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Felipe VI, des pas timides pour redorer le blason de la monarchie


Felipe VI, qui fêtera vendredi ses six mois en tant que roi d’Espagne, tente de redorer le blason de la monarchie des Bourbons, ternie par les frasques de son père et les affaires de sa soeur, insistant sur la transparence mais sans gestes spectaculaires.

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Felipe VI jouit d’une forte popularité chez les Espagnols, bien supérieure à celle de son père Juan Carlos. (Photos : AFP)

Le monarque de 46 ans, dont l’accession au trône a semblé précipitée par les difficultés de son père Juan Carlos, a assuré récemment qu’il voulait que les Espagnols se sentent « fiers de leur roi ».

Il partait de loin alors que Juan Carlos, 76 ans, est au plus bas en termes de popularité : en juin, il obtenait une note médiocre de 3,7 sur 10 selon le Centre d’investigations sociologiques (CIS). Lors de son intronisation, Felipe VI s’est engagé à avoir une conduite « honnête et transparente ». Depuis, il a imposé un nouveau code de conduite à la Maison royale.

Ses membres ne pourront accepter de cadeaux dont la valeur dépasserait « les usages, d’ordre social ou de courtoisie », a-t-il annoncé, précisant que les cadeaux institutionnels seraient remis au Patrimoine national. Ainsi, ils ne pourront plus recevoir de cadeaux comme le yacht Fortuna, offert par des hommes d’affaires à Juan Carlos et évalué à 18 millions d’euros.

Il a également décidé de publier ses dépenses. Son budget, de 7,77 millions d’euros en 2014, est en baisse de 2% par rapport à l’année antérieure.

> Ferraris

En revanche le patrimoine réel de la famille royale reste un mystère. Les estimations de revues spécialisées comme Forbes l’établissent autour de 1,7 milliard, mais la Maison royale assure que ce calcul inclut des biens appartenant à l’Etat espagnol.

Au rang des gestes symboliques, Felipe VI a récemment donné à l’Etat deux Ferraris offertes à Juan Carlos par un cheikh arabe. Il n’y a pas eu, cependant, de bain de foule, ni de changement radical des habitudes de la famille royale, incluant Juan Carlos et son épouse Sofia, la reine Letizia, une ex-journaliste de 41 ans, et les infantes Leonor et Sofia. Les avis sont donc partagés. Il fait le nécessaire « pour récupérer le prestige qui s’est perdu ces deux ou trois dernières années », assure à l’AFP Antonio del Moral, professeur de droit Constitutionnel et spécialiste de la monarchie. « L’empreinte du monarque n’est visible nulle part. Du blabla et des voyages mais peu de résultats », considère de son côté Jordi Matas Dalmases, professeur en Sciences politiques dans une tribune publiée par El Pais.

En 2012 la monarchie des Bourbons, régnant depuis le XVIIIème siècle, a été ternie par les frasques de Juan Carlos, monarque installé par Franco mais présenté comme le garant de la démocratie, dont l’image s’est effondrée, notamment après le scandale provoqué par sa partie de chasse aux éléphants au Bostwana en 2012, alors que les Espagnols s’enfonçaient dans la crise.

A cela s’étaient ajoutées les révélations sur les indélicatesses de l’Infante Cristina, soeur du roi, mise en cause dans une enquête sur des malversations attribuées à son mari. Felipe VI n’a plus, du moins officiellement, de relations avec sa soeur. La maison royale tenterait de la convaincre de renoncer à ses droits dynastiques, sans succès.

Felipe VI semble avoir gagné du terrain dans le coeur des Espagnols. Il a une forte popularité, 72,7%, selon un récent sondage publié par le journal conservateur La Razon, bien supérieure à celle de son père et des dirigeants politiques. « Il y a une démarche concrète pour implanter une monarchie très différente », assure Cesar de la Lama, auteur de la première biographie officielle du roi Juan Carlos. Ainsi a-t-il tenté de remplir son rôle de garant de l’unité nationale, notamment en Catalogne où près d’un tiers de la population souhaite faire secession et où il s’est rendu à trois reprises.

Il remplit aussi son rôle à l’international lors de déplacements protocolaires en tant que chef d’Etat. Cependant le débat sur le maintien en Espagne de la monarchie est encore vivant. Les partis classiques de droite et de gauche soutenant la monarchie – Parti populaire et Parti socialiste – sont d’ailleurs talonnés voire dépassés dans les sondages par le parti antilibéral Podemos, réclamant un référendum sur le sujet.

AFP

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