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Affaires de circulation : «Quelqu’un ment, mais j’ignore qui»


Les protagonistes des deux affaires ont livré des témoignages contradictoires quant au déroulement des faits instruits. (photo archives LQ/Fabrizio Pizzolante)

L’affaire paraissait simple. Des témoignages contradictoires l’ont compliquée, à tel point que le parquet a demandé une toute nouvelle instruction pour y voir plus clair.

Une peine à la carte, c’est ce qu’a demandé Vincent. En mars 2022, il avait été condamné à une peine de 18 mois d’interdiction de conduire assortie du sursis intégral et à une amende de 700 euros pour avoir conduit en état d’ivresse. «C’est une peine standard», a indiqué le représentant du parquet qui a requis la confirmation de la peine. Les affaires de circulation se sont succédé face à la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, lundi après-midi.

Qui conduisait la mobylette repérée par la police à Differdange, le 11 avril dernier, en fin d’après-midi ? Les différents protagonistes de l’affaire ne sont pas d’accord. Un commissaire de police se souvient que le conducteur portait des vêtements sombres et un casque noir. Les mêmes que portait Yanis quand la patrouille a retrouvé la mobylette quelques minutes après l’avoir aperçue une première fois. Son ami Sven – qui portait des vêtements différents, selon le policier – prétend pourtant avoir conduit le 50 cm3. Yanis aurait été sous le coup d’une interdiction de conduire à Luxembourg.

C’est la seule infraction constatée à l’encontre du jeune homme de 20 ans à ce moment-là, mais la situation a dégénéré, selon le policier. Après une heure trente de discussion, les policiers ont prévenu le parquet qui a ordonné la saisie de la mobylette. La maman de Sven s’y serait violemment opposée et aurait insulté les policiers qui ont eu l’impression que le conducteur, voyant qu’une patrouille le suivait, aurait voulu leur échapper. «Ils n’ont pas eu le temps d’échanger leurs vêtements», avance le policier.

Le frère de Sven, notes à l’appui, affirme avoir vu son frère monter sur la mobylette et revenir avec quelques minutes plus tard avant que la police n’arrive. Pendant ce temps, le jeune homme de 19 ans serait resté dans l’allée de garage avec Yanis et son père. «On fermait la porte du garage quand les policiers sont arrivés. Ils nous ont demandé de l’ouvrir pour contrôler la mobylette qui venait d’y rentrer.» Une version qui diffère de celle du policier.

La maman du prévenu affirme que les policiers les ont poussés à mentir pour dénoncer Yanis qu’ils avaient déjà arrêté par le passé. Elle a d’ailleurs déposé plainte auprès de l’inspection générale de la police. Sven conduisait la mobylette, insiste la mère de famille. «Il ne l’avait plus conduite depuis novembre 2021 après avoir commis une infraction au code de la route et voulait seulement faire un tour du pâté de maison.»  Elle est interrompue dans son témoignage par le représentant du ministère public qui demande la clôture des débats et une nouvelle instruction de l’affaire. «C’est une petite affaire et nous n’avançons pas», explique-t-il. «Les témoins ont été avertis des conditions d’un témoignage sous serment. J’ignore qui ment, mais quelqu’un ment.» L’affaire a donc été remise sine die et va faire l’objet d’une nouvelle enquête.

Emmanuel n’a pas attendu la police

«Quand il a couru vers son véhicule, j’ai eu le réflexe de prendre une photographie de sa plaque d’immatriculation», se souvient Fatima. Le 29 mai dernier, Emmanuel aurait percuté sa voiture sur l’A1 en direction de Gasperich et aurait pris la fuite. «La voiture devant moi a freiné. J’ai freiné mais pas la voiture qui me suivait», poursuit-elle. «Nous nous sommes arrêtés sur le côté et je lui ai demandé d’attendre l’arrivée de la police. C’est là qu’il est parti en courant.» Emmanuel conteste. Fatima aurait changé de voie de circulation trop rapidement sans mettre son clignotant et il n’aurait jamais été question d’attendre la police.

Selon une passagère présente dans la voiture d’Emmanuel, la voiture de Fatima serait arrivée rapidement par derrière sur la droite avant de se rabattre devant eux sur la voie de gauche. La témoin aurait abordé la victime présumée et suggéré de prendre la photographie de la plaque d’immatriculation pour qu’elles puissent reprendre leur route. «Je sais que raconter des mensonges à la barre est un crime. Je vous jure sur la tête de mes deux enfants que je dis la vérité. Pourquoi mentirais-je? Je ne veux pas risquer de perdre mon emploi», indique la passagère à la barre, confirmant la version d’Emmanuel. Il conduisait des personnes à l’aéroport qui rentraient en Guinée-Bissau d’où il est originaire.

Emmanuel insiste : pour lui tout était clair le jour des faits. Elle avait sa plaque d’immatriculation et il ne lui est pas venu à l’esprit de signaler l’accident à la police à son retour de l’aéroport. «En principe, après un accident, on fait un constat à l’amiable ou on attend la police», rappelle le représentant du parquet. «Je conçois que les circonstances étaient exceptionnelles pour le prévenu et qu’au vu des dégâts et de son arrivée récente au Luxembourg, il n’a pas pris conscience de ce qu’il aurait dû faire.» Pour le magistrat, il ne s’agissait que «d’un léger accrochage» et Emmanuel «n’a pas laissé Madame agonisante au bord de la route». Il a requis une amende à son encontre. Son avocat a plaidé en faveur d’un partage des responsabilités.

Le prononcé est fixé au 13 février.

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