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[BGL Ligue] Julien Klein : «Je ne veux pas faire partie de l’équipe qui va faire descendre le club»


Aujourd’hui, Julien Klein est le patron de la pire défense du championnat et son équipe est menacée de relégation. (Photo : luis mangorrinha)

Le Fola est sur une pente dramatique. Et son capitaine, Julien Klein, qui a connu les heures lumineuses du club, en mesure toute la dangerosité.

Julien Klein a tout connu avec le Fola en treize années de présence au club. Les titres, les campagnes européennes, les coéquipiers internationaux… Aujourd’hui, il est le patron de la pire défense du championnat et son équipe est menacée de relégation. Le capitaine le vit mal mais n’a pas cessé d’être combatif.

Quel est votre degré d’inquiétude, aujourd’hui, à trois journées de la fin d’année et avec le risque de devoir passer les fêtes de fin d’année dans la peau d’un relégable?

Julien Klein : On savait que ce serait dur mais pas à ce point. Là, on va encore rencontrer deux gros (NDLR : le Progrès et le RFCU) ainsi qu’Hostert et ce serait bien de faire des points pour passer une trêve plus sereine. Si on n’en prenait plus, ce ne serait pas dramatique parce qu’il resterait quinze journées l’an prochain, mais ce serait mieux. Surtout qu’avec une série de deux ou trois victoires, ce championnat est assez serré pour que tu puisses t’extirper de la zone rouge.

Qu’avez-vous fait pour vous remettre à l’endroit durant cette trêve internationale?

On a travaillé ce qui nous manquait, et notamment la solidarité. On a donc fait du team building avec un laser game puis un repas. Et on a remis ça hier (NDLR : jeudi), en mangeant ensemble devant Brésil – Serbie. La solidarité, c’est ce qui nous manque sur le terrain dans les moments compliqués. C’était nécessaire.

Avez-vous réussi, personnellement, à comprendre ce qui ne va pas?

Et bien ce qui ne va pas, c’est qu’on se dit tous que ça va aller, qu’on ne peut pas finir relégués et pourtant, on continue d’enchaîner les contre-performances, voire de prendre cinq buts par match. Si on n’arrête pas de se dire ça et qu’on n’en fait pas plus, ça ne s’arrêtera pas. Là, on ne fait pas les efforts. Il y a eu une brève prise de conscience au licenciement du coach (NDLR : Miguel Correia), mais on est vite retombés dans nos travers.

Cela fait des années que le Fola subit des départs en été, qu’on lui promet des difficultés mais qu’il s’en sort toujours très bien. Cette saison, c’était la charrette de trop?

Les départs de cet été nous ont fait très mal. Ces derniers temps, nous avons effectivement réalisé énormément de très bonnes saisons avec des effectifs toujours un peu moins bons, mais nous avons eu aussi à chaque fois beaucoup de réussite… et cela a masqué nos lacunes. La dernière fois, j’étais dans le vestiaire et j’y réfléchissais en me rendant compte que près de 90 % de l’effectif était renouvelé alors que sur les dix dernières années, on changeait tout au plus trois ou quatre joueurs par an.

Tout le monde s’est dit : « On s’est encore inquiétés pour pas grand-chose, on sera encore européens, on a fait les bons choix »

C’est surtout la composition de ce groupe renouvelé qui est susceptible de poser problème.

Eh bien regardez, là, on va jouer contre le Progrès, que j’ai eu comme coach, et pourtant, certains dans le groupe ne le connaissent même pas. On a beaucoup de jeunes et, des fois, je dois bien avouer qu’on n’a même pas la même vision du foot. On a du mal à se comprendre. Quand trois ou quatre jeunes débarquent dans une équipe A, ils s’adaptent. Quand ils sont autant à arriver, ils ont du mal à assimiler que justement, ils ne sont plus en junior. À nous de leur faire comprendre que cela n’a rien à voir, que ce n’est pas le même football. Il y a des fois, nous, les cadres, on a un peu l’impression d’être seuls, de devoir jouer à fond de notre expérience pour le groupe alors que même pour nous, qui passons régulièrement au travers de nos matches, c’est compliqué à titre individuel. Et qu’on aimerait pouvoir s’occuper de soi.

Cela fait plus de dix ans que vous êtes arrivé dans ce club. Son état actuel vous fait-il plus mal qu’à d’autres?

Oui. Oui, c’est dur. J’ai connu l’époque des titres, de l’Europe… C’est dur. J’ai des difficultés à imaginer que je puisse faire partie d’une équipe qui va faire descendre le club en PH. Ça me ferait mal. Et je ne pense pas que les autres le voient de cette façon. Si on pouvait se redresser et ne pas avoir à en passer par un barrage, je préférerais. C’est pour cela que je dis aux joueurs qu’il faut qu’on arrête de se prendre pour d’autres et qu’on s’y mette.

Avez-vous l’impression que vos dirigeants parviennent à tenir le cap dans la tempête?

On a un nouveau président (NDLR : Paul Olk) qui fait ce qu’il peut, mais dans ce club, là, ces dernières années, personne n’a jamais connu ça, ce genre de situation. On est tous perdus.

Vous le disiez : vous avez connu plein de moments particulièrement beaux depuis 2010. Cela ressemble-t-il à la fin d’une ère?

Clairement. Et le club l’assume. Et c’est dur aussi pour les dirigeants. Je suis sûr qu’au fond d’eux-mêmes, ils étaient persuadés que cela se passerait mieux qu’actuellement. Et je me rends compte aujourd’hui que nos deux victoires inaugurales en début de saison ont peut-être fait plus de mal que de bien. Après ces deux succès (NDLR : contre Strassen et Pétange), j’ai l’impression que tout le monde s’est dit : « On s’est encore inquiétés pour pas grand-chose, on sera encore européens, on a fait les bons choix ».

Mais bon, jouons nos matches de fin d’année. Il y a Hostert, qui est LE match à gagner. Mais on ne cracherait pas sur l’un ou l’autre point supplémentaire. L’avantage, c’est que tout le monde continue de savoir de quoi on est capables. On garde encore un certain respect pour nous et, sur cette base, on peut encore faire douter beaucoup de monde…

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