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La culture portugaise bouillonne au centre Camões


Adília Martins de Carvalho est la directrice du centre culturel depuis 2016, ainsi que lectrice de langue et culture portugaises à l’université. (Photo : fabrizio pizzolante)

Actif toute l’année, le centre culturel portugais – Camões, à Luxembourg, multiplie les évènements pour promouvoir la lusophonie, poussé par sa directrice qui œuvre sans compter.

Ils sont plus de 100 000 au Luxembourg et ça s’entend parfois dans les rues : les lusophones représentent 17 % de la population selon les derniers chiffres de 2022. Une part significative qui place le portugais comme l’une des langues les plus parlées au Grand-Duché.

D’après le dernier bilan du Statec, en mai 2023, les Portugais à eux seuls représentent 14,5 % de la population totale, ainsi que 25 % des Luxembourgeois avec une double nationalité. La diaspora lusophone est aussi complétée par les ressortissants d’Angola, du Brésil, du Cap-Vert, de Guinée-Bissau, de Guinée équatoriale, du Mozambique, du Timor et de l’archipel São Tomé-et-Principe. Alors, forcément, la lusophonie vit et s’exprime au Luxembourg, notamment via la culture. 

Tout se passe au centre culturel portugais – Camões, place Joseph-Thorn à Luxembourg. Accolé à l’ambassade portugaise, dont il est une unité externe, le centre porte le nom de Luís Vaz de Camões, poète reconnu du XVIe siècle. «Comme les Allemands ont Goethe ou les Anglais ont Shakespeare, nous, c’est Camões», explique fièrement Adília Martins de Carvalho, directrice des lieux. Fondé en 1999 par l’ambassade portugaise, il s’agit de la branche luxembourgeoise de l’Institut Camões qui œuvre à l’international pour «la coopération, la culture, l’enseignement et la diffusion du portugais». Depuis 2016, le centre a déménagé sur la place, passant d’un appartement à un bâtiment plus visible. Un changement qui coïncide avec la prise de poste d’Adília Martins de Carvalho.

Arrivée fin 2015 depuis Lyon, cette dernière admet qu’elle n’avait pas connaissance d’une telle communauté lusophone. «En arrivant de France, j’étais très étonnée de la communauté portugaise au Luxembourg, ils sont plus ensemble et parlent plus ensemble», décrit-elle. Également lectrice de langue et culture portugaises à l’université du Luxembourg, elle candidate pour intégrer le centre «en pensant initialement que j’allais assister quelqu’un».

Finalement, c’est pour un poste de directrice qu’elle est choisie, pourtant sans qu’elle ait de lien avec la culture, ni d’expérience en événementiel. Vite rassurée par l’ambassade, elle accepte et se découvre une passion. «Ça me plaît d’organiser des évènements, sinon je ne pourrais pas tenir avec la charge travail que ça demande», sourit celle qui assure en parallèle ses cours à l’université. Épaulée par une collaboratrice, «on est juste une personne et demie à travailler ici» et animer le centre toute l’année.

Plus de 40 projets par an

Épuré et lumineux, le bâtiment est idéal pour accueillir du public, jusqu’à 100 personnes assises et près de 300 debout. Chaque année, quatre expositions ont lieu afin de mettre en avant des artistes lusophones ou des œuvres en rapport avec le portugais. Depuis le 12 mai, le centre accueille l’exposition du photographe Paulo Lobo. «On fait aussi des soirées de vernissage, des conférences, des projections, des lancements de livres, un festival de cinéma et même des concerts», énumère la directrice.

Pour la journée mondiale de la Langue portugaise, le 5 mai, des concerts de fado, samba et bossa-nova ont été organisés. Au total, «on fait une vingtaine d’activités pour le plan annuel, validé par l’ambassade, puis une quarantaine hors du plan». En effet, Camões collabore souvent avec des organismes extérieurs, en communiquant ou en participant à des évènements tels que le festival du Mois européen de la photo au Luxembourg ou la biennale «De mains de maîtres». «Il y a un vrai intérêt des institutions culturelles pour le portugais», affirme-t-elle.

Avec des entrées libres pour toutes les manifestations, hormis le festival de cinéma organisé dans une salle de l’Utopia, Adília Martins de Carvalho travaille d’arrache-pied pour partager la culture lusophone au plus grand nombre. Hors de ses murs, elle constate d’ailleurs que «l’immigration est un peu moins visible puisqu’elle n’est plus que manuelle, elle est diluée dans les lieux où elle agit».

Au Grand-Duché, impossible pour autant de rater le commerce de «saudade» et les rayons d’alimentation aux couleurs du Portugal. «La « saudade » c’est un mot intraduisible mais c’est un mélange de nostalgie du pays, quelque chose qu’on espère revivre.» Par ailleurs, la directrice regrette que sa diaspora «ne soit pas proportionnellement représentée en politique». Toujours est-il que la présence culturelle, elle, est assurée.

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