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Pascal Wagner : «Jouer à 15, qu’ils le fassent chez les enfants, mais pas en BGL Ligue !»


«Pour nous, c'est clair : on ne jouera pas à 15 ! Ce n'est pas négociable», assure Pascal Wagner. (Photo : Luis Mangorrinha)

Le Pétangeois Pascal Wagner, président de la Ligue de football luxembourgeois (LFL), nous a accordé une longue interview dans laquelle il met la fédération en garde : les clubs de BGL Ligue ne veulent pas d’une saison à 15 clubs en 2021/2022 et sont prêts à aller au clash. C’est-à-dire refuser de jouer quand la saison prochaine est censée reprendre.

La Ligue s’est fendue dimanche soir d’un long communiqué extrêmement revendicateur qui tranche avec son fatalisme habituel. L’instance représentative de l’ensemble des clubs de l’élite, qui acte généralement ses désaccords avec la fédération en reconnaissant qu’elle n’a pas de levier pour infléchir les décisions prises à Mondercange, semble cette fois avoir très mal pris qu’on la mette au pied du mur avec les décisions successives prises par le conseil d’administration pour réagencer la BGL Ligue, en ayant notamment recours à deux saisons de transition.

Le plus gros souci, pour la LFL, c’est cette deuxième année à 15 clubs, qui porte en germe une multitude d’entorses potentielles au fair-play. Elle fait donc ses contre-propositions (lire ci-contre), qu’elle va vendre dès ce mardi, au cours d’une réunion en soirée avec Paul Philipp et son conseil d’administration.

Échaudée d’avoir appris à la veille d’un rendez-vous à Mondercange, le mode opératoire retenu par la fédération sans concertation préalable, dit-elle, la Ligue rend la pareille aux instances fédérales. Elle annonce dans cette interview, par la voix de son président, qu’elle va mettre ce mardi la pression lors de son entrevue avec Paul Philipp. Elle est prête à boycotter le championnat si elle n’est pas entendue.

Au centre de votre communiqué de dimanche, il y a le sportif bien évidemment et tout votre argumentaire contre l’idée d’une DN à 15 clubs en 2021/2022, mais aussi, on ne peut pas le nier, une blessure d’orgueil à l’idée de constater, comme vous le soutenez depuis des années, que vous n’êtes pas consultés pour les décisions importantes concernant les clubs de l’élite.
Pascal Wagner : Surtout que nous avons laissé du temps au président avant de balancer ce communiqué. J’ai personnellement téléphoné à Joël Wolff (NDLR : le secrétaire général de la FLF) pour le prévenir. Il m’a dit qu’il allait en avertir Paul Philipp. Il ne nous a jamais rappelés.

On n’a toujours pas vraiment compris à quel point vos relations de travail sont constructives ou pas, après toutes ces années de fréquentation.
Ce mardi, nous avons une autre réunion à la fédération pour d’autres petites choses, mais on n’a pas du tout l’intention de se laisser faire. Cette décision de jouer à 15 en 2021/2022 est tellement amateur alors que les enjeux sportifs sont si importants… Selon cette formule, il y aurait donc des équipes exemptes de semaine anglaise, des cartons qui seraient purgés en équipe réserve bien plus fréquemment, et après les trêves internationales, certaines équipes se retrouveraient sans jouer pendant trois semaines… Jouer à 15, qu’ils le fassent chez les enfants, mais pas en BGL Ligue ! Il ne faut pas déconner ! Leur deuxième décision est bien pire que la première (NDLR : initialement, la FLF voulait une seule année de transition avec quatre descendants directs et un barragiste, avant d’étaler les descentes pour en revenir à 14 équipes en deux saisons). Mais en plus, on nous dit concrètement « on n’en a rien à foutre de vous ».

Je ne veux pas anticiper sur la décision la plus extrême, mais oui, on risque bien de refuser de jouer

On a du mal à croire que vous n’ayez pas échangé avec la FLF sur le sujet ou qu’aucune justification n’ait été donnée.
L’argument, c’est : ça a déjà existé en Division 3 française, à une époque, de jouer un championnat avec un nombre impair. Nous, on dit que c’est une irrégularité. Mais je pense encore que le bon sens peut l’emporter. Parce que ce président que nous avons n’est pas un bureaucrate. C’est un ancien joueur professionnel, un ancien sélectionneur national. Il sait que le sportif doit prévaloir. Paul Philipp nous arrangera ça. Sinon, on peut envisager de ne pas jouer.

Vous boycotteriez la reprise du championnat ?
Nous sommes tellement stupéfaits et déçus par une telle décision que je peux vous dire une chose en tout cas : la discussion ne sera pas longue. Et le silence n’arrangera pas les choses non plus. Ils ont déjà communiqué une fois en disant qu’on ne changerait plus et au final, ils ont communiqué une deuxième fois pour proposer une deuxième version catastrophique. La première version, on respectait. Mais revenir en arrière pour offrir quelque chose de bien pire ne nous fait penser qu’à une chose à la LFL : ils peuvent donc tout à faire rechanger d’avis une autre fois. Nous par contre, on ne changera pas d’avis : on ne peut pas jouer dans ces conditions ! Ce n’est pas viable. La FLF nous dit souvent que ce n’est pas négociable, eh bien là non plus, ça ne l’est pas. Nous, on ne jouera pas à 15. Et pour nous, c’est clair. Je ne veux pas anticiper sur la décision la plus extrême, mais oui, on risque bien de refuser de jouer.

Entretien avec Julien Mollereau

Les exigences de la Ligue

Outre sa volonté de voir les clubs de DN exemptés de deux tours de Coupe pour libérer des dates et de voir la FLF prendre en charge les frais d’arbitrage pour une saison afin d’aider financièrement les clubs, la Ligue veut voir conserver le système à deux saisons de transition mais ne rien changer au système des montées-descentes à ce qui se fait d’habitude (deux relégués et un barragiste) la première année, avant de passer, en 2021/2022, à trois relégations et un barragiste et de ne donner droit qu’à une montée et un barragiste en PH, et ce, afin d’instaurer une relative sécurité financière la première année aux clubs de l’élite et surtout de ne pas fausser le championnat lors de la seconde par un système déséquilibré à 15 clubs. La FLF est-elle prête à s’y plier ou va-t-on au bras de fer ?

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