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[Le portrait] Elledy Semedo, un mondialiste heureux


Elledy Semedo est un homme heureux ! (Photo : charles hoffsess)

Arrivé il y a un an et demi au Grand-Duché, l’arrière cap-verdien des Red Boys s’est parfaitement adapté à sa nouvelle vie.

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«Pense au tricot d’Ekberg (NDLR : Niclas Ekberg, l’ailier droit suédois qui évolue en Allemagne, du côté du THW Kiel)», plaisante Daniel Scheid. «Profite bien! Et montre-leur ce que tu sais faire…» enchaîne Guillaume Ballet en mimant tout sourire un shoot avant d’y aller de son accolade. Ces paroles des deux joueurs des Red Boys datent du 22 décembre, après la victoire de Differdange face à Dudelange. Elles sont destinées à leur coéquipier et futur mondialiste Elledy Semedo. Des mots d’encouragement pour le compact arrière (1,87 m, 90 kg), qui s’envolera quelques jours plus tard, après avoir fêté le réveillon de Noël en famille, pour Melgaço, au nord du Portugal. Il y rejoindra la sélection nationale du Cap-Vert, en pleine préparation pour le Mondial-2023.

Après plusieurs semaines de stage intensif, la formation de ce petit État insulaire d’un peu moins de 600 000 âmes s’apprête donc à entamer sa compétition ce soir à 18 h face à l’Uruguay. Sur le papier, l’adversaire le plus abordable de ce groupe C, dont se méfie tout de même le Differdangeois, arrivé il y a maintenant un an et demi au Luxembourg, du côté de Bascharage. «C’était aussi une belle opportunité pour mes enfants (âgés de huit et neuf ans), spécialement pour l’éducation ici et la qualité de vie», explique le père de famille.

Une intégration facile chez les Red Boys

Au cours de ses premiers mois passés sous le maillot de Käerjeng, le Cap-Verdien, désireux de s’intégrer rapidement, commence à apprendre le français. «La première année, quand je suis arrivé ici, j’avais besoin de travailler (NDLR : en plus du handball), et donc, pour faire les entretiens, j’ai dû apprendre très vite. Quand je faisais une erreur, je demandais à mes amis et à mes collègues de me corriger. Si tu restes timide, ça ne peut pas marcher.»

Sa maîtrise de la langue, associée à sa bonne humeur permanente et sa gentillesse, lui a permis de facilement s’intégrer dans le vestiaire des Red Boys, club qu’il a rejoint cette saison en tant que professionnel et avec qui il est lié jusqu’en 2024. En quête d’un renfort de choix pour compenser le départ de Damir Batinovic, Sandor Rac (ex-entraîneur de Differdange) et son staff technique de l’époque avaient jeté leur dévolu sur l’arrière polyvalent, convaincus de ses qualités.

Un jour, on m’a proposé de jouer pour ne pas seulement rester à regarder

Un nouveau challenge au Grand-Duché donc, chez le vice-champion, pour le solide gaillard qui, hormis une brève expérience au Qatar, avait uniquement connu le championnat national du Portugal. Pays qu’il a rejoint à l’âge de 10 mois avec ses parents et dont il a également la nationalité. Très jeune, il découvre le handball dans le club de sa petite ville : «J’ai commencé à l’âge de 4-5 ans à Pedreira dos Húngaros (NDLR : dans le Grand Lisbonne) avec ma maman, qui était entraîneuse.» D’abord, il assiste aux séances d’une équipe mixte dans laquelle les filles sont majoritaires, les garçons préférant se consacrer au football. «Un jour, on m’a proposé de jouer pour ne pas seulement rester à regarder», se souvient ce grand fan de Daniel Narcisse.

L’histoire est en marche : le jeune homme se prend d’affection pour ce sport et son talent est indéniable. De quoi lui permettre de porter les couleurs de Porto Salvo, Paço de Arcos, Amadora ou encore Belenenses, avant de rejoindre Benfica, l’un des meilleurs clubs lusitaniens. Là-bas, il est tout proche de remporter la Challenge Cup au cours de la saison 2015/2016.

