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[Mondial-2022] Ni écrans géants, ni fan zones au Luxembourg


La Ville de Luxembourg a annoncé, en septembre, qu’elle n’organisera pas de projections publiques pour la coupe du monde. (Photo : archives editpress)

Dans la lignée de nombreuses agglomérations européennes, les grandes villes luxembourgeoises n’organiseront pas de projections publiques de la coupe du monde. Si la plupart invoquent des raisons de sobriété énergétique, la ville de Differdange déplore, pour sa part, le «bilan humain et écologique».

À seulement quelques heures de l’ouverture, la coupe du monde demeure sous le feu des critiques. Les raisons de cette grogne sont multiples, allant des modalités d’attribution de la compétition aux conséquences environnementales générées par les installations.

Les conditions de travail indignes infligées aux ouvriers ont également fait l’objet de critiques exacerbés, qui se sont intensifiés après la publication du nombre de travailleurs immigrés décédés au Qatar entre 2011 et 2020 : 6 500, selon le Guardian.

Naturellement, la question du boycott s’est invitée dans ce boucan médiatico-politique. Si quelques personnalités sont sorties du silence pour fustiger la tenue de cette coupe du monde, à l’instar d’Eric Cantona, c’est finalement les villes qui ont le plus initié une forme de rejet à travers le monde, en refusant de projeter publiquement les matchs.

Berlin, Bruxelles ou encore Paris font partie de cette liste d’agglomérations qui n’installeront pas d’écrans géants ou de fan zones pour la compétition. Néanmoins, le boycott politique reste une raison parmi des dizaines : situation sanitaire incertaine ou épargne énergétique sont également des justifications brandies par les villes pour ne pas maintenir de public viewing.

Au Luxembourg, la question a été tranchée par la quasi-totalité des municipalités : «Il n’y aura pas de diffusion de la coupe du monde dans les lieux publics», s’accordent les villes de Luxembourg, Ettelbruck, Differdange et Esch-sur-Alzette.

«C’est impensable une tente chauffée en extérieur» 

Alors que la plupart des villes ont arboré les couleurs de la sobriété, la tenue de diffusions publiques à cette période de l’année sonne comme une «aberration énergétique», voire un paradoxe, au regard du contexte international.

Le 26 juillet dernier, à la suite d’un accord entre les différents États de l’Union européenne concernant une réduction de la demande de gaz naturel, le gouvernement a annoncé une série de préconisations, adressées notamment aux communes.

Rapidement, ces dernières ont communiqué un paquet de mesures visant à réduire drastiquement la consommation énergétique des infrastructures et événements publics : «La Ville de Luxembourg a annoncé lors de sa conférence de presse relative aux mesures d’économies d’énergie, en septembre, qu’elle n’organisera pas de projections publiques pour la coupe du monde», rappelle Christopher Probst, chargé des relations publiques à la Ville.

Lors des dernières grandes compétitions de football, ayant traditionnellement lieu pendant la période estivale, la capitale organisait des public viewing sur la place Guillaume II et, plus récemment, sur le champ du Glacis.

Pour la finale de la coupe du monde 2018, la ville de Luxembourg avait aménagé une projection au Glacis. (photo : archives editpress)

Par le passé, la ville d’Ettelbruck avait également pour coutume d’aménager un dispositif en extérieur pour permettre à ses habitants de suivre les finales de coupe du monde et d’Europe. Sans surprises, la place de l’Église demeurera silencieuse cette année : «La compétition aura lieu en hiver, donc nous ne pouvons pas organiser un public viewing. Il fait définitivement trop froid et le Däichhal, la salle de la ville, est occupé pour la période de fin d’année pour des fêtes de personnel», informe Nathalie Ney, chargée de communication avec le citoyen.

La ville d’Esch-sur-Alzette tiendra, de son côté, une buvette officielle au Centre Henri Schmitz, sans pour autant organiser la projection des matchs, qui dépendra totalement des clubs sportifs : «En été, c’est plus festif, c’est un autre état d’esprit. Mais avec les contraintes hivernales et la crise énergétique, c’est impensable d’installer une tente chauffée en extérieur pour une projection», détaille Luc Schloesser, chargé des relations publiques à la mairie d’Esch-sur-Alzette.

«Un désastre écologique et humain» 

Parmi les villes interrogées, seule Differdange s’est positionnée frontalement sur le sort des travailleurs et le triste bilan environnemental d’une telle organisation : «La Ville annulera la retransmission des quarts de finale, de la demi-finale et de la finale pour un évènement qui s’annonce comme un désastre écologique et humain», pouvait-on lire dans le compte rendu du conseil communal, qui a acté sa décision le 26 octobre dernier.

La climatisation à ciel ouvert pour des stades à usage unique, les conditions de travail «déplorables» des ouvriers, le bafouement des droits humains… Tous ces éléments font partie du lot de motifs justifiant l’annulation du public viewing à Differdange, qui exhibe également la contradiction entre la situation actuelle et la tenue de cette compétition.

«On avait prévu un budget pour la diffusion, mais nous sommes en pleine période de crise énergétique et d’inflation, alors que dans le même temps, on construit des stades avec de l’air conditionné, détaille Paulo Aguiar, échevin en charge du sport à la ville de Differdange. Les initiatives des grandes villes, notamment en France, ont également été un déclic. Le rôle d’une ville est de permettre aux habitants de se réunir autour du sport, mais il est plus important de les sensibiliser sur ce qui se passe autour. On ne va pas accepter qu’il y ait des morts pour une compétition.»

Dans la mesure où Differdange est une ville qui respire le football, avec de nombreux habitants aficionados du ballon rond, cette prise de position peut sembler épineuse. Néanmoins, elle n’en demeure pas moins assumée : «C’est une décision politique, mais je pense que c’est la bonne», conclut Paulo Aguiar.

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