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ArcelorMittal Belval à la recherche d’une production moins énergivore


Le four électrique du site de Belval sera remplacé, d’ici 2025, par un nouveau à la fois plus efficace et moins énergivore. (Photos: julien garroy)

Alors que la sidérurgie reste une industrie très énergivore, ArcelorMittal recherche des solutions qui passeront par un investissement de 100 millions d’euros au Luxembourg.

(Vidéo David Weichert)

L’année 2022 aura été compliquée pour ArcelorMittal. Face à la flambée des prix de l’énergie et la baisse de la demande mondiale, le sidérurgiste a annoncé un bénéfice net de 993 millions de dollars au troisième trimestre contre 4,6 milliards lors du même trimestre en 2021. Cette baisse de 78 % a ramené à 9 milliards de dollars le bénéfice sur les neuf premiers mois de 2022 contre 10,9 l’an passé. «Il y a une volatilité énorme et beaucoup d’incertitudes qui poussent nos clients à attendre pour passer commande», confirme Roland Bastian, head of country pour le Luxembourg. «Heureusement, nous avons 1,1 milliard de dollars de cash flow et une dette qui reste à 3,9 milliards, soit notre meilleure performance.»

Mais ces revers n’empêchent pas le groupe d’investir sur ses sites luxembourgeois. L’enveloppe d’ArcelorMittal Luxembourg Produits longs, qui regroupe les sites de Belval, Differdange, Dommeldange et Rodange, a été réduite mais «nous permet toujours de développer nos projets», assure Pierre Jacobs, son CEO. La modernisation des installations, pour les rendre moins énergivores, est donc toujours d’actualité. C’est même le grand chantier de ces prochaines années. «La production d’acier mondiale est responsable de 6 % des émissions de CO2 produites par l’être humain», rappelle Roland Bastian.

La mitraille est la matière première utilisée dans la fabrication d’acier. Elle est importée de toute l’Europe.

La neutralité carbone d’ici 2050

Le groupe s’est donc lancé dans une campagne de décarbonation afin de baisser de 35 % ses émissions d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le Grand-Duché, et plus particulièrement Belval, est associé à cette grande transformation. D’ici 2025, un nouveau four à arc électrique sera installé sur le site eschois. «Il sera construit juste à côté du four actuel qui sera ensuite démonté», détaille Pierre Jacobs. D’un rendement 10 à 15 % supérieur, il sera aussi moins énergivore et permettra de réaliser de nouveaux produits spécialement pour le laminoir de Rodange. «Cela permettra aux sites luxembourgeois d’être autosuffisants. Pour le moment, nous devons les importer de Pologne ou d’Allemagne», précise Roland Bastian.

Ce four devrait coûter dans les 55 millions d’euros qui s’inscriront dans un investissement global de 100 millions d’euros pour adapter l’ensemble des installations d’ArcelorMittal Luxembourg Produits longs à cette nouvelle production.

Comme son nom l’indique, la coulée continue des laminoirs ne doit pas s’arrêter. Des ouvriers sont donc présents 24 h/24 et 7 j/7. Photos : julien garroy

Limiter l’utilisation du gaz naturel

Pour aller vers des processus moins polluants, le sidérurgiste souhaite aussi limiter ses besoins en gaz naturel qui alimente ses fours électriques. Celui-ci peut aisément être remplacé par l’électricité. En 2022, alors que le gaz russe se faisait rare, des tests ont été réalisés pour faire fonctionner les fours uniquement avec de l’électricité. «Nous avons réussi, mais ce n’est pas une procédure standard», rappelle Pierre Jacobs. L’hydrogène est également une solution, mais cette technologie n’en est encore qu’à ses débuts et reste compliquée à manier. En revanche, électricité et hydrogène devront tout de même être issus d’énergies renouvelables pour que l’on puisse qualifier la production de verte.

Que produit-on à ArcelorMittal Belval?

L’usine de Belval est spécialisée dans les petites poutres ainsi que les palplanches qu’elle produit depuis plus de 100 ans. Le site a d’ailleurs joué un rôle de premier plan dans le développement de cette technologie. Conçues pour s’imbriquer les unes dans les autres et former un mur étanche, les palplanches sont destinées à retenir la terre ou l’eau pour créer des murs de quai, des digues, des parkings souterrains, des tunnels ou des ponts. Elles peuvent avoir plusieurs utilisations, soit en étant directement intégrées à la structure finale, soit en ne servant que durant la période de chantier. Elles ont alors pour rôle de sécuriser l’excavation qui permet de construire la structure proprement dite.

Ces différentes productions sont obtenues grâce à de la mitraille, issue de ferrailleurs ou de déchetteries. Celle-ci est chargée puis fondue dans un four électrique dont la température peut atteindre les 1 600 degrés. L’acier liquide obtenu passe ensuite dans l’un des deux laminoirs qui permettent, grâce à la coulée continue, d’obtenir les produits souhaités. Ils sont ensuite acheminés dans le monde entier.

Mais ArcelorMittal étudie également d’autres pistes pour améliorer son empreinte carbone. «Nous avons noué un partenariat de 5 ans avec nos voisins du LIST, le Luxembourg Institute of Science and Technology, pour récupérer de la chaleur.» Une chasse au gaspillage qui n’a rien de nouveau. Depuis 2018, l’entreprise a monté un projet avec Sudcal pour récupérer une partie de la chaleur perdue et la réinjecter dans le réseau des quartiers de Belval, Sommet et Nonnewisen, soit environ 4 000 foyers. Le but serait maintenant de transformer cette source d’énergie en électricité. Un nouveau défi parmi tous ceux qui attendent ArcelorMittal Belval.

ArcelorMittal au Luxembourg

3 420 salariés de 64 nationalités

1,9 million de tonnes d’acier produites en 2022

364 millions d’euros injectés dans l’économie locale (salaires, cotisations, dépenses…)

Une production d’acier réalisée à partir de 95,4 % de matériel recyclé

Un commentaire

  1. Pourtant, des sociétés spécialisées dans la récupération de la chaleur perdue dans les fumées des usines pour la transformer en électricité, cela existe depuis des années, même en Europe. Les industriels parlent beaucoup mais agissent visiblement peu !

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