[Communales] Schifflange : la population, un défi de taille

Crise du logement, bouchons, manque de place dans les écoles : la commune doit faire face à toutes les problématiques posées par une forte croissance démographique.

Qu’il semble loin le temps où Schifflange n’était qu’un «Duerf», un village comme d’aucuns continuent pourtant de l’appeler. L’ancienne cité minière connaît une croissance démographique exponentielle depuis plusieurs décennies. Au cours des deux dernières, elle a vu sa population encore augmenter de 44 %!

Avec ses quelque 11 300 âmes, Schifflange est aujourd’hui la neuvième plus grosse ville du pays et la 4^e en termes de densité de population à l’échelle du Grand-Duché, comme l’établit le Liser dans son «Observatoire social de la commune de Schifflange» (mars 2023) : Schifflange ne concentre désormais pas moins de 1 346 habitants au km² et arrive ainsi juste derrière Esch-sur-Alzette, Luxembourg et Pétange. «Nous avons une belle commune, attractive : elle est située dans le Sud, elle est bien desservie, il y a des commerces et, en plus, de la forêt», justifie Carlo Feiereisen, tête de liste LSAP, passé à un cheveu de la victoire lors des dernières élections, que son parti aurait remportées, n’eût été la coalition CSV-déi gréng.

Mais ces bouleversements démographiques ne sont pas sans conséquences : il faut pouvoir caser tout ce petit monde et gérer les problèmes qui découlent d’un afflux massif et rapide de population. À cet égard, Schifflange rencontre à son échelle les grandes problématiques auxquelles le pays est confronté.

Sans surprise, le logement, surtout le logement abordable et social, y constitue donc un véritable défi pour l’ensemble des partis. Plusieurs unités ont déjà poussé comme des champignons sur tout le territoire schifflangeois, mais de nouveaux quartiers entiers doivent encore voir le jour. Il y aura notamment le «Metzeschmelz», dans l’ancienne friche industrielle, à cheval avec Esch-sur-Alzette (lire encadré), ou encore le quartier Op de gielen Géieren, pour ne citer qu’eux.

Autre problématique qui va de pair avec l’afflux de population : le trafic, très dense aux heures de pointe dans la bourgade. «Le problème, c’est que ce n’est pas pensé en amont : on construit des habitations, mais on ne réfléchit pas avant aux moyens de gérer le trafic», taclent Jacques Laures et Andrea Spigarelli de déi Lénk, parti qui entre pour la première fois sur l’échiquier politique de la commune.

La suppression des passages à niveau pour fluidifier la circulation n’empêche pas les bouchons. «Nous sommes en train de construire un parking souterrain dans l’avenue principale. Il était initialement prévu pour 45 places, mais nous avons réussi à l’agrandir à 175 places», répondent conjointement le bourgmestre sortant Paul Weimerskirch (CSV), candidat à sa réélection, et Albert Kalmes (déi gréng), unis dans une coalition lors des six dernières années.

L’initiative est jugée insuffisante par tous les partis dans l’opposition. «Combien de places seront réellement disponibles une fois celles dévolues aux travailleurs de la commune occupées? Et cela n’aidera pas vraiment les commerces de proximité, qui fuient la commune. Les gens se tournent vers les centres commerciaux de Foetz ou Mondercange», s’inquiète Jeffrey Drui, tête de liste du DP, qui fait du développement du commerce de détail l’un de ses chevaux de bataille.

Si l’opposition reconnaît la difficulté de gérer une commune et la volonté du collège échevinal sortant d’impliquer les citoyens dans les grands projets via des participations citoyennes, elle lui reproche «son manque d’action» concrète dans plusieurs dossiers. «Le collège sortant passe beaucoup de temps à discuter, mais peu à agir. Des master plans sont faits, et puis après, plus rien», reproche Carlo Feiereisen. «Je ne suis pas d’accord», rétorque pour sa part l’échevin vert, Albert Kalmes. «Dans chaque domaine, nous pouvons témoigner que quelque chose a été fait.»

Les candidats LSAP et DP citent en exemple le centre-ville, censé devenir depuis plusieurs années déjà une zone urbaine mixte, ou le projet de construction d’un complexe sportif qui regrouperait une nouvelle piscine, deux terrains de football, un hall polyvalent, une salle de gymnastique, un bâtiment pour le club de tennis de table, un centre culturel et un terrain dédié au cyclisme ainsi qu’un parking surélevé qui pourra accueillir 500 places. «On n’a plus de nouvelles», lance Carlo Feiereisen. «La commune doit être plus agressive pour obtenir des terrains», estime Jeffrey Drui.

Paul Weimerskirch annonce de son côté une présentation à venir sous peu. Entre la pandémie et ses confinements, et l’inflation actuelle avec les devis qui ne sont plus à jour, difficile de faire avancer les projets, reconnaît-il sans détour : «Nous n’avons pas eu la chance de réaliser tout ce que nous voulions au cours de ce mandat et avons pris du retard.»

Mais il y a eu des «avancées, nous avons quand même investi quelque 100 000 euros», se défend le bourgmestre. Il en veut pour preuve l’un des autres gros chantiers entrepris à Schifflange : la rénovation des bâtiments scolaires, son projet phare. «Nous comptons désormais environ 1 200 élèves et trois écoles, et nous sommes confrontés à une pénurie de salles de classe», explique l’édile. «L’école Lydie-Schmit est en train d’être complètement réaménagée et une nouvelle école sera prochainement construite près de la maison relais du quartier op Hudelen. On espère commencer les travaux l’année prochaine.»

Une construction attendue par l’ensemble des candidats, même si ceux du LSAP et de déi Lénk espèrent que davantage sera fait pour la jeunesse, que ce soit en termes d’espace ou sur le plan culturel.