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Le «Pavillon de la source Bel-Val» a des choses à raconter


Sur les îlots du pavillon se trouve une expérience immersive, avec un conte audio et de la réalité augmentée afin de replonger les visiteurs dans l’histoire de la source de Belval.

Objet architectural inédit, le «Pavillon de la source Bel-Val», officiellement présenté ce mardi 2 mai, est à la fois un lieu de détente et une immersion dans le passé de Belval et de sa source.

Près de 90 ans après la fin de son exploitation en 1935, la source d’eau minérale de Belval refait surface avec l’inauguration officielle ce mardi matin du «Pavillon de la source Bel-Val». Construit dans le cadre d’Esch 2022, le programme de capitale européenne de la culture, le site de 1 000 m2 se trouve dans le parc Um Belval, à deux pas de l’emplacement de la source. Comme des nénuphars sur l’eau, ces trois îlots sont l’œuvre du collectif d’architectes BeBunch, vainqueur du concours de projets de pavillon organisé en 2020 par la commune de Sanem. Associé à Ney & Partners pour l’ingénierie et à Laura Mannelli pour la scénographie, le collectif a sorti de terre ce lieu en deux ans, pour des travaux à hauteur de 1,4 million d’euros financés par la commune et Agora. 

Inédit dans sa construction en forme d’archipel entouré de bassins d’eau, le but du pavillon est d’abord de «mettre en valeur le passé de Belval et de la source», explique Simone Asselborn-Bintz, bourgmestre de Sanem. Un patrimoine historique que même les locaux ont tendance à méconnaître. «L’eau de Belval était une eau de table vendue jusqu’en Chine au XXe siècle mais peu de gens le savent», regrette l’édile.

En 1924, au pic d’activité de la Société anonyme générale des eaux minérales de Bel-Val, 2 millions de bouteilles sont produites. Riche en sels minéraux, calcium et fer, l’eau est reconnue pour ses vertus curatives et collectionne les récompenses pour sa qualité. La belle réussite s’arrête après la Grande Dépression de 1929, la crise économique mettant un terme à la production sept années plus tard. Racheté pour l’aciérie avec l’ARBED, le site est un camp de prisonniers entre 1942 et 1943, puis retrouve son activité industrielle. Une nouvelle fois, la fin d’une économie transforme le site, les installations de l’ARBED étant rasées après le déclin de la sidérurgie.

«Même moi, qui suis originaire de Belval, je ne connaissais pas cette histoire», confie Laura Mannelli, l’artiste chargée de la dimension immersive du lieu. Afin de mettre en avant la source oubliée, Simone Asselborn-Bintz, alors échevine à la Culture, avait une idée en tête : «Je voulais puiser de l’eau pour la mettre dans des bouteilles qui auraient été décorées par des artistes». Trop coûteuse, l’idée du forage est abandonnée et le projet «a un peu évolué depuis», s’amuse l’actuelle bourgmestre.

«Un lieu de résilience»

À la baguette pour la construction, Dominique Bouche et le collectif BeBunch avaient pour mission «d’intervenir en délicatesse, pas avec des gros sabots en proposant un bâtiment fermé». Sur un site particulier, entre le parc, une friche et un fossé, les architectes pensent alors à «un projet éclaté». Le pavillon est donc constitué de trois îlots, arrondis et en bois, qui abritent un espace d’exposition, un espace de restauration et des sanitaires.

On trouve aussi des terrasses en rondeur ainsi que de grands parasols au bord des bassins d’eau, rappelant la forme des nénuphars. Un environnement savamment pensé afin de raconter l’histoire de la source. Laura Mannelli est la chef d’orchestre de «cette boîte à musique». «La source est le médium, elle a des choses à raconter», explique celle qui a imaginé un décor sonore et visuel immersif, pour se plonger dans l’histoire de la source.

Le gérant de l’espace restauration sera aussi chargé de la gestion de l’expérience immersive.

Pour cela, il suffit de regarder au sol. Sur les terrasses, également prévues pour se détendre, se trouvent sept médailles comportant deux QR codes à scanner avec son téléphone. L’un permet d’accéder à un chapitre du conte audio. Pendant 30 minutes et sept volets, une voix, celle de la comédienne Catherine Elsen, raconte «une fiction mais inspirée de la source», du temps où se trouvait une forêt, jusqu’à son utilisation industrielle. Le second QR code, lui, dirige le visiteur vers une vision en réalité augmentée du site, où l’on peut apercevoir à l’écran l’embouteillage de l’eau, un bâtiment qui brûle ou une mystérieuse dame blanche.

Accompagnée de bruits d’ambiance qui sortent d’enceintes cachées dans la structure, cette expérience «permet de revenir à l’époque où l’on écoutait la nature, où l’on avait un lien avec elle», indique la scénographe. Le récit a aussi été construit afin de faire du pavillon «un lieu de résilience». «Il y a deux intelligences humaines ici : l’eau et le fer et on ne les oppose pas, l’une n’est pas meilleure que l’autre.»

Les femmes sont aussi mises en avant dans ce projet «écoféministe», l’usine de traitement des eaux employant majoritairement des femmes. Prévue pour fonctionner au printemps et en été, cette «statue acoustique» attend encore d’avoir son exploitant pour être mise en marche. «Ce sont ceux qui seront chargés de l’espace de restauration qui vont gérer les lieux», assure Simone Asselborn-Bintzv, qui précise que «le choix de l’exploitant sera fait au plus vite pour cet été».

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