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Braquages de stations-services : la défense demande des preuves


Des peines de 8 à 16 ans de prison ont été requises à l’encontre des trois prévenus.

Quatre prévenus. L’une n’était pas consciente de participer à des crimes. Un autre en admet certains. Un troisième, un seul «à chaud» et le dernier n’a rien fait du tout.

Suite et fin du procès des auteurs présumés de la série de braquages de stations-services et d’une supérette entre le 30 novembre 2020 et le 13 février 2021. L’arrestation de deux des auteurs a mis fin à la série. L’un des deux est Éric. La représentante du parquet a requis une peine de 16 ans de prison à son encontre la veille. Elle l’a relié à l’ensemble des faits. Il était, selon elle, «le grand qui tenait l’arme» décrit par tous les témoins. Le jeune homme d’origine cap-verdienne reconnaît pourtant n’avoir participé qu’au fait à l’issue duquel il a été arrêté par la police.

Son avocat, Me Veneau, a défendu cette thèse en se basant notamment sur les déclarations d’Anjaly «utilisées à tort par le parquet» dont l’analyse de l’affaire a été critiquée par les avocats des quatre prévenus. Ils ont déploré que la parquetière ait fondé ses conclusions sur des suppositions, des hypothèses et des interprétations.

«Il n’y a pas de place à l’interprétation en droit pénal», note l’avocat qui se rattache aux développements de ses confrères et consœurs. «Les preuves de culpabilité doivent être suffisamment claires, précises et indiscutables. Or, dans ce dossier, il est impossible de déterminer qui est qui.»

Me Veneau demande l’acquittement de son client pour six des sept faits. «Les témoins du braquage de Mersch ont indiqué qu’il tremblait, ce qui prouve son manque d’expérience», termine l’avocat qui a sollicité un sursis intégral ou partiel au cas où le tribunal devait prononcer une condamnation à l’encontre d’Eric.

Mardi, la représentante du parquet a demandé l’acquittement du chef d’inculpation d’organisation criminelle avant de requérir des peines de 14 ans à l’encontre de Mark, de 12 ans à l’encontre de Cassi et de 8 ans à l’encontre d’Anjaly pour extorsion et vol, blanchiment et recel, association de malfaiteurs ainsi que pour être contrevenus à la loi sur les armes et les munitions. Elle ne s’est pas opposée à un sursis «à l’exception de Cassi pour lequel toute mesure de sursis est exclue».

«Un rôle passif»

Un casier judiciaire pourrait ruiner les ambitions professionnelles d’Anjaly. À la barre de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier, la jeune femme soupçonnée d’avoir servi de chauffeur aux auteurs pour au moins trois faits, a réitéré sa ligne de défense.

Elle était «au mauvais endroit au mauvais moment avec les mauvaises personnes» et n’aurait «pas eu conscience de commettre un crime». Selon son avocate, Me Vandenbemden, Anjaly, les soirs des faits, n’aurait fait «comme à son habitude» que conduire son ancien petit ami Mark là où il le lui demandait.

Depuis le début du procès, Anjaly se présente à la barre comme une jeune fille exemplaire abusée par un jeune homme en qui elle avait confiance et dont elle a été l’outil. «Le seul élément qui l’a reliée aux faits est sa relation avec un des prévenus», avance son avocate soulignant qu’il n’y a pas de preuves permettant d’affirmer qu’Anjaly était consciente de participer à des crimes. «Elle ne savait pas qu’elle transportait l’arme à feu factice dans sa voiture», ajoute l’avocate.

Amoureuse, elle n’a joué qu’un rôle passif et n’a rien retiré des braquages, selon Me Vandenbemden qui demande son acquittement pour les faits qui lui sont reprochés. Il s’avère pourtant que la prévenue a supprimé des conversations par message entre elle et Mark de son téléphone quand elle a appris son arrestation. Des conversations qui auraient pu s’avérer utiles pour déterminer son degré d’implication dans les braquages.

Shell Pétange, Total Rumelange, Aral Pétange à deux reprises, Smatch Differdange, Aral Luxembourg et Esso Mersch… Les prévenus sont suspectés d’avoir volé près de six mille euros de liquide, des cigarettes et de l’alcool. Invité à s’exprimer une dernière fois avant la prise en délibéré de l’affaire, Cassi a campé sur ses positions. «Je n’ai rien à faire avec cette histoire», a-t-il réaffirmé. Les larmes aux yeux, Eric a, quant à lui, assuré ne «pas être un délinquant» et se «remettre en question tous les jours». Mark s’est contenté de présenter ses excuses à Anjaly et à sa famille.

Le prononcé est fixé au 20 décembre prochain.

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