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La région Grand Est veut garder ses soignants


Le manque de personnel soignant se fait sentir aussi bien au Grand-Duché qu’en France. 

Une initiative du Grand Est pour conserver sur son territoire les jeunes soignants formés en France risquent de changer la donne pour le Luxembourg.

La pénurie de personnel soignant et les difficultés de recrutement mettent à mal notre système de santé. Chez nos voisins lorrains, ce manque de professionnels est encore accentué par l’attrait que représente le Luxembourg pour ces personnes si précieuses.

Pour tenter de juguler cette fuite des talents, la région Grand Est a annoncé la mise en place d’un contrat d’allocation d’études (CAE) pour les étudiants se formant à divers métiers dans le domaine des soins et de la santé. Ce contrat permettra à ces étudiants de bénéficier d’une bourse de l’ordre de 6 000 à 8 000 euros par an.

En contrepartie, les étudiants doivent s’engager à exercer au sein d’un établissement de la Région Grand Est pour une durée déterminée. Soyons clair, il n’y a pas que le Luxembourg qui attire ces professionnels du Grand Est nouvellement formés : la Suisse, l’Allemagne et la Belgique puisent aussi dans ce vivier.

Cette initiative française a interpellé la députée Cécile Hemmen (LSAP). Elle a notamment demandé au ministre de la Santé et au ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, via une question parlementaire, quelles répercussions allaient avoir cette décision et quelle était la position du gouvernement. Elle a aussi souhaité savoir si une initiative de cette nature était possible au Luxembourg.

Les ministres de la Santé, du Travail, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de la Sécurité sociale ont répondu qu’ils avaient effectivement eu connaissance de l’initiative lancée par l’Agence régionale santé Grand Est. lls précisent que le dispositif français de contrat d’allocation d’études cible exclusivement les étudiants qui résident dans la région du Grand Est en France, et est dédié aux professions d’aide-soignant, d’infirmier, de masseur-kinésithérapeute et de manipulateur d’électroradiologie médicale.

Au Luxembourg, parmi l’ensemble des professionnels de santé, ceux qui pourraient correspondre au public cible de cette mesure sont les aides-soignants, les masseurs-kinésithérapeutes, les infirmiers et les assistants techniques médical (ATM) de radiologie, précisent les ministres.

Soignants : presque la moitié de frontaliers

Ils ajoutent que pour un total d’environ 30 400 professionnels de santé travaillant au Luxembourg, 19 % des personnes travaillant dans le secteur santé résident dans la région Grand Est, par rapport à 24,5 % de frontaliers qui ne proviennent pas du Grand Est et 56,5 % de résidents luxembourgeois.

Voici la répartition des 19 % résidant dans le Grand Est, selon les types de professions visés dans le CAE : 2 677 infirmiers, 1 125 aides-soignants, 152 kinés, 1 830 personnes dans la catégorie autres (médecins, ATM radiologie, psychomotriciens…)

Il n’y a pas d’aide prévue au Luxembourg du même type que dans le Grand Est, d’après la réponse des ministres. Mais ils citent malgré tout le projet de loi n° 8079 ayant pour objet l’organisation de l’enseignement supérieur, déposé le 7 octobre 2022 par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Le texte prévoit l’indemnisation des stages de formation des professions réglementées. Parallèlement, le ministère de la Santé constitue actuellement un dossier pour assurer le financement des indemnités à payer dans le cadre des stages de formation des professions réglementées du domaine de la santé dès la mise en vigueur du projet de loi précité.

Par ailleurs, les membres du gouvernement ajoutent qu’en novembre de cette année, le ministère de la Santé a lancé une large campagne de valorisation et de promotion des professions de santé, qui, dans une première phase, s’adresse notamment à la profession de l’infirmière/ier en soins généraux, l’aide-soignant (e), l’infirmière/ier en pédiatrie, etc., et qui comprend un site internet dédié.

Cette campagne vise à valoriser et à promouvoir les professions de santé de manière générale, à présenter les différentes facettes de ces professions ainsi que les secteurs de la santé dans lesquels les professionnels exercent et les possibilités d’évolution de carrière. La diffusion de la campagne, via notamment les canaux sociaux, vise particulièrement le jeune public afin de lui faire connaître ces professions et leurs opportunités.

Espérons que ces initiatives permettront de résoudre le problème de recrutement, mais l’initiative française, si elle se concrétise, va assécher une partie du vivier de professionnels formés en France et qui venaient travailler au Grand-Duché.

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