Pour la deuxième année consécutive, Esch accueille l’épreuve, avec dans le rôle de la cheffe de file, une Mandy Minella (34 ans) qui dispute sa dernière saison sur le circuit pro.
Dans quel état êtes-vous avant ce rendez-vous et après avoir passé un mois en Australie?
Mandy Minella : Je suis contente d’être rentrée à la maison et de me retrouver avec notre bande de filles pour ce rendez-vous. Comme l’an passé, j’ai un peu l’impression de recevoir tout le monde « à la maison ». Le CNT à Esch, c’est là où je me suis entraînée tout l’hiver. On y a sans doute encore un peu plus nos repères puisque c’est déjà là que nous avions organisé cet événement l’an passé à la même période.
Comment jugez-vous votre tournée australienne qui s’est terminée sur une élimination au 2e tour des qualifications de l’Open d’Australie, le premier Grand Chelem de la saison?
En termes de résultats, c’est moyen (NDLR : elle avait aussi été éliminée au 2e tour du 25 000 dollars disputé à Bendigo). Contre la Suédoise Johanna Larsson, à Melbourne, je n’ai pas livré un bon match. J’avais connu quelques soucis de santé dans les jours qui avait précédé (NDLR : elle avait été malade toute la nuit deux jours avant son match). Et on avait également dû aller aux urgences avec notre fille Emma peu après notre arrivée en Australie… Bref, je ne cherche pas à me trouver des excuses mais je n’ai pas abordé cet Open d’Australie comme j’avais pu le faire les saisons précédentes. Il s’est déroulé trop d’événements pour que je puisse en profiter comme c’est d’habitude le cas. Quand il se passe tant de choses, les résultats deviennent à mes yeux un peu secondaires. Et je vous avoue, honnêtement, que j’étais contente de rentrer au pays…
Cette saison, votre ultime sur le circuit pro, vous allez souvent avoir l’impression de faire les choses pour la dernière fois. C’est aussi le cas pour ce rendez-vous de Fed Cup?
Non! Ce n’est pas ma dernière apparition. Je me vois continuer au-delà de cette année 2020 dans cette compétition. Si je suis en forme et que j’ai ma place dans le groupe évidemment. Je vais arrêter le tennis professionnel mais pas le tennis tout court. Parce que j’aime ce sport, j’aime le jeu. En Australie, j’ai versé ma petite larme en partant. C’est un chapitre qui s’est refermé. Comme d’autres le seront à leur tour cette année… Mais sincèrement, je n’ai plus la force ni la motivation pour m’entraîner tous les jours. Ce n’est plus possible avec un enfant. Peut-être qu’avec une nounou à plein temps qui nous accompagnerait, les choses seraient différentes. Mais cela signifierait passer moins de temps avec ma fille et ça, je ne l’accepte pas! En Australie, j’étais à la crèche qui est organisée pour les joueurs/joueuses quand Serena (Williams) est arrivée. Sa fille était avec sa nounou. Elle lui a fait un bisou et est retournée « bosser ». De cette manière, elle peut certainement se concentrer à 100 % sur son tennis. Et à l’hôtel, elle a sans doute une chambre à part pour pouvoir se reposer suffisamment. Je comprends cette manière de faire mais, personnellement, je ne veux pas ça! Je veux que ma fille vienne vers moi lorsqu’elle se fait mal ou que quelque chose ne va pas. Pas vers une nounou. Et à partir de là, je ne peux plus pratiquer le tennis en étant concentrée à 100 % sur celui-ci. C’est un constat que j’ai tiré de ma saison 2019.
Je n’ai plus la force ni la motivation pour m’entraîner tous les jours
Vous l’avez déjà dit, votre fille, c’est votre priorité. Tout ça a forcément fortement influencé votre décision d’arrêter le circuit pro fin 2020…
Oui. En 2018, après la naissance d’Emma, j’avais une grosse motivation pour revenir. Elle était encore bébé. Même si on ne s’en rendait pas alors compte, cela rendait les choses plus faciles. Aujourd’hui, c’est une enfant. Et il y a plein de petites choses que je dois et veux faire avec elle et qui me pompent une énergie folle. Aussi génial que ce soit à vivre, cela me fait deux jobs à assurer. Et je ne peux pas les effectuer tous les deux à fond.
Pour en revenir à la Fed Cup de cette semaine à Esch, quelles sont les ambitions d’un Luxembourg qui évolue désormais dans le Groupe I de la zone Europe-Afrique, la dernière marche avant le Groupe mondial?
On n’en a pas encore parlé toutes ensemble mais, après la montée depuis le Groupe II voici un an, le maintien me semble déjà très bien. Monter serait un rêve!
Si vous remportez une des deux finales disputées samedi, vous rejouerez déjà en avril prochain…
C’est vrai. Il y aurait un match de barrage pour accéder au Groupe mondial. La seule fois où, dans mon souvenir, on a été proches d’arriver à ce niveau-là, c’était il y a très longtemps (NDLR : 2002) lors d’une rencontre face aux Pays-Bas disputée à Antalya (Turquie). Claudine (Schaul) avait remporté le premier match et Anne (Kremer), qui était alors top 30 mondial, jouait le deuxième match. Du haut de mes 16 ans de l’époque, j’étais déjà certaine que nous allions l’emporter grâce à notre Anne. Avec toute la naïveté qu’on peut avoir à cet âge-là, je ne voyais pas comment elle pouvait perdre face à Miriam Oremans, qui évoluait alors aux environs de la 100e place mondiale. Et au final, on a perdu ce simple et le double qui a suivi sur des scores très serrés… Si on était passées, on aurait affronté l’Australie en barrages…
On s’était éclatées en 2019 et on aimerait qu’il en soit encore de même cette fois
Disputer ce barrage ne paraît pas impossible cette année…
Impossible, non. Mais il faut se rendre compte que les (six) équipes qui sont présentes à Esch sont fortes et surtout homogènes. À l’image de nos deux adversaires en poule, la Suède (NDLR : match mercredi à 16 h) et la Serbie (NDLR : jeudi à la même heure). C’est d’un niveau supérieur à ce qu’on a connu la saison dernière dans le Groupe II. Voici un an, si on excepte la finale face à la Tunisie, on avait toujours affronté des joueuses moins bien classées que nous. Ici, c’est plutôt l’inverse. Et certains pays affichent beaucoup d’expérience et des joueuses spécialistes du double, ce que nous n’avons pas vraiment… Après, nous avons des atouts également dans notre manche. « Elé » (Molinaro) est capable de battre un grand nombre des filles présentes et, de mon côté, si je suis dans un bon jour, je peux toutes les vaincre.
Et vous êtes invaincues « à la maison » puisque le Luxembourg avait remporté tous ses matches en 2019 pour sa grande première à domicile en Fed Cup en 47 ans d’existence…
C’est vrai! Espérons donc que cela va continuer ainsi (elle sourit). On s’était éclatées en 2019 et on aimerait qu’il en soit encore de même cette fois.
Entretien avec notre journaliste Julien Carette