[BGL Ligue] Cinq clubs à la merci de leurs fantasmes

Hostert, Käerjeng, Etzella, Mondercange, Fola… Ils sont cinq à jouer leur survie. Et tous rencontrent des adversaires en roue libre. À quel point la fin de saison est-elle biaisée ?

Pour les cinq clubs encore engagés dans la course au maintien, c’est un enfer psychologique. Consulter le programme d’abord. Constater les noms des adversaires de leurs concurrents directs ensuite. S’imaginer quel genre de match peut les attendre pour finir. Faire les comptes jusqu’à la nausée.

Hostert ? Ce sera contre un Differdange désormais obnubilé par sa finale de Coupe. Käerjeng ? C’est Rosport, tout à la tristesse de son élimination en demi-finale. Etzella? Strassen, qui va faire tourner de son propre aveu dans des proportions assez monumentales. Mondercange ? Pétange qui est plombé par les blessures. Le Fola ? Le RFCU qui a décidé de faire la promotion de tous les petits jeunes qui entreront dans son groupe la saison prochaine. Cette configuration est une machine à fantasmes : avec tous ces adversaires qui n’ont plus rien à jouer et préparent déjà la suite, qui lâchera complètement sa rencontre et qui pourrait en être le grand bénéficiaire ? Chacune des équipes qui joue sa survie a le droit de se dire que les autres seront privilégiées. C’est normal : dans leur situation, on est plus facilement pessimiste qu’optimiste.

«Je ne sais pas avec quel esprit ils (Differdange) rentreront dans le match, mais de toute façon, ils ont un grand cadre, de la qualité et ils peuvent faire tourner», s’inquiète Heni Bossi, dont l’USH est sur le point de basculer. Il suffirait de ne pas gagner et qu’Etzella s’impose pour ne plus avoir aucune chance d’arracher ne serait-ce qu’un barrage. Ettelbruck, fatalement, y croit un peu de son côté, mais Bruno Alves ose à peine en rêver : «Ça peut être avantageux de jouer un Strassen qui fait tourner, mais on a vu la semaine dernière, contre le Racing (2-2), que les jeunes mis sur le terrain ont envie de prouver qu’on pourra compter sur eux la saison prochaine. On pourrait assurer le barrage si l’on gagne et que derrière, les autres perdent, mais on s’attend à ce que ce soit très dur.»

Mais bon, sans parler de magouilles…

L’implication du RFCU, c’est du côté de Käerjeng qu’on vient à en douter, fatalement. «Il y a des équipes qui lâchent, comme eux. Ça ne va pas nous aider non plus. Le Racing a annoncé des changements, ils auront forcément des joueurs démobilisés», lance Manuel Peixoto, dont le Käerjeng va affronter un Victoria sauvé et qui doit digérer le fait que la finale de la Coupe lui est passée sous le nez. Fatalement, à cela, il ne croit pas : «C’est tout de même une équipe avec un mental, ce n’est pas une équipe qui va forcément lâcher. Ça fait partie du jeu.»

Si le technicien bascharageois a raison, c’est le Fola qui pourrait faire la fête en grand, dès dimanche soir. Le champion 2021 sera officiellement tiré d’affaire en cas de victoire… combinée à un nul ou une défaite de Mondercange. Trop beau pour être vrai selon Stefano Bensi : «Oui, le RFCU change de politique, mais ils ont encore le cadre qu’il faut cette saison! Le maintien, je n’y pense pas encore. On a fait un joli chemin depuis la trêve hivernale, mais il reste à finir le boulot.»

L’avenir du club doyen est donc en partie lié au résultat du promu mondercangeois qui estime lui qu’avec Pétange, il a tiré le gros lot. Voilà en effet un adversaire qui, bien que son infirmerie soit pleine, semble garder un rythme de croisière respectable basé sur son fond de jeu. «Même avec une équipe réserve, ils pourraient venir nous battre chez nous», estime Olivier Ciancanelli, qui pourrait quand même verrouiller au moins le barrage ce week-end. «Mais bon, sans parler de magouilles, c’est quand même compliqué d’aborder ces matches avec tous ces changements dans les équipes qui n’ont plus rien à jouer et qui sont dans leur droit. Ça fausse la logique…»