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Braquages de stations-services : Mark assume presque tout, tout seul


En deux mois et demi, les quatre prévenus auraient braqué des stations-service à six reprises et une supérette. (Photo : archives lq)

Quatre jeunes vont comparaître pendant les deux prochaines semaines face à la 12e chambre criminelle pour une série de braquages. Ils risquent de lourdes peines de prison.

Dix jours d’audience, une vingtaine de témoins, trois enquêteurs de la police judiciaire et quatre prévenus. Trois jeunes hommes d’origine cap-verdienne et l’ancienne petite amie de l’un d’entre eux sont accusés d’avoir commis une série de braquages contre des stations-services et une supérette entre le 30 novembre 2020 et le 13 février 2021. La jeune femme aurait servi de chauffeur au moins trois fois pendant que les trois autres prévenus auraient commis les faits jusqu’à ce que Mark et Éric soient arrêtés en flagrant délit à Mersch. Du moins, c’est ce qui ressort de l’enquête.

À la barre de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, Mark refuse de donner ses complices et d’impliquer les jeunes hommes assis à ses côtés sur le banc des prévenus dans la salle d’audience, incarcérés comme lui au centre pénitentiaire de Schrassig. Il conteste les deux braquages de la station-service Aral à Pétange les 10 janvier et 6 février 2021, mais reconnaît les cinq autres. «J’étais présent sur les lieux, mais je n’ai rien fait», explique-t-il.

Anjaly, la voix tremblante, tandis qu’à l’autre bout de la salle ses coprévenus «s’amusent» et seront rappelés à l’ordre par le président, «conteste avoir su qu’ils avaient l’intention de commettre un crime». «J’aurais dû remarquer certaines choses et je m’en veux. Je n’ai participé à aucun des faits», avance-t-elle. Elle avait gardé le moteur allumé parce qu’il faisait froid et parce qu’elle était mal garée dans des rues adjacentes aux stations-services braquées. «Il ne faut pas être Sherlock Holmes pour comprendre ce qui se passait», note le président de la 12e chambre criminelle, incrédule. «Vous trouvez une arme à feu dans votre voiture et vous leur donnez des gants.» «J’ai fait confiance à quelqu’un que je connaissais depuis longtemps et je ne pensais pas qu’il me mettrait dans une pareille situation», tente la jeune femme de 24 ans, mal à l’aise.

Les deux autres coprévenus seront moins loquaces. Éric avoue le dernier fait et nie tous les autres. Cassi, quant à lui, dit n’avoir participé à aucun des braquages. Shell Pétange, Total Rumelange, Aral Pétange à deux reprises, Smatch Differdange, Aral Luxembourg et Esso Mersch : le président égrène les lieux des faits. Les prévenus sont suspectés d’avoir volé plus de sept mille euros en liquide, des cigarettes et de l’alcool. Ils encourent des peines de prison allant de 15 à 25 ans.

Des vêtements compromettants

Images de vidéosurveillance à l’appui, un ancien commissaire en chef de la section répression du grand banditisme de la police judiciaire, qui a mené l’enquête, résume les faits tous commis en fin d’après-midi ou en soirée au moyen de menaces et d’une arme à feu factice. Des circonstances aggravantes qui pèseront lourd dans la balance si le quatuor est reconnu coupable. Sur les images, on voit deux ou trois auteurs vêtus de noir, portant cagoules, masques sanitaires et gants en caoutchouc. Le 13 février 2021, Mark braque son arme sur le caissier pendant qu’Éric vide la caisse.

Les braquages n’ont duré que quelques secondes à chaque fois. Suffisamment pour les enquêteurs pour remonter la piste de leurs auteurs présumés. La police, qui les recherchait depuis le braquage de la station-service de Rumelange le 21 décembre 2020, en arrête deux à Mersch. Mark portait des vêtements et des chaussures de sport repérés lors des braquages de Differdange, Luxembourg et Pétange, selon l’enquêteur. Un sac à dos contenant mille euros saisi dans la voiture à Mersch relie également Mark et Éric aux faits précédents.

«Après avoir obtenu le numéro d’immatriculation de la voiture repérée par un voisin à Rumelange, nous avons retrouvé son propriétaire et son conducteur», explique l’ancien commissaire en chef. Les policiers lancent des repérages qui les mènent petit à petit de la jeune femme à Mark dans un premier temps, puis aux deux autres prévenus ensuite. «Le téléphone d’Anjaly a borné à Rumelange et à Pétange au moment des braquages», précise l’enquêteur.

«Nous avons obtenu de graves indices selon lesquels Mark faisait partie de la bande qui avait commis une série de braquages», explique un deuxième enquêteur, qui a participé à l’arrestation de Mark et Éric. Il est repéré à Esch-sur-Alzette dans l’après-midi des derniers faits. Les policiers le tracent jusqu’à Mersch. «Ils sont passés plusieurs fois devant la station-service avant de zoner dans Mersch et de garer leur voiture. (…) Nous n’avons pas dû attendre longtemps avant de les voir quitter la station-service en courant. Il ne fallait pas avoir fait bac +7 pour comprendre ce qui venait de se passer.»

Les policiers ne sont pas intervenus plus tôt pour éviter que la situation ne dégénère en prise d’otages, a précisé un des enquêteurs.

Cet après-midi et demain matin, le tribunal entendra les témoins des différents faits.

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