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Des policiers attaqués par des jumeaux lors d’une intervention à Luxembourg


Le procès avait dû être décalé une première fois, car les jumeaux s’étaient présentés sans avocat. (photo S. K.)

Un des jumeaux dénonce des violences policières pour justifier la rage avec laquelle son frère et lui auraient attaqué les policiers qui ont tenté de les maîtriser après une dispute.

«Lukas m’a donné deux coups de genou dans la tête quand on essayait de l’embarquer dans la camionnette de police. Nous avons dû le ceinturer et le cagouler pour qu’il arrête de nous cracher dessus», s’est souvenu un inspecteur adjoint à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Avec ses équipiers, il était arrivé en renfort de patrouilles de police à Luxembourg-Merl le 18 juillet 2022. Une voisine paniquée avait appelé la police alors qu’une violente bagarre avait lieu dans l’Airbnb au-dessus de chez elle.

Un commissaire adjoint arrivé en premier sur les lieux raconte être monté au troisième étage du bâtiment. «Tout était silencieux. Nous avons frappé à la porte et sonné à deux reprises. Nous nous sommes identifiés et nous avons entendu des pas courir d’un bout à l’autre de l’appartement.» Lukas apparaît finalement à la porte. «Il était en nage et paraissait très agité. Il a formé un poing avec sa main et m’a foncé dessus. Je l’ai repoussé. Il a recommencé et je l’ai repoussé une deuxième fois.» Le jeune homme ne se serait pas rendu, obligeant les policiers à l’immobiliser.

Comme un beau diable, le jeune homme, âgé de 20 ans au moment des faits, se débat, tape des pieds et des poings. «J’ai dû lui donner un coup de matraque sur l’épaule et mon coéquipier a utilisé du spray au poivre, mais cela n’a eu aucun effet sur lui», explique le policier que l’usage du spray a aveuglé. «C’est à ce moment-là qu’Alexandre est arrivé.» Il montait les escaliers et a essayé de défendre son jumeau. «Il n’était pas aussi brutal que son frère, mais il nous a gênés alors que nous tentions de passer les menottes à son frère», estime le policier. «Pour moi, ils étaient tous les deux sous l’influence de stupéfiants.»

Les policiers s’y seraient mis à quatre pour porter Lukas jusqu’à la camionnette. «Il s’est laissé peser comme un poids mort», précise le policier. Une fois dans la rue, les deux frères auraient continué à se débattre. Ils auraient insulté les policiers et leurs mères, leur auraient craché dessus et les auraient menacés de mort. «Je vais vous allumer bande de chiens» ou «je vais vous planter un couteau dans les poumons», citent les deux policiers. Une attitude de laquelle le duo ne se serait pas départi une fois en cellule, puis à l’hôpital où les policiers ont amené les deux frères avant leur incarcération.

Violences policières

Lukas et Alexandre auraient dû être jugés plus tôt cette année, mais l’affaire avait été reportée parce qu’ils s’étaient présentés face aux juges sans avocat. Cette fois, Alexandre n’a toujours pas d’avocat et Lukas n’est pas venu. Il vivrait dans un foyer, selon son avocate à qui il avait promis de se présenter à la barre. Alexandre explique ne plus avoir de contact avec son frère.

Ce petit bonhomme aux cheveux bouclés reconnaît avoir donné des coups aux policiers et les avoir insultés, mais, dit-il, «ils ont fait un usage abusif de leurs armes. Je l’ai lu dans le code pénal de la police (sic)». «Ils auraient dû utiliser quoi ? Des Bisounours ?», l’interroge le président. «Vous vous comportiez comme des lamas, ils vous ont mis des casquettes pour lamas.» Alexandre accuse ensuite la police d’avoir cassé le mobilier de l’appartement qu’il aurait été obligé de rembourser à hauteur de près de 8 000 euros.

Interrogé sur la raison de leur présence dans l’Airbnb, Alexandre répond : «J’étais en vacances. Je travaille plus de cinquante heures par semaine. Cela a posé un problème aux policiers de voir quelqu’un comme moi dans un Airbnb de luxe à plus d’un million d’euros et il faut dire aussi que mon frère n’est pas une personne très aimable.» Le jeune homme se rattrape et modère finalement ses propos. «Mon frère était énervé parce qu’il avait perdu son smartphone dans un bar. Il a adopté une mauvaise attitude envers la police qui a adopté une mauvaise attitude envers moi et j’ai adopté une mauvaise attitude envers les policiers.»

Son frère, qui a été jugé par défaut, a déjà été condamné à un an de prison en 2021 pour vol avec violences et menaces, a noté le procureur avant de requérir 24 mois de prison contre Lukas et moitié moins contre son frère. Il a jugé que l’absence du jeune homme à son jugement, son casier judiciaire ainsi que son acharnement à l’encontre des policiers justifiaient une condamnation plus importante.

Le jumeau présent a prié le tribunal de faire preuve de clémence à son égard. «Je vais perdre mon emploi si je vais en prison et je ne pourrai pas me remettre dans le droit chemin», plaide-t-il. «Il se pourrait que le tribunal, dans son infinie clémence et sa grande indulgence, vous accorde le sursis», lui a répondu le président. «Nous allons y réfléchir.»

Le prononcé est fixé au 15 mai prochain.

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