Les femmes reprennent les rues

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, des communes se mobilisent pour redonner aux femmes l’espace public qui leur est dû.

La Journée internationale des droits des femmes, qui se déroule aujourd’hui, est l’occasion de rappeler qu’entre autres inégalités entre les hommes et les femmes, la moitié de la population reste largement sous-représentée dans l’espace publique. La rue n’est en effet pas un espace neutre, quand en dehors des noms issus de la géographie et du végétal, elle sert à rendre hommage à des personnes illustres qui ont fait l’Histoire. Cela devient même discriminant lorsqu’on oublie volontairement celles qui l’ont marquée.

Une injustice que plusieurs communes ont décidé de dénoncer, sous l’impulsion du Conseil national des femmes du Luxembourg (CNFL) et avec le soutien du Syvicol, le syndicat des 102 communes du pays. Durant trois semaines, à partir d’aujourd’hui et jusqu’à la fin du mois de mars, onze communes vont ainsi mener une action symbolique en affichant le nom de femmes méritantes sur un total de 84 rues et lieux publics (voir encadré).

Bien loin d’être un caprice de bonne femme, comme d’aucuns pourraient le laisser entendre, l’enjeu est en fait politique, comme le rappelle le CNFL : la «mémoire officielle est sélective, il est important de ne pas oublier des femmes méritantes et engagées, et de les rendre visibles dans les lieux publics».

C’est en 2009 que le projet «Les rues au féminin» a vu le jour. Le recensement des rues portant le nom de femmes au Grand-Duché effectué à l’époque est alors tout à fait révélateur du manque de reconnaissance des femmes méritantes dans la vie publique : seul 1,5 % des rues est dédié aux femmes, contre 17 % aux hommes, comme le rappelle le CFNL sur le site spécialement consacré à ce projet : www.rues-au-feminin.lu.

Une prise de conscience de cette injustice a permis à la situation d’évoluer – quoique très lentement. Lors du recensement de 2015, le nombre de rues dédiées à une femme est passé de 57 à 87. En 2022, il atteint 134. Un mieux, mais qui ne représente tout de même que 2,6 % des rues du Luxembourg (contre un maintien aux alentours de 17 % pour les rues conjuguées au masculin).

Des QR codes à scanner pour accéder aux biographies

En parallèle, depuis le début du mois de mars, plusieurs communes du pays (seize à ce jour), à l’instar d’Esch-sur-Alzette, Differdange, Bettembourg ou encore Schifflange, ont décidé d’accroître la visibilité des personnalités féminines auxquelles elles ont déjà dédié officiellement une rue, une place ou une bâtisse.

Des plaquettes fixées sous les panneaux déjà existants et dotées d’un QR code à scanner renvoient désormais vers la biographie de la femme mise à l’honneur et à diverses informations disponibles en trois langues (français, allemand, anglais) sur le site «Les rues au féminin».

Toutes ces actions ont pour but «de sensibiliser à la fois les responsables politiques communaux et le grand public à augmenter la visibilité des femmes méritantes dans l’espace public», explique le CNFL, qui espère que «davantage de nouvelles rues, de nouveaux bâtiments ou de places publiques» seront à l’avenir dénommés d’après des femmes.

Mais les célébrations autour de la Journée internationale des femmes ne se limiteront pas aux projets de rues au féminin. De nombreuses activités seront par ailleurs organisées au cœur des communes tout au long du mois de mars, avec le soutien du CNFL : diffusion de films à Dudelange, soirée d’information et d’échanges sur le thème «Sexualité, émotions, genre et égalité» à Esch, exposition à Schifflange, marche à Mamer, table ronde à Steinfort…

Le programme complet est à retrouver sur communes.cnfl.lu. Les photos des actions seront publiées sur Instagram (cnflluxembourg) et Facebook (Conseil National des Femmes du Luxembourg asbl).