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Fête du Travail : le LCGB combat les casseurs de modèle social


Patrick Dury, président du LCGB, et Francis Lomel, secrétaire général, lundi matin à l’occasion de la fête du Travail à Remich.

Maintenir la cohésion et la paix sociales n’a rien d’un long fleuve tranquille. Patrick Dury, le président du LCGB, l’a prouvé lundi sur les bords de la Moselle. C’est du travail.

Sifflets, cornes de brume et applaudissements assourdissants ont ponctué revendications, critiques et autocongratulations sous le chapiteau érigé en ce 1er-Mai, près de la piscine de Remich, par le LCGB. Plus de 1 300 personnes étaient venues écouter le président Patrick Dury sortir ses griffes.

Parmi elles, un parterre de représentants politiques toutes couleurs confondues, de têtes de liste et de membres du gouvernement – le Premier ministre en tête — a écouté, encaissé, acquiescé pendant trois quarts d’heure ce discours militant au contenu approuvé par une standing ovation.

Poutine, Commission européenne «néolibérale et bornée» «faillite de l’avenir de notre Europe», gouvernement, patronat, personne n’est épargné. La crise menace la cohésion sociale et le président du syndicat chrétien a utilisé les thèmes qui feront débat lors des élections législatives pour illustrer cette menace.

Dans son discours à l’occasion de la fête du Travail, il a notamment abordé les questions du logement et du déclin de notre système de santé. La Caisse nationale de santé n’est plus réformable et doit, selon lui, être totalement restructurée dans l’intérêt des assurés. Le LCGB défend un meilleur accès aux médicaments, des possibilités de traitement plus rapides avec des structures efficaces et décentralisées, entre autres.

En matière de logement, l’État «a carrément pris les mauvaises décisions». Prix en hausse, pénurie de logements, emplois menacés dans le secteur de la construction, augmentation vertigineuse des taux d’intérêt, prix de l’énergie, spéculations et investissements au détriment des citoyens… Patrick Dury dénonce et revendique une discussion urgente sur le modèle économique du Luxembourg.

«Dans la logique du marché actuel de l’immobilier, il faut augmenter massivement l’offre pour répondre à la demande et éviter un dérapage complet des prix», commente Patrick Dury. «L’État doit soutenir cette politique en l’accompagnant par des structures comme le Fonds du logement. Mais les récents textes de loi ne vont pas dans cette direction.»

«Un temps d’avance»

Le syndicat a du pain sur la planche dans sa lutte pour le maintien des emplois et de la justice sociale. Les trois récents accords tripartites y contribuent, mais des efforts restent à faire. «Nous devons tous être conscients que la paix sociale ne va pas de soi, mais qu’elle ne repose que sur le modèle tripartite, sur un dialogue social fonctionnel dans les entreprises et sur l’index», a rappelé le président du syndicat chrétien. «La paix sociale a un prix et c’est notre modèle social. (…) Ceux qui remettent en cause l’existence de leurs salariés, ceux qui veulent casser notre conciliation et donc les conventions collectives, ce sont les casseurs de notre modèle social.»

Dans le viseur de Patrick Dury, Cargolux. La direction de l’entreprise a refusé la conciliation. Or, le LCGB souhaiterait «étendre au secteur industriel le modèle développé dans la sidérurgie et adapté chez Luxair» pour le maintien de l’emploi et protéger les salariés du secteur privé contre les risques du chômage et de la maladie. Un accord sectoriel propre à l’industrie. L’industrie a, d’après lui, compris le principe et il espère que la direction de Cargolux le comprendra également prochainement. Et évitera «un conflit social et ses conséquences».

Le syndicat veut avoir «un temps d’avance sur demain». Il se projette, anticipe, voit plus loin que les échéances législatives, se veut force de proposition. Son discours les rassemble et rassemble les membres présents ce lundi matin. La protection et l’amélioration du pouvoir d’achat doivent, entre autres, être garanties par le maintien de l’index et l’ajustement des pensions ainsi que l’adaptation régulière du salaire minimum.

La cohésion sociale ne pourra, selon le LCGB, être maintenue que notamment par un accès pour tous au monde numérique ou encore le droit de vote ou le vote obligatoire pour tous les habitants du Luxembourg. «Une démocratie ne peut se satisfaire d’une situation où seule une minorité déciderait de la composition de notre Chambre des députés.»

Le président a également appelé de ses vœux une discussion sur le temps de travail pour aboutir à ces nouveaux modèles mieux adaptés aux besoins des salariés. La digitalisation est un atout pour y parvenir.

Le syndicalisme a encore de beaux jours devant lui. La paix sociale aura toujours besoin d’un défenseur prêt à retrousser ses manches et à donner de la voix pour éviter les dérapages.

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