Une qualification du Fola ? «Ce serait fantastique, mais…»

En 2019, une équipe totalement remaniée du F91 passait les barrages. Comment ? Pourquoi ? Avec quel effet ? Charles Morren, l’un des anciens cadres de l’époque, nous répond.

Que vous reste-t-il en tête de votre épopée de 2019 ?

Que du plaisir. L’occasion de pouvoir jouer de grands clubs, dans de grands stades. À la fin, on a presque réussi à nourrir des regrets, puisque le deuxième est passé avec six points et qu’on aurait pu les faire. On n’est pas ambitieux avant un tirage de poules, mais une fois qu’on est dedans, qu’on se confronte aux autres, qu’on voit qu’on peut les battre…

Gauthier Caron nous disait, en début de semaine, que ce n’était, qui plus est, « que » la Conference League. Pas l’Europa League. Les clubs y seront moins prestigieux…

Déjà, le Fola, je leur souhaite de faire un truc. Ce serait super pour l’image du Luxembourg. Après, je lui répondrais que oui, les clubs seront peut-être moins gros au tirage, s’ils passent, mais qu’ils nous restent bien supérieurs. Après, la beauté de la chose est dans le tirage. Celui des préliminaires, jusqu’à présent, leur a été aussi favorable qu’il l’avait été pour nous en 2019. Alors pourquoi ne pas avoir l’ambition de décrocher une poule dans laquelle ils pourraient avoir envie de passer ? Car oui, il y aura une différence de niveau entre la Conference League et l’Europa League. Mais qu’ils passent, déjà.

Leur match de barrage, vous qui avez déjà vécu l’expérience, comment leur conseilleriez-vous de l’aborder ?

Comme tous les autres jusqu’à présent. Je n’ai pas vu grand-chose de leur parcours, je ne sais même pas quelle tactique ils ont employée, mais je leur conseille de ne rien changer. Parce qu’on se rend compte que tour après tour, quel que soit l’adversaire, le niveau monte de plus en plus. Le moindre espace, la moindre erreur se paient cash. Donc, surtout, un bloc très solide !

Que vous avait rapporté le fait de jouer les poules ?

L’expérience ! On apprend à chaque fois quelque chose et on l’apprend très vite parce qu’on n’a pas d’autre choix que de se mettre au niveau. La vitesse d’exécution, les duels, le placement, la gestion des temps forts et faibles… En plus, le tout sous une constante pression. On en ressort grandi !

Et on y perd quoi ? Parce que c’est une gestion à laquelle un club luxembourgeois n’est historiquement et structurellement pas préparé.

Ah, bien sûr que pour le championnat, c’est un vrai problème. On avait connu, à cause de l’Europe, un très mauvais début de championnat, parce que notre deuxième équipe, celle des non-titulaires européens, était logiquement moins forte. Non pas qu’individuellement, c’était moins costaud, au contraire. Mais ils ne jouaient presque jamais ensemble. Dans ce championnat, si on veut être dans le top 3 et être européen, on voit bien ces dernières années que le moindre point compte. La saison passée, on n’est pas champion pour deux points. Il faut être concentré tout le temps. Une qualification européenne, pour le Fola, ce serait fantastique, mais ça pompe énormément d’énergie. Nous, à Dudelange, en 2019, on avait un très grand cadre. Et le Fola de 2021 a peut-être moins de banc, lui…

Entretien avec Julien Mollereau