Roud Léiwen : ils reviennent avec Trump, des gourmands et… la classe

Dans une grosse semaine, les Roud Léiwen vont enfin se réunir de nouveau, pour la première fois depuis novembre 2019. Au menu, l’Azerbaïdjan et le Monténégro.

Le coronavirus a un peu eu son mot à dire dans la première liste présentée hier par Luc Holtz depuis plus de dix mois. Entre un joueur que le sélectionneur ne peut pas décemment faire venir (Chanot) et deux autres dont le plan de carrière (à l’arrêt) dépend d’opportunités qui dépendent aussi de l’épidémie (Philipps et M. Martins), il y avait des places à prendre. D’autant que Da Mota est au placard au RFCU et Joachim désormais à la retraite. Alors, les nouvelles? Outre les retours de Curci et Olesen, la grosse surprise (mais en est-ce vraiment une?) s’appelle Edvin Muratovic. On fait le point.

L’absence de Chanot, c’est la faute de Trump ?

Pour Luc Holtz, c’est une quasi-évidence, la FIFA a voulu jouer les gros bras en voyant que l’UEFA était la seule des confédérations à pouvoir jouer une de ses compétitions. En allégeant les réglementations, elle a semé le doute dans les esprits des clubs (qui n’en demandaient pas tant) sur la «libérabilité» de leurs joueurs, ne serait-ce que par rapport aux normes sanitaires et règles de quarantaines éventuelles. Résultat : Luc Holtz a passé la journée de mardi à échanger des coups de téléphone et des mails avec les Young Boys Berne pour les convaincre que non, Christopher Martins ne risque pas de rester quinze jours à la maison à son retour de sélection.
«L’UEFA a trouvé un accord pour les joueurs avec les gouvernements de toute l’Europe», indique le sélectionneur. Voilà aussi pourquoi il peut compter sur Danel Sinani, malgré le durcissement des règles imposées par Londres aux gens désireux de rentrer sur son territoire? Oui. Mais pas que puisque l’attaquant, actuellement en stage en Allemagne avec son nouveau club de Norwich, viendra directement au pays sans retourner au Royaume-Uni.
C’était toutefois peine perdue pour Maxime Chanot. Holtz ne pouvait pas garantir à son défenseur central que l’administration Trump ne le forcerait pas, lui, à respecter une longue quarantaine à son retour d’Europe. Il l’a donc laissé à disposition de New York City pour tout l’automne : «Si à chaque fois qu’il vient dix jours ici, il passe ensuite 15 jours en quarantaine, vu que nous avons trois stages d’ici la fin de l’année, il n’aurait plus du tout joué avec son club. Mais bon, tout ça tourne au ridicule. Il devient difficile de se concentrer sur autre chose que l’organisation.»

Martins et Philipps sont-ils trop gourmands au goût du sélectionneur ?

Le sélectionneur avait déjà prévenu, dans ces colonnes, il y a quelques semaines. Il ne se voit pas sélectionner le moindre joueur qui n’a pas repris une activité à peu près normale avec son club, ou même tout simplement avec UN club. Pas après six mois sans matches.
Ces derniers jours, l’entourage de Marvin Martins a fait état de discussions avancées avec un club ukrainien et des clubs de D2 italienne, mais c’est actuellement… au Portugal que se trouve l’arrière latéral.
Chris Philipps, quant à lui, n’a jamais repris l’entraînement collectif avec Lommel, en D2 belge, alors que le championnat a pourtant recommencé, évoquant des «détails» à régler.
Ces deux recherches de clubs auraient pu juste décourager Holtz de prendre les garçons (ce qu’il a fait), mais cela l’a aussi un peu irrité : «Cela fait un mois que les deux joueurs me passent ce message des « détails à voir ». Mais il y a un moment où il faut faire un choix parce que peut-être que le train ne repassera pas. Est-ce opportun de réfléchir comme ça dans la situation actuelle? Ils attendent des propositions qui n’arriveront peut-être jamais alors qu’ils en ont des concrètes sur la table. Mon message, c’est qu’ils doivent vite retrouver la compétition.» Un message à prendre très au sérieux car retrouver un groupe quand on n’a plus joué au football depuis six mois n’est déjà pas évident, mais si la situation s’éternise…

Le chantier de l’attaque est-il monumental ?

Incontestablement, oui. Da Mota mis à pied au RFCU, Joachim en retraite, Turpel blessé… Le sélectionneur s’est déjà réjoui de la bonne nouvelle que son staff médical lui a adressée : Bensi, sorti du derby eschois en se tenant derrière la cuisse gauche, devrait être apte au service.
Pour le reste, il a fallu lancer une grande opération de reconstruction d’un secteur en acceptant une large part d’inconnu. Alessio Curci a connu une saison compliquée avec les U19 de Mayence? Edvin Muratovic est en train de se chercher un rôle de patron potentiel du côté du F91? Il faut s’en accommoder puisque l’un possède ce profil de joueur de profondeur et l’autre celui de point d’appui qui manquent tant en cette fin d’été. «On n’a pas 360 solutions non plus», admet le sélectionneur, conscient depuis des lustres que l’école de foot de Mondercange peine à pondre le type de joueurs qu’il réclame. «Ces garçons» qu’il a du mal à cerner (Olesen y compris), il veut «les voir». Il n’y a donc pas encore de garantie de performance immédiate, loin de là.

Holtz a-t-il d’un coup des joueurs de classe mondiale ?

Globalement, le sélectionneur, qui n’a plus vu ses joueurs depuis plus de dix mois, est au moins très satisfait de leur mercato. Selimovic à l’OFI, Mahmutovic à Lviv, Hall à Gil Vicente, Sinani à Norwich, Moris à l’Union Saint-Gilloise… sont autant de marches franchies vers plus de hauteur «du moment qu’ils ont tous du temps de jeu».
Mais il ne peut pas faire comme si trois garçons au moins n’avaient pas franchi, ces dernières semaines, un cap monumental. «Leo (Barreiro) à Mayence est sur une très bonne dynamique, mais Kiki aussi à Berne. Il commence à être décisif et c’est ce qu’il n’avait pas avant.» Mais il y en a un qui, actuellement, électrise tout le monde, c’est Gerson Rodrigues, auteur d’un but phénoménal avec le Dynamo Kiev en supercoupe d’Ukraine (un sublime lob en pleine course). «Il n’y a pas que ça, recadre Holtz. Oui, son but est vraiment lumineux. Mais il sort aussi une très grosse performance défensive et il prépare le premier but. Là, actuellement, Gerson, c’est du très, très haut niveau.» Placé à droite par Lucescu, il devrait toutefois rester à gauche chez les Roud Léiwen. Mais avec ce message, qui sera aussi susurré à Léo et Kiki : «Ces trois-là doivent porter l’équipe!»

Julien Mollereau