Alors qu’une partie des Iraniens du Luxembourg se mobilise pour que le Grand-Duché reconnaissent les Gardiens de la révolution comme une entité terroriste, le ministre des Affaires étrangères a décidé de recevoir une délégation de la communauté iranienne pour discuter de leurs demandes.
Depuis le lundi 6 février, des membres de la diaspora iranienne au Luxembourg siègent jour et nuit devant la Chambre des députés. Le 9, ils ont organisé un rassemblement place de Clairefontaine pour faire entendre leurs revendications : que le Luxembourg soutienne la résolution du Parlement européen du 19 janvier dernier. Celle-ci demande l’inscription des Gardiens de la révolution sur la liste noire des organisations terroristes.
Organisées par le Comité pour la défense des droits de l’homme en Iran, ces mobilisations, soutenues par quelques responsables politiques, n’avaient pour le moment pas reçu l’attention du gouvernement. La tente installée devant la Chambre a même été fermée par la police avant la visite de la Première ministre finlandaise Sanna Marin. Pas de quoi démotiver certains militants de l’association comme Amir Labbaf, un ancien prisonnier politique iranien, qui a entamé depuis une grève de la faim.
L’action a cette fois trouvé un écho au sein du gouvernement puisque le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a annoncé qu’il recevrait, ce mardi 14 février, Amir Labbaf ainsi qu’une délégation de la communauté iranienne pour discuter de leurs demandes.
Une répression fermement condamnée
Dans un communiqué, Jean Asselborn rappelle qu’il soutient « pleinement » le peuple iranien dans son combat pour faire respecter ses libertés fondamentales. « Nous condamnons, avec l’Union européenne et tous les États membres, les violations flagrantes des droits humains des Iraniennes et Iraniens qui manifestent pour leur liberté, leur dignité et leur avenir. Nous condamnons en particulier les arrestations de masse de manifestants, la torture et les traitements cruels, inhumains et dégradants contre des détenus dans les prisons iraniennes, et les condamnations à mort et exécutions de manifestants. »
Le ministre des Affaires étrangères tient aussi à préciser qu’il est favorable à toutes les actions de l’Union européenne « notamment les sanctions contre des individus et des entités impliqués dans les violations actuelles des droits humains. » Le Luxembourg est d’ailleurs engagé dans des travaux préparant des mesures restrictives supplémentaires. « De nombreux membres du Corps des gardes de la révolution islamique d’Iran (IRGC) figurent sur la liste de sanctions de l’Union européenne sous le régime droits de l’Homme, et l’IRGC figure en tant qu’entité depuis 2010 sur la liste des sanctions de l’UE contre l’Iran pour leur rôle dans le programme iranien d’armes de destruction massive. »
Le Service juridique du Conseil de l’UE sollicité
Le Grand-Duché affirme donc suivre de près la proposition du Parlement européen d’inscrire l’IRGC sur la liste des organisations terroristes. Une telle sanction empêcherait quiconque de faire des affaires avec les Gardiens de la révolution ce qui pourrait porter un coup dur à l’économie iranienne contrôlée par ces derniers. « Un avis du Service juridique du Conseil de l’UE a été sollicité unanimement par les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne lors de leur dernier Conseil du 23 janvier », précise le communiqué. Celui-ci permettra de clarifier les effets d’une telle mesure et de vérifier qu’elle est bien possible juridiquement.
Face aux critiques, le gouvernement a enfin souhaité réaffirmer sa position. « Contrairement à certaines affirmations, le ministre Asselborn soutient toutes les mesures fortes de l’Union européenne prises de manière unifiée, et ce notamment lors du prochain Conseil «Affaires étrangères» à Bruxelles, lundi prochain 20 février ».
Cette réunion devrait appeler à une nouvelle journée de mobilisation de la diaspora iranienne, cette fois dans la capitale belge.