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Retraites : les syndicats veulent mettre la France « à l’arrêt » mardi


La semaine sera émaillée d'autres mobilisations, en parallèle des débats au Sénat, qui s'achèveront quoi qu'il arrive vendredi. (photo AFP)

Manifestations monstres, grèves reconductibles dans des secteurs stratégiques : après les vacances, les syndicats projettent toutes leurs forces dans la bataille contre la réforme des retraites, en faisant le pari de mettre mardi la « France à l’arrêt » pour faire enfin plier l’exécutif.

Sur fond d’examen de la réforme au Sénat où était examinée samedi la fin de plusieurs régimes spéciaux, les syndicats comptent mobiliser pour cette 6e journée d’actions davantage encore que le 31 janvier, où la police avait recensé 1,27 million de participants et l’intersyndicale plus de 2,5 millions.

De source policière, entre 1,1 et 1,4 million de manifestants sont attendus dont 60 à 90 000 à Paris.

La mobilisation passe à « la vitesse supérieure », assure le N.1 de la CGT Philippe Martinez dimanche au JDD.

« Le 7 mars va être très gros », juge Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires. « On va casser la baraque », renchérit le secrétaire général adjoint de l’Unsa, Dominique Corona.

« À genoux »

De fortes perturbations sont attendues dans les transports urbains et ferroviaires, l’ensemble des syndicats ayant appelé à la grève reconductible à la RATP et à la SNCF, à partir du 7 mars.

« Le 7, ça va être très dur », a prévenu vendredi le ministre délégué aux Transports Clément Beaune, appelant ceux qui le peuvent à télétravailler. « Le 8, le 9… et plus si affinités ? J’espère que non », a-t-il ajouté.

Dans les airs, la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de renoncer mardi et mercredi à entre 20 et 30% de leurs vols, en prévision de la grève des contrôleurs aériens.

D’autres professions sont appelées à la grève reconductible « jusqu’au retrait de la réforme », à l’invitation de la CGT : raffineurs, électriciens et gaziers, éboueurs, dockers, ouvriers du verre et de la céramique… le secrétaire général de la fédération CGT de la Chimie, Emmanuel Lépine, se disant prêt à « mettre à genoux l’économie française » pour obtenir gain de cause.

Dans l’énergie, la grève a débuté dès vendredi après-midi avec des baisses de production dans plusieurs centrales nucléaires, manière pour la CGT d’accompagner le débat qui s’ouvrait au Sénat sur la suppression des régimes spéciaux de retraite.

Les enseignants seront à nouveau en grève, parfois de manière reconductible.

Les syndicats s’attendent en outre à des initiatives plus inhabituelles : chantiers à l’arrêt, rideaux de magasins fermés, péages ouverts, routes bloquées…

La semaine sera émaillée d’autres mobilisations, en parallèle des débats au Sénat, qui s’achèveront quoi qu’il arrive vendredi. Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, sera cette année placée sous le signe d’une réforme des retraites jugée particulièrement injuste pour elles.

Et les mouvements lycéens et étudiants ont annoncé une journée de mobilisation le 9. « Bloquez tout ce que vous pouvez », les a encouragés vendredi soir le leader LFI Jean-Luc Mélenchon.

« Moment de rupture »

L’intersyndicale se réunira dans la soirée mardi pour déterminer les suites à donner à la contestation. La date du 11 a été évoquée en son sein, sans être confirmée à ce stade.

Les leaders syndicaux attendent cette fois-ci plus qu’aucune autre une réponse à leurs revendications.

« Si on fait plus fort là (que le 31 janvier, NDLR), ça veut dire que c’est la plus grosse manifestation depuis des décennies », dit Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT. « La première suite du 7 mars, c’est une prise de parole politique, du gouvernement ou du président de la République, qui renvoie quelque chose par rapport au moment de rupture qui est en train de se passer dans le monde du travail aujourd’hui », plaide-t-il.

La Première ministre Elisabeth Borne a prévu de s’exprimer lundi soir sur France 5.

En ordre dispersé, le ministre du Travail Olivier Dussopt a défendu samedi auprès du Parisien une « réforme de gauche » et « sans perdants » tandis qu’en marge d’une visite du salon de l’agriculture, son homologue des Comptes publics Gabriel Attal haussait le ton en dénonçant des grèves qui vont bloquer les Français « qui triment ».

Mercredi, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran avait suscité railleries et incompréhension, en estimant que « mettre la France à l’arrêt » à partir du 7 mars, serait « prendre le risque d’une catastrophe écologique, agricole ou sanitaire ».

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