé de 33 km passe par les sites naturels et historiques remarquables, présentés par des panneaux qui jalonnent le tracé. On y trouve notamment des reliques de la Deuxième Guerre mondiale, auxquelles le musée européen de Schengen répond avec aplomb.

3 plusieurs commentaires

  1. Véro de Luxembourg Aveyron sans frontières

    Vu de l’Aveyron en tant que native et amoureuse du Pays des 3 Frontières, une offre commune serait tout à fait cohérente et je me ferais un plaisir de l’importer en Aveyron (sud de la France, région Occitanie) pour faire la promotion touristique et culturelle de notre si riche territoire transfrontalier Schengen et même si il est possible de trouver des partenariats, l’impulsion et le soutien politique fait toute la différence!

  2. ISABELLE PARADEIS

    à fond dans ces projets qui sont notre vraie culture, notre vrai pays, celui des Trois frontières !

  3. l’envie de mettre 1 seul pied en all. m’est coupé tout court, après leurs militaires avec MITRAILLETTES sur les ponts luxo…. pendant covid !!! nie wieder !!!

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