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Affaire Bianka Bisdorff : «Mais le bébé, il est où ?»


Sarah est sortie de la végétation avec la petite Bianka dans les bras près de ces escaliers, a témoigné un des ouvriers communaux. (Photo : archives lq)

La ronde des témoins se poursuit. Certains se font amener au tribunal par la police et d’autres débarquent de Pontoise. Mais cela ne ramène pas Sarah et encore moins sa fille.

«Mais le bébé, il est où? Il n’a pas encore été retrouvé?», s’est étonnée une connaissance de Sarah, vendredi matin. Ben non, et ce n’est pas faute d’avoir cherché la petite Bianka même au-delà de nos frontières. «C’était bien calculé», a conclu ce témoin d’origine algérienne à la barre de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Bien calculé ou pas et malgré une enquête minutieuse, sans le corps du nourrisson, aveux ou preuve formelle, impossible d’affirmer à l’exclusion de tout doute que Sarah a mis un terme à la vie de sa fille quelques jours après sa naissance par négligence ou pour une tout autre raison.

Le nourrisson a été aperçu pour la dernière fois dans les bras de sa mère le 15 juin 2015. La veille, la jeune femme de 32 ans à l’époque avait été hébergée avec la petite fille d’une semaine à peine par un ami qui s’est étonné que Bianka ne pleure pas. Un calme qui l’a davantage marqué que de savoir si la prévenue a nourri ou changé l’enfant. Le 12 juin 2015, Sarah et son colocataire Daniel ont passé la soirée dans un café à Pétange avec le bébé qui, selon les clients, était encore vivant.

Toujours absente à l’audience

Après ces dates, la mère de sept enfants, dont un est mort in utero, a toujours affirmé à ceux qui s’étonnaient de l’absence de Bianka à ses côtés qu’elle l’avait confiée à une mère, une tante ou une mystérieuse Christelle, quand elle ne se mure pas dans le silence. La jeune femme ne semble pas vouloir faire une exception pour son propre procès qui s’est ouvert mardi. Elle ne s’est pas présentée à la barre du tribunal vendredi matin. Pas plus que les jours précédents.

Trois des cinq témoins appelés à témoigner manquaient également à l’appel : une amie de Sarah et les deux ouvriers communaux qui ont aperçu la prévenue près des étangs entre Pétange et Linger. L’audience a été suspendue pendant de longues minutes pour tenter de les joindre. Finalement, un des ouvriers a dit être malade et le deuxième a été amené au tribunal par la police de Pétange. «Il n’y avait pas de trains», s’est excusé l’homme arrivé en tenue de travail orange vif avant de commencer son récit. Les deux autres témoins seront condamnés à une amende et convoqués à nouveau pour jeudi prochain.

Un bébé et une tante à vélo

«C’était dans l’après-midi. On était à la fin de notre tournée», rapporte l’ouvrier communal. «Nous avons vu une femme avec un paquet dans les bras sortir de la ruine. Nous nous sommes étonnés de voir une maman et un bébé dans un tel endroit. Plus tard, elle est sortie de la végétation avec le bébé emmailloté dans la couverture rouge au niveau des escaliers. C’était louche.» Les deux hommes ont eu l’impression que Sarah avait cherché à les éviter, qu’ils la dérangeaient.

Ils l’ont croisée à nouveau plus tard près du bâtiment en ruine. «Sans le paquet rouge», précise le témoin. «J’ai eu un mauvais pressentiment.» Il dit alors avoir abordé Sarah. «Elle m’a dit que le bébé était parti avec une tante à vélo. Un bébé sur un vélo!», note-t-il incrédule. Suspicieux, l’homme et son collègue ont prévenu leur chef qui est arrivé aussitôt et a interrogé à son tour la jeune femme. Il a obtenu la même réponse. Les trois hommes ont ensuite répondu à un appel à témoins lancé par la police. «Je n’ai pas vu l’enfant. Elle portait le paquet contre son sein. Je ne sais pas s’il était encore en vie», s’excuse-t-il presque.

Des enregistrements où elle avouerait les faits

«Sarah fumait une cigarette. Après que je lui ai parlé, elle s’est retournée et est partie», se souvient le chef des deux ouvriers. «Elle parlait normalement.» Bianka, elle, s’est évaporée comme la fumée de cette cigarette. Une fois leurs témoignages recueillis, les étangs ont été partiellement asséchés et fouillés de même que la végétation du site. Sans résultat. La présidente de la 13e chambre criminelle a émis une hypothèse peut-être plus sordide encore que toutes les autres : des poubelles situées sur le site avaient été vidées par deux fois avant que soient lancées les recherches pour retrouver le nourrisson.

Le procès continue mardi prochain avec les témoignages d’un pédiatre, d’une assistante sociale, ainsi que d’une sage-femme. Mercredi, ce sera au tour de la maman de la prévenue et de sa tante d’être entendues. Ensuite seront projetés les images de la reconstitution des faits ainsi que les enregistrements de Sarah réalisés par Daniel dans lesquels elle avouerait les faits. Ces vidéos et enregistrements audios sont en cours d’exploitation par la police judiciaire et ne peuvent pour le moment pas être considérés comme des aveux en bonne et due forme.

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