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Cambriolages à Luxembourg : aucune porte ne lui résiste


Michel est accusé d’avoir cumulé les cambriolages dans les caves. Il en reconnaît certains, nie l’évidence pour d’autres et répond par des pirouettes. (Photo : archives lq/julien garroy)

Le nombre de cambriolages imputés à Michel en l’espace de deux ans laisse pantois. Mais à la barre, le prévenu préfère rester modeste quant à ses aptitudes en matière de serrurerie.

Michel forçait les caves des immeubles sur le territoire de la ville de Luxembourg, principalement au Limpertsberg, à Howald et dans le quartier de la Gare, et rangeait son butin dans des valises. Il en a forcé pas mal. «Il a sorti la porte de la cave de ses gonds, explique Josiane. Chez moi, il n’a rien pris. Il n’y avait que des bouteilles d’eau et de vieux dossiers.» Cela s’est passé dans la nuit du 15 au 16 mars 2021.

Mais l’homme de 49 ans comparaissait mardi face à la 18e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg pour «une panoplie de dossiers» correspondant à des faits qui ont eu lieu le 19 décembre 2020, puis, en 2021, le 7 janvier, le 27 mars, les 15 et 26 avril, les 19 et 26 mai et le 16 novembre et, cette année, dans la nuit du 20 au 21 août, entre autres.

«Je voulais savoir l’heure»

Cinquante-neuf vols qualifiés ou avec effraction et tentatives à 23 dates différentes entre 2020 et 2022, a résumé le procureur. Le prévenu dit ne plus se souvenir de la majorité d’entre eux. «Les portes étaient déjà ouvertes», «les clés étaient sur les serrures», «je voulais savoir l’heure», «je me trouvais dans la cave, mais je n’ai rien volé», «j’avais laissé de l’argent tomber dans le soupirail, quelqu’un a dû passer après moi et voler», «j’ai trouvé des objets dans un squat dans lequel je dormais». Les parades sont nombreuses. «C’est possible», répond Michel quand le président lui dit que son ADN a été trouvé sur certains lieux.

Le prévenu explique vivre dans la rue depuis plus de neuf ans et être toxicomane. Il aurait financé sa consommation de cocaïne grâce aux vols. «J’entrai par hasard, rien n’était planifié», témoigne Michel. Sauf peut-être le vol d’un vélo dans un garage de l’avenue Pasteur. «Je voulais aller en prison. Les associations ne nous aident pas», accuse-t-il. Quand il ne sortait pas la porte des gonds ou ne forçait pas les serrures, il sciait le bas des portes pour s’introduire dans les caves.

La liste des victimes présumées est longue. Le préjudice, important. Le trouble à l’ordre public également. Michel est accusé d’avoir principalement volé des bouteilles d’alcool. «La pointe de l’iceberg», estime le président. Le parquet le relie à des affaires encore pendantes. «Il avait des outils sur lui à chaque fois. Michel est connu de la justice comme un cambrioleur et pas comme un artisan doué», précise le procureur. «J’ai toujours un tournevis sur moi», avait indiqué le prévenu plus tôt. «Pourquoi?», avait demandé le président. «Pour dévisser des vis», avait-il répondu, moqueur, avant d’accuser les témoins de mentir et les policiers de violences.

« Pas le plus grand criminel »

«Je l’ai croisé un soir en rentrant chez moi. Il tirait deux valises, dont une était la mienne. Elle était personnalisée», rapporte Ronald. Michel la lui a rendue avant de prendre la fuite. Il venait de cambrioler les caves de l’immeuble. «Je fumais une cigarette sur un parking à Howald près de ma voiture et j’envoyais des SMS quand je l’ai vu arriver avec deux grands sacs. Il s’approchait des voitures et revenait sur le trottoir quand des voitures passaient sur la route», se souvient Lionel. «Très vite, il a ouvert une voiture et est monté à l’intérieur. J’ai crié et il a pris la fuite.» Le témoin explique l’avoir suivi pendant une vingtaine de minutes jusqu’à l’arrivée de la police. Un autre témoin qui l’a également pris en chasse explique avoir été menacé d’un coup de couteau s’il s’approchait de lui.

« Je l’ai surpris dans une cave alors qu’il remplissait des valises »

Les témoignages se suivent et se ressemblent. Certaines victimes présumées ont été cambriolées à deux reprises à des dates différentes. «Je l’ai surpris dans une cave alors qu’il remplissait des valises. Il m’a dit qu’il y avait eu un cambriolage et qu’une habitante lui avait demandé de réparer la porte», témoigne Mourad, qui ne l’a pas cru et lui a demandé de l’accompagner chez la dame en question. «Il a refusé de monter avec moi dans l’ascenseur et a voulu prendre les escaliers.» Pour tenter de s’enfuir.

Le procureur requiert une peine de cinq ans de prison ferme contre Michel. «Il aura le temps de se sevrer», explique-t-il. Le prévenu doit, selon lui, comprendre que la société et les associations ne sont pas responsables de sa situation. Son avocate, Me Sadler, doute qu’une peine aussi longue «soit un bon moyen d’aider à sa resocialisation».

Elle demande au tribunal de ramener la peine «à de plus justes proportions» et de l’acquitter de la tentative de vol dans la voiture et de l’infraction de vol avec violence et menaces. Michel ne cambriolait pas les habitations, uniquement les caves. L’avocate a conclu que «nous n’avons pas affaire au plus grand criminel du Luxembourg».

Le prononcé est fixé au 17 janvier.

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