Ils ne s’étaient pas revus en présentiel depuis 2019. Les diplomates luxembourgeois ont passé en revue, trois jours durant, les dossiers d’actualité avec le conflit ukrainien en sujet principal.
Cela faisait quatre ans que les diplomates luxembourgeois ne s’étaient pas vus en présentiel et, comme le souligne Jean Asselborn, «les contacts en matière de diplomatie, c’est très important». Hier, les chefs des missions diplomatiques luxembourgeoises se sont réunis au Luxembourg, pour la première fois depuis 2019, pour la traditionnelle Conférence diplomatique qui les a occupés ces trois derniers jours.
«La guerre en Ukraine constitue toujours notre grande préoccupation et il est important de connaître les positions des autres pays, donc les ambassades nous renseignent et nous expliquons la position luxembourgeoise dans ce conflit, par rapport aux sanctions, etc.», explique le ministre.
L’ambassade de Moscou existe toujours, mais la situation est compliquée. Elle a encore des contacts professionnels, «surtout quand il s’agit d’une aide aux personnes», précise le chef de la diplomatie. Il y a de nombreux ressortissants russes qui vivent au Luxembourg et des intérêts luxembourgeois en Russie qui justifient le maintien de l’ambassade.
«Il faut rester pour être informé», indique encore le ministre. Impossible d’envisager l’ouverture d’une ambassade en Ukraine, le pays est couvert par l’ambassade à Prague, comme c’était déjà le cas avant que la guerre n’éclate.
«Le Luxembourg est un pays qui a toujours essayé de trouver des solutions avec la Russie, même après 2014. On a toujours cru pouvoir reconstruire une relation normale et c’était une erreur. Les trois quarts des pays européens ont pensé la même chose. Avec la Chine, en 2020, quand il fallait décider des sanctions, on l’a fait. On a un intérêt dans l’UE à mettre en place un seul multilatéralisme avec la Chine et j’espère qu’elle ne va pas se mêler du conflit en livrant des armes à la Russie. J’avais l’espoir, au début de cette crise, que le seul pays capable de faire pression sur Poutine ça soit la Chine, mais ce n’est pas le cas», confie le ministre des Affaires étrangères.
Un débat important sera consacré à la crise taïwanaise. «Il ne faut pas que la Chine essaie de récupérer ce territoire par la force, sinon il y aura une crise économique mondiale, car la plus grande quantité des semi-conducteurs viennent de Taïwan», prévient Jean Asselborn.
Déclarer les voyages
L’Ukraine n’a pas monopolisé le débat car, malheureusement, d’autres conflits dans le monde, comme ceux qui font rage en Éthiopie ou au Yémen, sont suivis de près par la diplomatie luxembourgeoise. De même, le Luxembourg ne compte pas quitter le Mali, où il travaille toujours avec les ONG.
Rapporté au nombre d’habitants, le Luxembourg est parmi les trois premiers pays européens, avec Chypre et l’Autriche, à avoir le plus de demandes de protection internationale. Le record a été battu en 2022 avec 5 800 personnes hébergées dans les 67 structures que gère l’office national de l’accueil (ONA).
«On essaye de faire au mieux avec la Croix-Rouge et Caritas», déclare Jean Asselborn qui, en outre, estime à 3 000 le nombre d’Ukrainiens logés chez des particuliers ou par leurs propres moyens. Avec près de 10 000 demandes de titres de séjour en 2022, le ministre observe aussi que le marché de l’emploi reste très dynamique.
Concernant l’assistance consulaire, quelque 3 000 dossiers ont été traités, «ce qui représente un défi, surtout avec une centaine de cas compliqués», selon Jean Asselborn qui cite des situations de crise comme celle connue dernièrement au Pérou.
Le ministre en profite pour rappeler l’existence du service Lëtzebuerger am Ausland sur guichet.lu qui permet aux ressortissants luxembourgeois de demander une assistance consulaire auprès d’une mission diplomatique ou consulaire compétente dans les meilleures conditions.
Il suffit de déclarer ses déplacements au ministère des Affaires étrangères et européennes, qui saura alors être plus réactif. «En 2022, nous avons 1 400 personnes qui ont déclaré des voyages, qui en général sont de longue durée», se félicite le ministre des Affaires étrangères.
Pour conclure, Jean Asselborn est revenu sur les efforts qui ont été réalisés au sein du ministère des Affaires étrangères et européennes dans le cadre de sa politique étrangère féministe.
Chiffres clés
À l’heure actuelle, 1 286 agents travaillent pour le département, dont 966 au sein de l’administration centrale et 320 recrutés localement dans les différentes missions à l’étranger. Sur ce total, 52,1 % des agents sont des femmes, et 47,9 % sont des hommes.
Le corps diplomatique luxembourgeois compte aujourd’hui 163 diplomates, dont 64 femmes, ce qui correspond à peu près à 40 % de l’effectif. À noter qu’en 2004, le nombre de diplomates était de 91, dont seulement 26 % de femmes diplomates.
S’agissant du réseau des missions diplomatiques et consulaires du Grand-Duché, le ministre a informé que le Luxembourg dispose actuellement de 32 ambassades bilatérales, de 13 représentations permanentes auprès des organisations internationales et de 6 consulats généraux.
Le ministre a également rappelé qu’il a été décidé d’ouvrir des ambassades résidentes à Séoul, en Corée du Sud, et à San José, au Costa Rica, ainsi qu’une représentation à Cotonou, au Bénin.