« Je ne suis pas encore totalement sur la fin de ma carrière »

Son équipe et lui échouent d’un rien en finale contre l’ABC/UMinho basé à Braga. Une compétition qu’il aurait également pu gagner trois ans plus tard avec Madère, «la ville de Cristiano Ronaldo que tout le monde connaît», sourit-il. Là non plus, il ne manque pas grand-chose lors de l’ultime rencontre face aux Roumains du CSM Bucarest. Avec six réalisations inscrites durant la manche retour, il termine d’ailleurs meilleur marqueur de sa formation.

La suite, on la connaît : il décide de quitter le Portugal pour poser ses valises au Luxembourg. «Je ne suis pas encore totalement sur la fin de ma carrière, mais presque (il rit), et après j’aimerais entraîner les petits et trouver un travail ici», déclare le joueur de 34 ans. Avec son compatriote Gilson Correia (Diekirch), ils seront les deux seuls représentants d’AXA League à prendre part à l’évènement planétaire organisé en Pologne et en Suède. Une participation à cette 28e édition des championnats du monde que les «Requins Bleus» sont allés chercher en signant un véritable exploit lors de la CAN-2022.

C’était une grande fête pour nous, pour notre petite île!

«C’était une expérience vraiment magnifique! C’était notre deuxième participation, la première fois (en 2020), on avait terminé à la 5e place et cette année (2022), on a fini 2e. C’était une grande fête pour nous, pour notre petite île! C’est difficile d’expliquer ce sentiment…», raconte l’international, des étoiles plein les yeux. Un sentiment du devoir accompli pour les joueurs de ce petit pays, un an après la douloureuse expérience du Mondial-2021. À cette occasion, le Cap-Vert et Elledy Semedo participaient pour la toute première fois de leur histoire à une compétition d’une telle envergure.

Malheureusement, la fête avait été gâchée en raison de la propagation du Covid-19 dans les rangs de la sélection qui a contraint cette dernière à quitter prématurément le tournoi après n’avoir disputé qu’une seule rencontre (perdue contre la Hongrie). «Ça a été vraiment compliqué», se remémore l’arrière qui, positif au virus, n’avait pas pu jouer. Alors forcément, deux ans après, le joueur des Red Boys et ses compatriotes comptent prendre leur revanche et montrer une belle image du handball cap-verdien au grand public. Le tout, en décrochant un premier succès historique.

«C’est l’objectif! Et de passer au deuxième tour aussi!» Pour cela, le Cap-Vert devra prendre une des trois premières places de son groupe. Elledy Semedo ajoute : «Mais même si nous perdons, c’est déjà bien d’être arrivé là. On va pouvoir montrer que le Cap-Vert existe, que le Cap-Vert a des capacités et de bons joueurs aussi. On veut montrer nos qualités et bien représenter le pays.» C’est tout le mal qu’on leur souhaite, à lui et ses partenaires.

En bref

Né le 21 mars 1988 au Cap-Vert, Elledy Semedo rejoint le Portugal à l’âge de 10 mois. Vers ses 4-5 ans, il fait ses premiers pas de handballeur à Pedreira dos Hüngaros, le club de sa ville.

Hormis une parenthèse au Qatar, et avant de s’engager avec Käerjeng en 2021, l’arrière polyvalent fera l’essentiel de sa carrière au Portugal. Il portera entre autres les couleurs de Benfica et de Madère. Deux formations avec lesquelles il atteindra la finale de la Challenge Cup. Au total, ce solide gaillard compte plus d’une centaine de buts en Coupe d’Europe (2e et 3e niveau), dont 17 inscrits avec les Red Boys qu’il a rejoints cette saison. Des performances qui lui valent d’être régulièrement appelé en sélection nationale du Cap-Vert.

Sélectionné pour le Mondial-2021 durant lequel les «Requins Bleus» n’ont pu disputer qu’un seul match avant de déclarer forfait en raison d’une épidémie de covid, le joueur, positif au virus, n’avait pas pu fouler le parquet. En 2022, ses équipiers et lui signent une performance majuscule lors de la CAN en décrochant l’argent, la première médaille du pays à l’échelle continentale. Aujourd’hui, il s’apprête à commencer les championnats du monde 2023 avec l’envie de signer un succès historique pour le petit archipel.

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