BGL LIGUE (26e JOURNÉE) Désormais flanqué de 6 points d’avance sur le F91, le Swift doit enchaîner. Mais il semble porté par les trois jours riches en histoires qui lui ont permis d’éloigner le F91.
Lundi 17 avril, lendemain de victoire légendaire pour le Swift, revenu de 1-3 à 4-3 en six minutes face au F91 dans une «finale» pour le titre. Pas de bol pour Pascal Carzaniga, qui suit assidûment son fils, avant-centre chez les juniors de Pétange : pour une fois, le match est décalé au lundi et c’est… à Dudelange que le Titus se déplace. À peine arrivé, le technicien hesperangeois se prend des réflexions. «Certains m’ont dit « Oh toi, tu viens faire le malin!« », s’irrite encore le coach, vainqueur d’un titre de champion ici-même en 2014. Heureusement, Carlos Fangueiro l’a calé dès le parking et pris sous son aile, quelques heures seulement après cette invraisemblable remontada : «Mais arrêtez! Son fils, c’est le blond, là. Il était déjà là à l’aller!»
Les deux hommes ne se quitteront pas de la rencontre. Au menu, la dissociation mentale de deux coaches capables de parler du match de la veille tout en suivant une rencontre de juniors que Pétange va perdre 2-1 malgré un passe décisive du fils Carzaniga ou plutôt grâce à deux pénalties accordés au F91 qui susciteront ce commentaire de Carzaniga à Fangueiro : «Je préfère qu’ils aient été sifflés pour vous aujourd’hui qu’hier.» Pour le reste, les deux hommes ont refait le match. Et à suivre les explications de Pascal Carzaniga autour de tout ce qui entoure ce Swift – F91 qui passera à la postérité, on en prend la pleine mesure : après ça, Hesperange risque d’être porté par une mystique qui le rend peut-être vraiment intouchable.
CARZANIGA A MENACÉ SES JOUEURS DE DÉMISSIONNER
Il l’a révélé en début de semaine : Pascal Carzaniga a annoncé à ses joueurs, entre l’élimination en Coupe à Differdange (1-0) et le duel avec le F91, qu’il quitterait ses fonctions si ses gars enchaînaient deux défaites au cœur de cette semaine anglaise cruciale. «Je leur ai dit que je ne serais pas là lundi si on perdait. J’ai l’impression que ça les a touchés!» Or, au coup de sifflet final, ils ont été nombreux à venir rappeler ses engagements à leur entraîneur : «On sera contents de vous voir lundi.» Si le F91 avait gagné? «C’est sûr, je serais parti!»
LES DEUX COACHES ONT PARIÉ UN REPAS SUR UNE MAIN DE STOLZ
C’est l’une des récriminations qu’avait hasardé Carlos Fangueiro au lendemain de la rencontre : lui avait détecté une faute de main de Dominik Stolz lors de l’action lui ayant permis d’inscrire le 4-3. Les deux coaches se sont penchés sur la vidéo. Le battu assure qu’il voit la main. Le gagnant assure qu’elle n’existe pas. Les deux hommes ont parié… un repas au restaurant, «mais pas Gigi l’Amoroso», rigole Carzaniga. Qui va appeler «Joubert, dont je suis proche, pour savoir puisque seul lui peut nous dire. Mais je le ferai à la fin du championnat pour ne pas le perturber. Mais moi, j’affirme que la gestuelle de tous les joueurs du F91 prouve qu’il n’y a pas de main. S’il y en avait eu une, ils auraient tous manifesté. « Jona« le premier! Ce pari, je suis sûr que je vais le gagner.» En attendant, les deux coaches continueront de s’écharper sur l’égalisation dudelangeoise et le pied tendu de Bojic. Faute dit l’un. Non dit l’autre. Ils ont parié quoi, là-dessus?
LES JOUEURS ONT REFUSÉ DE NE PAS GAGNER
À 1-3 et alors que le bateau fuyait de toute part jusqu’à l’heure de jeu, le staff hesperangeois a été surpris avant tout par… le calme des joueurs. Sorti à 1-2, peu avant le 1-3, Mehdi Terki, plombé physiquement par le ramadan, ne s’est pas démonté en s’asseyant sur le banc et alors que son équipe était ballottée : «C’est pas fini! On va gagner.» Exactement ce que Belameiri a indiqué quatre minutes plus tard au moment d’entrer sans même avoir croisé son capitaine : «Il n’écoutait même pas mes consignes défensives, balance « Caza« . Il m’a dit « Vous inquiétez pas coach, on va gagner.« J’étais surpris, ça m’a vraiment rassuré.» Parce qu’aux vestiaires, après l’égalisation du F91 à la 43e, le technicien avait vu de l’«incrédulité», même «dans les yeux d’un Jerry Prempeh».
UN MESSAGE DE MICHEL LEFLOCHMOAN?
En quittant le stade, dimanche dernier, il est arrivé un truc marquant à Pascal Carzaniga, qui a le sens de l’histoire à opposer à tous ceux qui ont voulu lui dire que non, ce n’était pas fini, que son équipe n’était pas encore officiellement sacrée : il a croisé Rodrigue Dikaba, auteur du but décisif pour le F91 en 2016, alors que son équipe comptait huit points d’avance à… quatre journées de la fin. L’ancien milieu de terrain serre alors la main du technicien et lui balance cette phrase d’initié, à qui c’est déjà arrivé : «Coach, vous allez être champion!» «Caza» a voulu y voir un clin d’œil du destin de son vieux pote Michel Leflochmoan, décédé récemment et qui était aux manettes en 2016, ayant le temps de se voir tout perdre : «C’est un peu comme s’il m’avait lancé un sort», s’émeut le technicien du Swift. Le bon œil du technicien le plus couronné du siècle? Une augure à confirmer contre Käerjeng…