Dans l’Union européenne, les femmes continuent de gagner moins que les hommes pour un emploi égal. Aucun pays ne fait exception, mais le Luxembourg reste, malgré tout, le bon élève au sein des 27, avec un écart moindre : moins de 1%.
L’égalité salariale reste un combat de tous les jours pour des millions de femmes à travers le monde. Si nos voisines françaises travaillent «gratuitement» depuis le 4 novembre dernier, la récente étude de la Commission européenne montre qu’actuellement au sein de l’UE, si un homme gagne 1 euro, une femme touche, elle, 0,87 centime.
Un écart salarial moyen entre les hommes et les femmes en Europe qui s’élève donc désormais à 13%. Les progrès sont constants, mais encore trop lents, avec une réduction de l’écart salarial de seulement 2,8% en 10 ans. Mais dans ce palmarès européen, le Luxembourg a su tirer son épingle du jeu. Le pays demeure en effet celui avec l’écart le moins élevé de la zone euro : 0,7% seulement. Personne ne fait mieux en Europe.
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Une vraie prouesse si l’on compare ce taux à celui d’il y a 15 ans, qui avoisinait alors les 10%. L’année dernière, le Luxembourg arrivait déjà en deuxième position, avec 1,6% d’écart salarial. On ne peut malheureusement pas en dire autant dans la Grande Région. La France et l’Allemagne font ainsi figure de mauvais élèves, avec 15% du côté français et 18% côté allemand ! Seule la Belgique fait mieux et se rapproche du Luxembourg avec un écart salarial avoisinant les 5%.
Des différences selon les secteurs
Si ce faible écart est une bonne nouvelle pour l’égalité entre les femmes et les hommes au Luxembourg, il est important de noter que des écarts subsistent selon les secteurs d’activité. Ainsi, si certains s’attèlent à mettre en place une vraie égalité salariale, comme l’administration publique, la construction ou encore la santé, d’autres doivent encore faire quelques efforts : le commerce, les domaines scientifiques ou encore les activités financières ou immobilières. La part d’emploi à temps partiel, plus élevée chez les femmes, est également un facteur à prendre en compte.
Pour rappel, depuis 2016, un employeur luxembourgeois «se verra infliger une amende à partir du moment où une différence de salaire ne pourra plus se justifier pour des raisons objectives et qu’elle sera fondée sur des considérations de genre». Une avancée notable, qui a certainement contribué au bon placement du Grand-Duché dans ce classement de la Commission européenne.
«Les écarts non justifiés ne peuvent pas être tolérés. Ils dévalorisent le travail fourni, rappelant l’époque où le travail des femmes était perçu comme « un complément » au salaire du conjoint», avait ajouté la ministre de l’Egalité, Taina Bofferding, l’an dernier.
Des femmes toujours sous-représentées
Actuellement, neuf Européens sur dix – femmes et hommes – pensent qu’il est inacceptable que les femmes soient moins payées que les hommes pour le même travail ou un travail de valeur égale. La majorité des travailleurs européens est d’ailleurs favorable à la publication des salaires moyens par type d’emploi et par sexe dans leur entreprise.
Pour la Commission européenne, l’écart de rémunération entre les sexes est «un symptôme de déséquilibres plus structurels entre les hommes et les femmes en matière de représentations économiques, d’accès à l’éducation et de responsabilités domestiques. Les femmes sont toujours sous-représentées et sous-évaluées dans les postes de décision économique. La grande majorité des scientifiques, des ingénieurs et des travailleurs techniques qualifiés sont des hommes. Les femmes assument de manière disproportionnée les tâches ménagères et la garde des enfants : 90 % de la main-d’œuvre du secteur formel des soins est constituée de femmes et 7,7 millions de femmes sont sans emploi en raison de leurs responsabilités familiales.»
Une flambée des prix qui pénalise aussi les femmes
Des écarts salariaux qui ont aussi un impact sur les factures d’énergie, qui ont flambé ces derniers mois. Du fait d’un salaire inférieur en moyenne de 13% à celui des hommes, les Européennes « sont plus durement frappées par les augmentations du prix de l’énergie », déplore la Confédération européenne des syndicats (CES).
En se basant sur des travaux publiés fin octobre par l’agence européenne Eurofound, les syndicats affirment que « 44% des mères célibataires et 31% des femmes célibataires anticipent des difficultés à payer leurs factures d’énergie dans les trois prochains mois ». Côté masculin, seuls 26% des hommes célibataires se disent « très susceptibles » ou « plutôt susceptibles » d’avoir du mal à régler leurs factures d’énergie.
Pour la CES, ces chiffres révèlent « le besoin de mesures urgentes aux niveaux national et européen pour protéger les femmes de la crise » énergétique que connaît le Vieux Continent depuis le déclenchement de l’offensive russe en Ukraine fin février. En octobre 2022, les prix de l’énergie ont bondi de plus de 40% par rapport à octobre 2021 dans la zone euro, selon les données d’Eurostat.
La crise aggrave aussi la situation des femmes qui voudraient quitter le domicile familial à cause d’un conjoint violent, mais qui dépendent financièrement de leur partenaire et ne pourraient subvenir seules à leurs besoins, relève la CES.
« De nombreuses femmes peinaient déjà à payer des produits de base en raison des inégalités salariales », regrette la secrétaire générale adjointe de la Confédération Esther Lynch, citée dans le communiqué. « La crise du coût de la vie les a plongées dans une grande précarité », ajoute-t-elle.
En matière d’inégalités salariales, la moyenne européenne cache de grandes disparités d’un pays à l’autre : si le Luxembourg se statue à 0,7%, l’Estonie et la Lettonie prennent la tête du classement, avec un écart de rémunération entre femmes et hommes de plus de 20%.