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Des paysans exclus des primes énergie


Dans certaines exploitations agricoles, un seul compteur électrique regroupe la consommation de la partie habitation et celle des dépendances, ce qui pose problème. (Photo : archives LQ/Tania Feller)

Des aides aux ménages s’appliquent depuis le 1er janvier dernier et jusqu’au 31 décembre, mais certains agriculteurs en sont exclus pour une raison de compteur électrique. La Centrale paysanne se fâche.

La Centrale paysanne luxembourgeoise ne parvient pas à obtenir satisfaction auprès du ministère de l’Agriculture, alors elle décide de médiatiser le problème qui les oppose. Certains agriculteurs se retrouvent discriminés par rapport aux autres ménages qui peuvent bénéficier des mesures d’aides de l’État pour pallier la crise énergétique.

«Sont-ils des citoyens de seconde classe?», questionne la Centrale paysanne dans un communiqué qui explique la situation dans laquelle se retrouvent un nombre minoritaire, certes, d’agriculteurs, mais il n’en demeure pas moins «que l’on crée une inégalité», dénonce le directeur du syndicat paysan, Laurent Schüssler.

L’accord tripartite du 28 septembre 2022 a prévu des mesures pour contrer la hausse des prix de l’énergie que le ministre Claude Turmes a détaillée en janvier dernier.

En soutien pendant cette situation tendue sur les marchés de l’électricité, le gouvernement a mis en place des primes pour stabiliser les prix au niveau de 2022. Cette mesure s’applique toujours automatiquement à tous les résidents dont la consommation annuelle est inférieure à 25 000 kWh à compter du 1er janvier 2023.

Le seuil des 25 000 kWh

Pourquoi certains paysans ne sont-ils pas éligibles? Parce qu’ils n’ont qu’un seul compteur pour la partie habitation et la partie dépendances, «ce qui est surtout le cas dans les vieilles exploitations», comme l’a compris Martine Hansen, députée chrétienne sociale, qui s’est fendue d’une question parlementaire dans la foulée du communiqué.

Le directeur est incapable de dire avec précision combien de ménages sont concernés «par cette discrimination», mais il explique d’où vient le problème. La consommation annuelle de ces exploitations est forcément supérieure à 25 000 kW, donc elles ne peuvent pas prétendre aux aides qui s’appliquent automatiquement.

«Quand nous demandons au ministère de prendre en compte ce petit groupe d’individus, la réponse est toujours la même. On nous dit qu’ils n’ont qu’à installer un second compteur, sauf que ça coûte de l’argent», souligne Laurent Schüssler. «Pourquoi ces agriculteurs devraient-ils payer un deuxième compteur pour bénéficier d’une aide accordée automatiquement aux autres?», demande-t-il encore.

Un nombre incertain

Il est surtout irrité par la manière dont le gouvernement – et le ministère de l’Agriculture en particulier – traite ces paysans.  «Ils représentent peut-être 20 % de l’ensemble des agriculteurs, c’est difficile à dire, car ils ne sont pas tous membres de notre centrale», admet le directeur du syndicat professionnel. Il refuse, cependant, que leurs préoccupations tombent dans l’oreille d’un sourd.

Ces gens doivent renoncer à une aide de l’État sans avoir commis la moindre erreur, sinon celle d’être équipés d’un seul compteur qui n’autorise donc pas une lecture séparée de la consommation relative à l’habitation de celle des dépendances. La Centrale paysanne appelle dès lors le gouvernement à trouver une solution au plus vite.

Elle suggère de faire une moyenne nationale ajustée pour les fermes individuelles et les personnes qui y vivent. «La Centrale paysanne est convaincue qu’avec un peu de bonne volonté, le gouvernement peut trouver rapidement une solution dans l’intérêt de toutes les parties», écrit-elle dans son communiqué.

«On aimerait se mettre ensemble autour d’une table pour trouver une solution. Le ministre peut parler avec Enovos pour obtenir un second compteur dans ces exploitations», propose encore Laurent Schüssler. La Centrale paysanne essaie de trouver une solution, mais elle ne laissera pas tomber les «exclus» des aides pour un problème de compteur électrique.

«C’est une question de principe», insiste le directeur. «Je ne peux pas croire qu’il n’existe pas de solution», conclut-il en espérant faire réagir le ministre de l’Agriculture, Claude Haagen (LSAP). Le ministre devra également répondre à la députée Martine Hansen qui lui demande ce qu’il envisage de mettre en place comme compensation.

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