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L’ex-archevêque de Strasbourg a reconnu avoir eu «des gestes déplacés»


Une enquête pénale a été ouverte contre Mgr Jean-Pierre Grallet, ici en 2007. (photo AFP)

Mgr Jean-Pierre Grallet, ancien archevêque de Strasbourg entre 2007 et 2017, a reconnu mercredi avoir eu « des gestes déplacés » envers « une jeune femme majeure » dans les années 1980, des faits pour lesquels une enquête pénale a été ouverte.

« À la fin des années 1980, alors que j’étais religieux franciscain, j’ai eu des gestes déplacés envers une jeune femme majeure, comportement que je regrette profondément », écrit dans un communiqué diffusé par la Conférence des évêques de France (CEF) l’ancien archevêque (2007-2017) de Strasbourg, aujourd’hui âgé de 81 ans.

« Je me suis égaré et j’ai blessé une personne. Le pardon que je lui ai demandé, je l’exprime aussi à tous ses proches, ainsi qu’à tous ceux qui, aujourd’hui, seront meurtris, sous le choc de cette révélation », poursuit Mgr Grallet.

« Je souhaite, par cette déclaration publique (…), contribuer à la démarche de vérité et assumer ma responsabilité », indique encore l’archevêque émérite, qui vit retiré au sanctuaire de Notre-Dame de Bonne-Fontaine, en Moselle.

Cet aveu intervient une semaine après la conférence de presse de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la CEF, qui avait plongé les Catholiques dans la stupeur en révélant que onze anciens évêques avaient eu affaire à la justice civile ou à la justice de l’Église pour violences sexuelles ou « non dénonciation ».

Dans le communiqué diffusé mercredi, le prélat précise que Mgr Grallet « est l’un des trois évêques hors fonctions » mentionnés alors « comme faisant l’objet d’enquêtes » pénale et canonique.

Faits « de nature sexuelle »

Né en 1941 à Rozelieure (Meurthe-et-Moselle) de parents agriculteurs, Mgr Grallet a fait ses études au grand séminaire de Nancy. Il a notamment été aumônier dans plusieurs lycées et universités et « visiteur général » franciscain au Canada, au Maroc, au Rwanda, à Madagascar, au Togo et en Côte d’Ivoire.

Les faits « de nature sexuelle » avaient été signalés en janvier au parquet de Strasbourg par l’actuel archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel, a indiqué dans un communiqué la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi.

« Une enquête pénale confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie de Strasbourg est toujours en cours », a ajouté la magistrate, qui n’indique pas si Mgr Grallet a été entendu.

Ni la nature exacte des faits ni le lieu où ils ont été commis n’ont été précisés. « Une enquête canonique est actuellement en cours et un signalement à la justice civile a été effectué », a indiqué de son côté Mgr Grallet. « Désormais, dans l’attente des conclusions des enquêtes canonique et civile, je me mets en retrait de la parole publique », a-t-il ajouté.

Conduite « répréhensible » 

Selon son successeur, Mgr Ravel, les faits remontent « à l’automne 1985 alors » que Mgr Grallet « était prêtre ». Ils « ont été portés à ma connaissance par la personne victime en décembre 2021. J’ai procédé à un signalement auprès de la procureure de la République de Strasbourg en janvier 2022. Les autorités romaines ont, elles aussi, été saisies », a-t-il indiqué dans un communiqué.

« Au nom de l’ensemble des évêques de France, Mgr de Moulins-Beaufort tient à exprimer sa compassion à la personne qui a été victime » du comportement « grave » de Mgr Grallet, un « religieux par la suite devenu évêque », indique encore la CEF dans le communiqué.

« C’est triste pour l’église, c’est triste pour lui, c’est triste bien évidemment pour la personne qui a été victime de cet agissement. Maintenant, en même temps je me dis bravo, l’Église fait le ménage et ces évêques ont le courage de dire devant tout le monde qu’ils ont fauté », a réagi Joseph Joly, 75 ans, un paroissien de l’église Saint-Pierre-Le-Jeune à Strasbourg, à la sortie d’un office.

« On est tous pécheurs. C’est vrai que c’est difficile un évêque qui faute comme ça, mais ça n’empêche pas qu’il était un bon évêque quand même », a estimé quant à elle Anne-Catherine Kuhn, 50 ans. « Ceux qui avouent fauter c’est très bien. Ils vont faire un travail sur eux, on espère. Et avancer surtout. »

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